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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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c’est la couronne la plus précieuse de notre art… Tenez…
    Ragastens avait saisi le bras du vieillard.
    – Parlez, fit celui-ci avec émotion.
    – Eh bien !… j’ai trouvé… dois-je vous le dire ? Me garderez-vous le secret ?
    – Je le jure par la Madone, par saint Boniface et par sainte Pétronille.
    – Oh ! alors… Eh bien, j’ai trouvé une variété de pêches qui n’existe nulle part !…
    – Serait-ce possible ! s’exclama le vieux jardinier.
    Ragastens remua gravement la tête de haut en bas. Le bonhomme s’assit sur une pierre, à l’ombre de quelques arbousiers ; les choses devenaient graves. Et il avait besoin de se recueillir. Ragastens prit place près de lui.
    – Maître, fit-il tout à coup, voulez-vous me montrer les jardins du Saint-Père, ces jardins que je suis venu voir de si loin ?…
    Le jardinier tressaillit d’aise et d’angoisse.
    D’aise, parce que, pour la première fois de sa longue vie, il trouvait quelqu’un qui comprenait son âme de jardinier, quelqu’un qui l’appelait maître ! D’angoisse, parce que la demande imprévue lui faisait pressentir qu’il allait être livré au démon de la tentation. Il tourna vers le chevalier, impassible, un regard scrutateur.
    – Jeune homme, demanda-t-il, comment vous nomme-t-on ?
    – Pétrus Meïningbaükirscher.
    –  Amen ! fit le jardinier effaré. Moi, je m’appelle Boniface Bonifazi… Eh bien, monsieur Pétrus, vous voyez en moi un homme désespéré.
    – En effet, lorsque j’ai eu l’honneur de vous rencontrer j’avais remarqué votre tristesse… Puis-je en savoir la cause ?
    – À un confrère tel que vous, je ne veux rien cacher… C’est curieux, mais vous m’inspirez confiance.
    – Confiance partagée, illustre maître… Vous disiez donc que ?…
    Bonifazi savoura encore le qualificatif de maître qu’on lui octroyait. Puis il reprit, attendri :
    – Eh bien, monsieur Pétrus… Jamais je ne me rappellerai votre autre nom… Sachez donc que les pêches sont la gourmandise préférée de notre Saint-Père… Entre nous, je crois qu’il ne vient à Tivoli que pour en manger…
    – Ce que vous me dites-là m’enchante. Moi aussi, j’ai toujours préféré la pêche à tout autre fruit.
    – C’est épouvantable, monsieur !… Cette année je n’aurai que des pêches piquées… je n’ai pu sauver qu’un espalier de la contagion… mais arriverai-je à le préserver jusqu’au bout ? Or, savez-vous ce qui arrivera, si je n’ai pas de pêches ?
    – Dites, maître !…
    – Je serai pendu !
    – Vous m’effrayez !… Pendu ?… Pour des pêches ?…
    – C’est comme cela ! L’an dernier, lorsque j’ai annoncé à Sa Sainteté qu’un de mes pêchers était perdu de piqûres, elle m’a répondu tranquillement : « Arrange-toi comme tu voudras. Mais le jour où je manquerai de pêches, je te ferai pendre à celui de tes pêchers qui aura été le plus atteint. Cela le guérira peut-être ».
    – Je vois que Sa Sainteté ne dédaigne pas la plaisanterie… mais je vous sauverai, maître ! Ne redoutez plus rien ! J’ai un secret infaillible pour préserver la pêche…
    – Ah, jeune homme ! s’écria le vieux jardinier en saisissant les deux mains de Ragastens, c’est le ciel qui a eu pitié de moi en vous envoyant à mon secours. Dites-moi votre secret, et ma reconnaissance.
    – Impossible ! fit Ragastens en hochant la tête. Il faut que j’opère moi-même.
    – Mais, balbutia le jardinier, pour que vous puissiez opérer, il faut donc que vous entriez dans les jardins ?
    – Cela me paraît indispensable.
    – Mais alors, je serai tout aussi bien pendu !
    – Comment cela ?
    – Écoutez. Seul, je puis entrer dans le jardin particulier du Saint-Père. Seul, avec mes aides que je dois étroitement surveiller. Sa Sainteté a tant d’ennemis… Vous comprenez ?…
    – Non ! Je ne comprends pas, fit Ragastens avec sa figure la plus naïve.
    – Bon jeune homme ! soupira le jardinier. C’est que vous ne croyez pas au mal, vous. Mais il y a des méchants qui seraient capables d’empoisonner les fruits que doit manger le Saint-Père.
    – C’est horrible !
    – Oui… Et Sa Sainteté prend ses précautions. Elle a mis en moi toute sa confiance. Mais elle m’a prévenu, que si jamais, pour n’importe quel motif, même pour un instant, un étranger entrait dans les jardins, je serais écorché vif ou à tout le

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