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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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s’inclina.
    – Nous avons pensé, reprit alors le comte Alma, à vous offrir une récompense digne de l’action d’éclat que vous avez accomplie.
    Ragastens ferma les yeux un instant et songea que la récompense suprême, c’était d’avoir été vu par Primevère sur le champ de bataille. Puis il se redressa.
    – Monseigneur, dit-il, vos paroles sont une récompense suffisante…
    Mais le prince Manfredi avait fait un geste. Un valet ouvrit une grande porte à deux battants. Une trentaine de seigneurs, chefs de l’armée alliée, entrèrent alors et se rangèrent en silence derrière le comte Alma et le prince Manfredi. Ragastens regarda avec étonnement ces préparatifs. Tout à coup, le prince Manfredi fit deux pas vers lui. Et il retira un magnifique collier qu’il portait, composé d’une série de médailles d’or réunies entre elles par de légères chaînettes incrustées de brillants, terminé par une sorte de rosace faite de rubis. C’était l’insigne de l’Ordre des Preux, distinction suprême établie depuis des siècles par les premiers Alma.
    Le nombre des chevaliers de l’Ordre des Preux ne devait jamais dépasser soixante. Quelques princes, les doges de Venise, le duc de Ferrare entre autres, s’enorgueillissaient de porter aux grandes cérémonies la rosace de rubis. Dans le comté, seuls le prince Manfredi, le comte Alma avaient cette décoration.
    Le prince Manfredi, ayant retiré le collier qu’il portait autour du cou, le présenta à Ragastens.
    – À genoux, lui dit-il gravement.
    – Prince, fit Ragastens en pâlissant, une pareille distinction… à moi !…
    – À genoux, répéta doucement Manfredi.
    Alors, Ragastens obéit. Il plia le genou. Le prince Manfredi se pencha vers lui et lui passa le collier autour du cou. Puis, tirant son épée, il le toucha du plat sur l’épaule droite, en disant :
    – Sois brave. Sois fidèle. Sois pur. Dans tes pensées et dans tes actes, sois digne de l’Ordre des Preux, dont tu es chevalier à dater de ce jour.
    Des applaudissements éclatèrent. Ragastens s’étant relevé, reçut l’accolade du prince Manfredi et du comte Alma et les félicitations de tous les seigneurs présents. La chose qui lui fut plus douce peut-être que la décoration elle-même fut de constater, dans tous les yeux qui se fixaient sur lui, que pas un éclair de jalousie ne troubla l’harmonie de la cordialité qui l’entourait.
     
    Le soir de ce jour, comme la nuit était venue, le prince Manfredi se promenait dans le grand parc solitaire et silencieux, escortant la princesse Béatrix. Fidèle à l’engagement qu’il avait pris, le prince ne disait pas un mot qui pût rappeler à Béatrix qu’il était son mari.
    – Ne rentrez-vous pas, mon enfant ? demanda-t-il.
    – Pas encore, prince, répondit-elle. Vous le savez, c’est chez moi un caprice invétéré que de rêver seule, le soir, dans ce parc…
    – Si vous m’en croyez, vous rentrerez… Vos esprits sont agités par les graves événements que nous traversons, et vous avez besoin de repos…
    – Non, prince, dit-elle. J’éprouve, au contraire, un réel soulagement à me promener dans ces parages que ma mère aimait, à essayer de la retrouver… Il me semble que je vais la rencontrer au détour de cette allée…
    À ce moment précis, au détour même de l’allée que Primevère désignait du doigt, une ombre se montra une seconde, puis disparut aussitôt. Ni Primevère, ni le prince ne virent cette ombre.
    – Mais vous ! reprit vivement la jeune princesse, vous surtout avez besoin de repos…
    Le prince soupira. Il comprit que Primevère cherchait la solitude.
    – Je vous laisse donc, dit-il sans tristesse apparente.
    Primevère tendit son front. Le vieillard y déposa un baiser paternel, puis se retira avec un soupir que Béatrix n’entendit pas.
    Le prince Manfredi, la tête penchée, se dirigea lentement vers le palais, en passant par les allées qu’il venait de suivre avec Béatrix. Tout à coup, une voix murmura à son oreille, railleusement :
    – Bonjour, prince Manfredi !
    Et, d’un fourré, il vit sortir une femme masquée.
    – Qui êtes-vous ? fit le prince. Que faites-vous ici à pareille heure ?
    – Je vous cherchais, prince… Qu’importe qui je suis ? Vous ne voyez pas mon visage, mais vous allez connaître ma pensée.
    L’ombre éclata de rire. Le prince Manfredi avait pâli. Le persiflage de la femme masquée lui semblait cacher

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