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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Ma fuite, au besoin, est assurée…
    Sur le rocher, elle jeta des feuilles, des poignées de terre. Satisfaite, de son travail, elle sortit, contourna l’étroit sentier qui séparait le gouffre de l’entrée de la caverne et, parvenue à un petit plateau qui dominait les environs, elle jeta dans la nuit un regard perçant et prêta l’oreille.
    – Il va venir, fit-elle lentement, il vient… Dans quelques minutes, celui qui fut mon amour sera un cadavre que le torrent de l’Anio entraînera vers l’insondable profondeur du gouffre… Il vient plein de confiance, et il ne sait pas que c’est moi qui l’attend ! Il vient chercher de l’amour, comme il me disait à Rome, et c’est la vengeance qu’il va trouver… Oh ! cette fois, mon cœur ne faiblira pas… Tout est fini, maintenant… Rosita, qui seule me rattachait à la vie est partie… À cette heure, elle est en sûreté… ils doivent être arrivés à Florence… Allons, c’est bien la fin… Rodrigue aujourd’hui… puis César… puis moi-même… la destruction de la famille maudite va commencer.
    Soudain, elle se pencha. Son oreille venait de percevoir un lointain et léger bruit de pas.
    – Le voilà !… Dans quelques minutes, il saura qui je suis !…
    Sans se hâter, pensive, elle rentra alors dans la caverne et s’accroupit non loin de la torche, le menton sur ses genoux, dans son habituelle attitude.
    La Maga ne s’était pas trompée. Quelqu’un venait. C’était le vieux Borgia. Bientôt, il parut, contourna avec précaution les rochers, jeta un regard sur le fond du gouffre et se présenta à l’entrée de la caverne.
    Il entra sans que la Maga relevât la tête et s’assit sur l’une des deux grosses pierres qui formaient les sièges primitifs de ce logis rudimentaire.
    – Eh bien, Maga, fit tout à coup le pape, tu as donc quitté Rome ?
    – Je suis venue vous attendre ici…
    – Comment savais-tu que j’y viendrais ? dit Borgia. Aurais-tu donc en réalité le don de prescience ?
    La Maga haussa les épaules.
    – Ne venez-vous pas à Tivoli tous les ans ? N’est-ce pas l’époque où vous y passez quelques semaines ?
    – C’est juste. Ta sorcellerie n’est, au fond, que de l’observation, fit railleusement le pape. Cependant, tu sais des choses que d’autres ignorent…
    – J’ai étudié les vertus des plantes, voilà tout.
    – Où cela ? En Égypte ?…
    – Non, en Espagne.
    – En Espagne ! Tu as habité l’Espagne ?
    – Oui… Mais, continua la vieille avec une sorte d’indifférence qui calma la soudaine inquiétude du pape, c’est surtout en Italie, à Tivoli même, que j’ai étudié… Je connais les herbes bienfaisantes, je sais extraire les sucs qui guérissent, qui tuent, qui donnent l’amour…
    – L’amour !…
    – L’amour… la mort ; les deux choses se valent et sont aussi horribles l’une que l’autre…
    – Comme tu parles amèrement.
    – C’est que j’ai beaucoup souffert.
    – Et maintenant ?
    – Bientôt, je ne souffrirai plus…
    – Étrange femme !… Mais, dis-moi, pourquoi as-tu tant étudié ?… Quelle pensée te guidait vers la science réprouvée des magies ?
    – Une pensée qui m’a fait vivre jusqu’ici : la vengeance !
    Encore une fois, le pape tressaillit. Il commençait à entrevoir dans la Maga il ne savait quel être formidable, et il lui semblait que ce mystère dont elle se couvrait cachait le secret de sa propre destinée à lui !
    – Maga, reprit-il, te rappelles-tu la promesse que tu m’as faite à Rome ? Tu devais composer pour moi un philtre capable de me faire aimer de la femme à qui je le ferais boire… Tu m’avais demandé un mois…
    – Le philtre est prêt ! répondit machinalement la vieille pour se donner le temps de penser.
    Et ce qu’elle pensait était terrible. Elle avait décidé et combiné la mort de Rodrigue Borgia, son amant, le père de ses enfants, de celui par qui elle avait souffert… Au moment où Borgia reculerait vers l’entrée de la caverne, elle se ruerait sur lui et, d’une poussée, le précipiterait dans le gouffre qui, jamais, ne rendait ses cadavres… Oui… Elle allait se dresser devant lui comme le génie de la vengeance, comme l’archange de la mort, elle allait lui jeter son nom comme un glas funèbre, ce nom de Rosa Vanozzo sous lequel Rodrigue éperdu courberait le front.
    Voilà ce que pensait Rosa. Et pour gagner du temps, elle ajouta, le pape ayant

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