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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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plutôt que le nom – joignit les mains et s’écria, avec une comique angoisse :
    – Monsieur le chevalier me chasse ! Saints du paradis, que vais-je devenir ?…
    – Bah ! fit en riant Ragastens, les saints que tu invoques sont assez bons diables pour t’indiquer quelque bon bourgeois à voler…
    – Monsieur le chevalier, écoutez-moi, je vous en supplie. L’existence qui fut mienne jusqu’ici me révolte. Oh ! Vivre en paix, sans songer à mal, que ça doit être bon ! Pouvoir dormir sans se réveiller, hagard, les cheveux hérissés de terreur ! Pouvoir se dire que les gens qui passent vous regardent sans dégoût !… J’ai rêvé tout cela, monsieur le chevalier…
    – Ah çà ! tu me choisis pour t’enseigner la vertu, c’est fort bien… Mais pourquoi moi ?
    – J’ai pensé à vous, monsieur, parce que je n’ai pas vu seulement que vous étiez fort comme Hercule, brave comme Achille… mais aussi parce que, dans vos yeux, j’ai lu la bonté de votre cœur…
    – Pauvre diable ! murmura Ragastens.
    – Je vous le jure, monsieur, j’en avais assez ! Et ce Garconio, ce moine qui se glissait parmi nous pour nous indiquer des victimes, j’avais fini par le prendre en horreur !… Aussi, monsieur, lorsqu’on a su votre arrestation, lorsque les tablettes ont été clouées à la porte de toutes les églises pour annoncer que vous auriez les poignets et le cou tranchés, j’ai pleuré… oui, moi, Spadacappa, truand sans foi ni loi, j’ai pleuré…
    – Hum ! C’est bien gentil de ta part… mais enfin, ce n’est pas une raison…
    – Alors, interrompit impétueusement Spadacape, alors, monsieur le chevalier, j’ai voulu vous sauver ! J’ai demandé à mes camarades de m’aider… Les lâches ont refusé… Alors, j’ai pris la résolution de quitter Rome, d’aller à Naples, faire le lazzarone, plutôt que de continuer cet abominable métier… Je me procurai un cheval…
    – Tu te le procuras ?…
    – C’est mon dernier méfait… il le fallait bien ! Je vis ce cheval, à la brune, attaché à la porte d’une hôtellerie… Je le détachai… voilà tout… D’ailleurs, le lien était si lâche… ce cheval ne demandait qu’à s’en aller.
    – Oui, tu n’eus qu’à lui faire signe, n’est-ce pas ?
    – Ce matin, continua Spadacape feignant de ne pas avoir entendu, ce matin, je me dirigeais tranquillement vers la porte de Naples… Tout à coup, je vous aperçus… Jugez de ma surprise et de ma joie… J’allais vous aborder. Mais voilà le tocsin qui sonne. Vous vous envolez… je cours après vous, vous vous arrêtez, et me voilà ! Ah ! monsieur le chevalier, sauvez-moi de la vie infernale que j’ai dû mener !
    Spadacape était sincère. Ragastens en eut l’intuition.
    – Mais enfin, reprit-il, qui diable t’a forcé de faire le métier de bandit, puisque tu te reconnais une vocation pour le métier d’honnête homme ?
    – Que sais-je ? L’exemple, l’entraînement, la nécessité… Tenez, monsieur le chevalier, vous me demandiez mon nom ? Je n’en ai pas ! Mon père ? Je ne m’en connais pas ! Ma mère ? Inconnue aussi ! Enfant, j’ai mendié ; homme, j’ai volé pour manger. Je suis un pauvre hère, voilà tout… et je voudrais bien, moi aussi, trouver une main qui se tende…
    Ragastens se trouva fort embarrassé. Il n’eût pas demandé mieux, au fond, que d’avoir un serviteur qui le comprît et s’adaptât à sa nature aventureuse. Ce Spadacappa faisait admirablement son affaire.
    Seulement, à l’heure actuelle, il y avait un grave empêchement, pour le chevalier, à s’offrir le luxe d’un laquais. Pour avoir un serviteur, il faut le payer. Or, Ragastens était pauvre comme le dernier pêcheur du Tibre.
    En effet, au moment de son arrestation, on lui avait enlevé son épée et sa ceinture qui contenait sa bourse. Il est vrai que l’épée de César, qu’il s’était appropriée, était enrichie de plusieurs rubis et d’un beau diamant. Mais quand pourrait-il trouver occasion de les vendre ? Il résolut donc de renvoyer Spadacappa, tout en lui parlant avec plus de douceur qu’il n’avait fait d’abord.
    – Écoute, lui dit-il, je suis convaincu que tu m’as dit la vérité. D’autre part, j’avoue que, malgré tes fredaines, tu ne me déplais pas… je regrette de t’avoir quelque peu rudoyé tout à l’heure…
    – Monsieur le chevalier est trop bon…
    – Seulement, voilà :

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