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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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efforts pour cacher son émotion.
    – Soyez heureuse, petite sœur ! dit-il doucement.
    Puis ce fut le tour de Machiavel. Et il y eut parmi ces personnages rassemblés sous le beau ciel étoilé, dans la nuit qu’embaumaient les lavandes de la montagne, une minute de bonheur complet comme il y en a si peu, hélas, dans la vie des hommes !
    Lorsque Rosita et Raphaël remontèrent dans la voiture, ils poussèrent un cri : la Maga avait disparu !
    – Hélas ! murmura Sanzio, sa résolution a été inébranlable. Les larmes de Rosita elles-mêmes n’ont pu la retenir… Déjà, à Rome, nous avions vainement essayé de l’entraîner avec nous… Pauvre mère Rosa !…
    Rosita pleurait silencieusement.
    – Allons ! fit Machiavel, il faut partir !…
    – Partons ! répondit Sanzio avec un soupir.
    La voiture s’ébranla de nouveau. Alors, la Maga sortit du fourré où elle s’était glissée. Ses yeux demeurèrent fixés sur la voiture qui s’éloignait. Et de ces yeux coulaient deux grosses larmes…
    Enfin, elle se retourna et se mit à marcher d’un bon pas dans la direction de Tivoli… Et, cette fois, ce n’était plus une émotion attendrie qui brillait dans son regard flamboyant d’une farouche et indomptable volonté…
     
    Au point du jour, la voiture ayant fait un immense détour, rejoignit la route de Florence. Ragastens fit alors signe à Machiavel d’arrêter.
    – Mes amis, dit-il, nous allons nous séparer. La route est libre… Vous, piquez droit sur Florence ; moi, j’ai encore quelque chose à faire dans ce pays…
    – Nous séparer ? s’écrièrent Machiavel et Sanzio.
    Et ils entreprirent de dissuader le chevalier. Mais leurs prières, leurs raisonnements, les instances de Rosita, tout vint se briser contre la résolution de Ragastens.
    Force fut à Sanzio et à Machiavel de se résigner. Ce fut avec une violente émotion qu’ils se firent leurs adieux. Il y eut force promesses cent fois répétées. Et les fugitifs ne se décidèrent tout à fait que lorsque Ragastens eut juré de pousser jusqu’à Florence avant peu.
    La voiture, conduite par Machiavel, se remit en route. Rosita et Raphaël, penchés à la portière, échangèrent encore des signaux d’affection avec le chevalier, demeuré au milieu du chemin… Puis, soudain, il y eut un coude de la route. Ragastens, subitement, se vit seul.
    Alors, il se tourna vers Spadacape.
    – Spadacape, lui dit-il, je ne veux pas te prendre en traître. Je te préviens que la campagne que je vais commencer sera fertile en mauvais coups à recevoir…
    – Avec vous, monsieur le chevalier, je ne crains rien… Mais, monsieur, vous allez donc vous battre ?…
    – Oui, Spadacape. Ça te va ?
    – Ça me va, monsieur. Seulement, voulez-vous me permettre une question ?…
    – Je te permets la question…
    – Jusqu’ici, vous n’avez fait que vous batailler contre une foule de gens, contre des sbires, contre des seigneurs puissants comme César, contre des papes même !… Contre qui, cette fois, allez-vous donc vous battre ?
    – Contre une armée ! répondit simplement Ragastens.

XXXVIII – UNE TONNELLE PRÈS D’UNE FENÊTRE
 
    Pendant quelques jours, Ragastens, l’esprit désemparé, erra dans les montagnes, irrésolu, flottant d’une pensée à l’autre, tantôt projetant de retourner en France, tantôt voulant courir à Florence…
    Cependant, si capricieux que fussent les méandres de sa course vagabonde, la fatalité voulut qu’il se rapprochât de plus en plus de la ville de Monteforte.
    Quoi qu’il en fût, il arriva que, le cinquième soir de son voyage, Ragastens s’aperçut tout à coup qu’il n’était plus qu’à deux journées de marche de Monteforte.
    Au moment où le chevalier fit cette découverte qui devait avoir sur sa destinée une influence décisive, il se trouvait dans l’unique et pauvre auberge d’un misérable village où il était arrivé deux heures auparavant. Il était assis devant une bouteille de vin gris, qui rafraîchissait dans le seau d’eau glacée qu’on venait de tirer d’un puits.
    Or, ce tête-à-tête de Ragastens et d’un flacon de vin gris avait lieu sous une tonnelle épaisse, laquelle, située dans un jardin, s’adossait presque à l’auberge, de façon qu’entre elle et le mur de ladite auberge, il y avait juste un étroit passage.
    Le mur en question était percé d’une fenêtre de rez-de-chaussée. Cette fenêtre donnait sur une petite

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