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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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chevalier, criez ! Ce sera beau !
    – Ici, madame, vous êtes aussi en sûreté qu’au Palais-Riant, répondit Ragastens avec dignité. Mais, puisque vous voilà, je ne suppose pas que vous soyez venue uniquement pour m’insulter ?
    – Je ne suis pas venue vous insulter, chevalier. Je sais ce qu’il en coûte. J’ai voulu vous féliciter, moi aussi. N’est-ce pas naturel ?…
    – Madame, je vous en supplie, cessez ce badinage…
    – Ah ! s’écria Lucrèce, vous croyez que je badine ?… Vous vous trompez, chevalier… Oui, cela vous paraît prodigieux que je vienne vous féliciter d’avoir blessé mon frère ! Connaissez Lucrèce tout entière : mes félicitations eussent été plus ardentes encore si vous l’aviez tué !…
    – Madame…
    – Ce que je suis venue faire ici !… Je suis venue vous répéter ce que je vous ai dit au Palais-Riant… Vous le répéter pour la dernière fois… Ragastens, j’ai reconnu en vous l’homme qui pouvait être mon maître, alors que moi, je puis et veux être la maîtresse de l’Italie… Lucrèce Borgia sera reine. Voulez-vous être roi ?… Voulez-vous régner à la fois sur Lucrèce et sur l’Italie ?… Je viens m’offrir à vous… J’ai tout préparé, vous dis-je ! Les principaux chefs de l’armée de César sont à moi. Dites un mot, et ce que vous avez commencé sera achevé. César mort, vous prenez le commandement de l’armée. Vous renversez Monteforte. Alors, Ragastens, nous marchons sur Rome. Le pape, sous ma pression, vous couronne. Je sais le moyen de le faire obéir… Et à nous deux, Ragastens, nous sommes la grandeur, la force et la beauté… Voilà ce que je suis venue vous offrir… Acceptez-vous ?…
    – Non ! Je crois, madame, que nous ne nous entendrons jamais. J’admire comme il convient, croyez-le, votre force d’âme et les rêves où se hausse votre ambition…
    – Alors !… Qui vous arrête ? fit Lucrèce.
    Mais le chevalier était trop fier pour surexciter la redoutable criminelle qui était devant lui.
    – Ce qui m’arrête, dit-il avec la même douceur, c’est que je me sens incapable, justement, de ces hautes destinées. Croyez-moi, madame, si quelqu’un au monde peut vous aider à l’accomplissement de vos rêves, ce quelqu’un n’est pas ici !
    – Vous oubliez, chevalier, de mentionner deux obstacles sérieux à votre adhésion…
    – Lesquels ? fit Ragastens qui vit venir l’orage.
    – Le premier, c’est que vous ne m’aimez pas !… C’est que je vous fais horreur ! Le deuxième, l’obstacle plus sérieux, le seul véritable en réalité, c’est que vous aimez la fille du comte Alma !
    – Madame, vous me voyez désespéré d’avoir à me dérober…
    – Ma vengeance, cette fois, sera d’autant plus complète que vous êtes deux à m’en répondre.
    D’un bond, Ragastens se rapprocha d’elle. Il la saisit par un bras.
    – Écoutez, dit-il d’une voix basse, presque inarticulée. Contre moi, tentez ce que vous voudrez ! Mais contre elle ! Ah ! à mon tour de vous prévenir : quoi que vous fassiez… si vous la frappez, si un malheur lui arrive, vous êtes une femme morte… Nous n’avons plus rien à nous dire…
    – Je m’en vais ! dit Lucrèce avec un étrange sourire. Je quitte cette ville… Soyez tranquille, monsieur… c’est vous que je veux frapper, et cela ne tardera pas !
    Cela dit, Lucrèce Borgia remit rapidement son masque. Quelques secondes plus tard, Ragastens, seul, eût pu croire qu’il avait rêvé, si Spadacape, apparaissant, ne lui eût confirmé la réalité de cette visite.
    – Monsieur, lui dit-il, la dame qui sort d’ici est généreuse !… Voyez.
    Et Spadacape ouvrit sa main pleine de ducats.

L – LA VENGEANCE DE LUCRÈCE
 
    Dans la matinée du lendemain, Ragastens fut appelé chez le prince Manfredi. Le prince avait son appartement au palais Alma. Dès qu’il fut arrivé, Ragastens fut introduit. Le comte Alma était avec Manfredi.
    – Approchez, monsieur, dit celui-ci, approchez, qu’on vous félicite un peu mieux qu’on n’a pu le faire hier…
    – Vous nous avez sauvés, ajouta le comte Alma.
    – Altesse… prince, dit Ragastens, j’ai simplement combattu en soldat…
    – Non pas, fit vivement Manfredi. Vous seul avez vu le point faible. Et votre attaque a dignement terminé cette journée… Sans vous, l’armée de César serait ce matin aux portes de la ville…
    Ragastens

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