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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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plusieurs chefs.
    Béatrix étendit la main, et tel était son ascendant sur tous ces seigneurs, rudes hommes de guerre, que son geste suffit à ramener le silence.
    – Ceux qui ont peur peuvent se retirer. Quant aux autres, ils resteront, et si peu qu’il en reste, j’ai bon espoir de défendre une fois encore ma ville contre Borgia… Huissiers, ouvrez la grande porte !…
    Nul ne sortit… Béatrix promena sur l’assemblée son fier regard.
    – Maintenant, s’écria-t-elle, je puis dire que Monteforte sera sauvée et que peut-être l’Italie sera arrachée au despotisme… Seigneurs, merci !… Mon cœur se repose en vous…
    Tous ces hommes écoutèrent ces paroles qui suscitaient en eux des idées de dévouement absolu. Certes, il n’y en avait pas un qui ne fût mort avec bonheur sous le sourire de Primevère. Ces sentiments se traduisirent par une longue acclamation.
    C’en était fait, Béatrix comprit qu’elle était l’arbitre souveraine et incontestée des décisions qui allaient être prises. Elle prit place au trône comtal, comme si, désormais, elle eût été le chef réel, en l’absence du comte Alma. À ce moment, un jeune homme de fière mine se leva et, d’une voix forte, prononça ces paroles :
    – Moi Jean Malatesta, fils de Guido Malatesta, tué dans Rimini en défendant ses droits, ses prérogatives et sa liberté, je déclare que l’Italie souffre un honteux asservissement et que nous devons reprendre aux Borgia ce qu’ils nous ont volé. Après Monteforte sauvée, reprenons Rimini ; après Rimini, reprenons Imola, Bologne, Piombino, les villes d’Urbin, et Pesaro, et Faënza, et Comerino. Êtes-vous d’avis que la ligue sacrée, dès aujourd’hui constituée, poursuive ce but grandiose ? Et qu’après avoir repoussé César de Monteforte, nous entreprenions la délivrance de l’Italie ?
    Il n’y eut qu’un cri, une clameur fiévreuse d’enthousiasme…
    – Or donc, reprit Jean Malatesta, nous avions un chef suprême : le comte Alma. Il avait accepté de diriger nos forces coalisées… Le comte Alma disparaît. Qu’est-il devenu ?… Il faut que nous le sachions… Et ce qu’il est devenu, je crois le savoir, moi !…
    Primevère eut un geste d’anxiété. Le silence était redevenu solennel.
    – Deux hommes, deux pèlerins, sont entrés dans Monteforte, il y a quelques jours. Nul ne fit attention à eux. À diverses reprises, j’ai vu le comte Alma causer avec deux pèlerins dans les profondeurs du Jardin du palais comtal… Et hier, j’ai pu m’approcher assez, sinon pour entendre ce qu’ils disaient, du moins pour apercevoir un instant la figure de l’un d’eux, malgré le soin avec lequel il se cachait sous son capuchon…
    L’assemblée écoutait avec une attention profonde. Jean Malatesta continua :
    – J’ai vu, seigneurs, j’ai vu l’homme et je l’ai reconnu. Savez-vous qui était ce pèlerin ? Savez-vous avec qui le comte Alma a eu des entretiens secrets, entretiens au sujet desquels je me proposais de lui demander des explications publiques, ce soir, devant vous tous ?… Eh bien, c’était l’âme damnée de César Borgia, un des espions les plus actifs d’Alexandre VI, un moine qui se fait appeler dom Garconio…
    – Dom Garconio !… murmura Primevère en pâlissant.
    Aux derniers mots de Jean Malatesta, une vraie tempête s’éleva dans l’assemblée et les cris de : « Trahison ! » se firent entendre à nouveau. Malatesta étendit la main comme pour dominer le tumulte. Le silence se rétablit.
    – Il n’est que trop facile de saisir la vérité, poursuivit alors le jeune homme. Ces deux pèlerins, émissaires du pape et de César, sont venus traiter avec le comte Alma de sa défection à notre cause… Si le comte n’est plus à Monteforte, c’est qu’il a trahi… Le comte a accepté les propositions d’Alexandre VI… Le comte Alma s’est vendu… Si nous ne faisons un exemple terrible, il faut tout craindre de la diplomatie du pape, plus encore que des armes de son fils…
    – C’est la vérité même ! crièrent plusieurs voix.
    – Il faut frapper le comte !
    – Il faut que l’exemple soit retentissant !
    – Seigneurs, reprit Jean Malatesta, je propose que le comte Alma, traître et félon, soit publiquement déclaré tel, qu’il soit déchu de son titre et de ses biens, et qu’il soit ordonné de lui courir sus dès qu’on le trouvera…
    – Seigneurs !… chers

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