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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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nous allons nous séparer, tout de même. Et la raison, c’est que je ne suis pas assez riche pour m’embarrasser d’un serviteur.
    – N’est-ce que cela ?…
    – Il me semble que la raison est suffisante…
    – Non monsieur le chevalier, non ! Laissez-moi vous servir ! Je vous jure que vous n’aurez pas lieu de vous en repentir. Vous n’êtes pas riche ? Vous le serez plus tard ! Vous ne pouvez pas me payer ? Vous me payerez quand vous aurez fait fortune !…
    – Parbleu, mon garçon, tu parles avec une chaleur qui me fait plaisir… Eh bien, soit donc, puisque tu y tiens ! Je te prends. À partir de ce moment, tu fais partie de ma maison !
    Il est impossible de rendre l’expression d’ironie mélancolique et de scepticisme cocasse qui fit vibrer la voix de Ragastens parlant de « sa maison ». Quant à Spadacape, il jeta son bonnet en l’air.
    – Vive le soleil et la joie ! cria-t-il. Adieu, Rome et ses guets-apens. Vive le chevalier de Ragastens, mon maître !
    – Pauvre diable ! se répéta Ragastens attendri.
    Et sa confiante jeunesse, généreuse et vibrante, ne se demanda même pas si ce bandit n’était pas un espion, et s’il n’avait pas attaché la trahison à ses pas.
    Cependant, Ragastens s’était remis en selle. Il prit au galop la route de Naples. Spadacape suivait à quinze pas, comme il avait vu faire aux écuyers des grands seigneurs, dans les rues de Rome. Mais Ragastens, d’un signe, l’appela près de lui.
    – Connais-tu un chemin de traverse par où je puisse rejoindre la route de Florence ?
    – Monsieur le chevalier, voyez-vous ce bouquet de chênes-liège à mille pas devant nous ? Au delà, se trouve une chapelle abandonnée dans laquelle j’ai parfois passé la nuit, sous la protection de saint Pancrace à qui elle est dévouée. Eh bien, à vingt pas de la chapelle, il y a à main droite un sentier favorable à votre dessein. Mais, monsieur le chevalier ne va donc pas à Naples ?
    – Vous m’interrogez, monsieur Spadacappa ?
    – Oh ! pardon… Vieille habitude.
    – Oui… l’habitude de questionner… de demander quelque chose, ne fût-ce que la bourse ou la vie…
    – Ah ! monsieur, vous n’êtes pas généreux !
    – Allons, allons ! Tu as du bon. Ta révolte me fait plaisir et, à mon tour, je te demande pardon.
    – Cette fois, monsieur le chevalier est trop généreux, dit Spadacape redevenu radieux.
    À ce moment, ils atteignirent l’orée du bouquet de chênes signalé. Ragastens fit halte, se retourna vers Rome et, se haussant sur les étriers, interrogea la route.
    Au loin, très loin, s’élevait un nuage de poussière.
    – Je suis poursuivi ! dit Ragastens.
    Il jeta les yeux autour de lui : la campagne était nue, déserte, morne plaine où un cavalier devait s’apercevoir, aussi loin que portait le regard. Seul, le bouquet de chênes offrait un abri momentané.
    Que faire ?… Fuir ?… À droite ou à gauche, ou en avant, Ragastens serait vu. Dès lors, ce ne serait plus qu’une question de vitesse…
    – Suis-moi si tu peux ! dit-il à Spadacape.
    Mais, au moment où il allait s’élancer, celui-ci l’arrêta d’un geste.
    – Il ne faut pas fuir, monsieur… Vous serez pris. Ces gens seront sur votre piste dans trois minutes.
    – Que faire alors ?
    – Venez, monsieur, venez !…
    Tous deux s’élancèrent et, en quelques foulées de galop, ils eurent franchi le petit bois aux arbres espacés… À cet endroit s’élevait une chapelle presque en ruines. Spadacape sauta à terre et introduisit son poignard dans la serrure de la porte qui s’ouvrit.
    – Heureusement que je connais la manœuvre, dit-il. Entrez, monsieur le chevalier.
    – Parbleu ! L’idée est bonne… Passe le premier…
    – Non, monsieur, entrez seul… Vite !… Oh ! ajouta Spadacape en saisissant un éclair de soupçon dans les yeux du chevalier, ayez confiance, monsieur !
    Le chevalier, après un dernier regard auquel Spadacape répondit par une muette protestation, mit pied à terre et entra dans la chapelle, traînant après lui Capitan. Quant à Spadacape, il ferma la porte et remonta à cheval.
    Par une fente de la porte, Ragastens pouvait voir et entendre tout ce qui se passait sur la route. Une main crispée sur la garde de son épée, l’autre sur les naseaux de Capitan, qu’il pinçait pour l’empêcher de hennir, il attendit avec cette froide intrépidité qui le faisait si fort.
    – Si cet

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