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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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moment Spadacape qui, sautant de son cheval, se mit à ramasser une dizaine de ducats d’or tombés de l’arbre.
    Ragastens, stupéfait, jeta les yeux autour de lui et se demanda s’il n’avait pas découvert un trésor, lorsque son regard tomba enfin sur sa propre ceinture.
    Une pointe de branche, en s’accrochant à cette ceinture, l’avait un peu déchirée. Et c’est de cette déchirure que tombait la pluie miraculeuse de ducats. Ragastens poussa un grand éclat de rire sonore.
    – La ceinture de César Borgia ! s’exclama-t-il…
    Il descendit rapidement, défit et ouvrit la ceinture : elle était pleine d’or ! César Borgia, qui avait toujours quelque coup de stylet à récompenser ou quelque bandit à encourager, ne sortait jamais sans avoir sur lui une forte somme. Selon l’usage, il plaçait cet argent dans des pochettes aménagées le long de la ceinture qui soutenait son épée.
    Or, on se rappelle que Ragastens avait agrafé autour de ses reins la ceinture de César, pour avoir son épée. Il s’assit et se mit à compter ce petit trésor. Il y avait plus de cent ducats d’or, sans compter une forte poignée de pistoles et enfin quelques écus : la fortune !…
    – Mordieu ! fit-il joyeusement, monseigneur César fait bien les choses quand il s’y met… Merci, César !… Or çà, reprit-il, ces figues ne sont pas mangeables – maintenant surtout. Connais-tu une auberge, où l’on puisse déjeuner en paix, et en toute sécurité ?
    – Sur la route de Florence, monsieur le chevalier, à une heure d’ici, à peine, il n’y a que l’auberge de la Fourche, où vous serez aussi en sûreté qu’à deux cents lieues de Rome et des Borgia. Je connais le patron. C’est un de nos amis. Il nous aidait par pure complaisance et nous gardait dans ses caves certaines marchandises encombrantes jusqu’à ce que nous puissions les écouler honnêtement et cela, contre une part de prise.
    – Oui, un honnête receleur… Mais je n’ai pas le choix… Va, pour l’auberge de la Fourche. D’autant qu’elle ne m’est pas tout à fait inconnue.
    Ragastens eut un sourire en songeant à sa première rencontre avec César Borgia et à son duel avec le terrible Astorre, qu’il avait si bien mis à la mode des pourpoints tailladés.
    Il était près d’une heure lorsqu’ils atteignirent la Fourche, sur la route de Florence, après un bon temps de trot. Pendant que Spadacappa conduisit les chevaux à l’écurie, Ragastens pénétra dans une salle basse où des draps mouillés suspendus devant la fenêtre entretenaient une fraîcheur suffisante. Il mourait de faim.
    Son premier soin fut donc de commander un déjeuner substantiel à la servante qui vint s’enquérir de ce qu’il souhaitait. Mais comme déjà la fille dressait la table, le patron de l’auberge entra et, saluant Ragastens, il lui dit à voix basse :
    – Monsieur est des nôtres, à ce que me dit son domestique ?…
    – Des vôtres ?…
    – Oui, reprit l’hôte en clignant des yeux. Que monsieur ne craigne rien… Si monsieur veut me suivre, je vais le mener dans un endroit où il sera en parfaite sûreté, et j’aurai moi-même l’honneur de servir monsieur…
    – L’aventure est excellente, se dit Ragastens en riant. Me voilà admis parmi messieurs les truands de Rome…
    Il suivit l’aubergiste. Celui-ci le conduisit dans une pièce du premier étage, à laquelle on montait par un étroit escalier dont l’entrée, située dans une petite cour, était masquée par une futaille.
    – Nul ne songera à venir ici demander monsieur, dit-il. Monsieur peut y rester plusieurs jours sans danger.
    – Merci, mon brave. Donnez-moi à déjeuner, pour commencer.
    La chambre était petite, mais confortablement aménagée en vue d’un séjour assez long. Il y avait un lit, un canapé, un fauteuil, une table, plusieurs flambeaux de cire, et même des livres pour se distraire. Une petite fenêtre aux jalousies closes donnait sur la route. En cas d’extrême alerte, on pouvait filer par là.
    L’aubergiste de la Fourche reparut bientôt avec un panier de victuailles auxquelles il fit largement honneur.
    – Et Spadacappa ? demanda-t-il en dévorant à belles dents un succulent pâté d’anguilles.
    – Le domestique de monsieur déjeune à la cuisine.
    – Qu’il vienne me trouver dès qu’il aura fini.
    Sans perdre un coup de dents Ragastens songeait.
    « Chose étonnante, pensait-il. J’ai coudoyé les

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