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Borgia

Titel: Borgia Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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pape ayant fait un pas de ce côté, le chevalier lui dit, de sa voix la plus tranquille :
    – Saint-Père, restez ainsi, je vous prie !… En vous approchant trop près de la fenêtre, vous risqueriez l’humidité de la nuit…
    Le pape leva les yeux au ciel et s’assit.
    – Mon père, murmura Raphaël… laissez-moi vous donner ce nom… parlez-moi de Rosita… dites-moi si je pourrai la voir bientôt ?…
    – Elle s’appelait Rosita ! dit le pape avec une sorte d’extase douloureuse.
    – C’est le nom que lui a donné celle qui l’a recueillie…
    – La pauvre Maga, n’est-ce pas ?… Oui, je sais… Pauvre femme, si charitable et si bonne !… Que de fois j’ai voulu l’arracher à la vie misérable où elle se complaisait… Mais hélas ! Sa raison ébranlée lui faisait voir partout des ennemis.
    Ces derniers mots du pape achevèrent de convaincre Raphaël.
    – Messieurs, reprit le vieux Borgia, il faut que vous sachiez tout… La confession que je vais faire m’est profondément pénible…
    – Saint-Père, dit Raphaël, il serait indigne de nous de vous obliger à courber la tête sous le poids de souvenirs que nous n’avons pas le droit de juger…
    – Laissez parler Sa Sainteté, mon cher ami, interrompit Ragastens.
    – Et cela est d’autant plus nécessaire, reprit le pape en se mordant les lèvres, que vous avez maintenant des droits sur… ma fille… En outre, mon cher enfant, ce que j’ai à vous dire est si affreux que vous vous refuseriez à me croire si je ne vous informais de toute la vérité…
    Le pape s’était levé. Son visage encadré de cheveux blancs paraissait à ce moment réellement auguste. Sa parole vibrante, empreinte d’une douleur majestueuse, fit frissonner Machiavel lui-même.
    – Raphaël, dit-il solennellement, mon cher enfant, vous savez combien, parmi tant d’artistes accourus à Rome, je vous ai aimé… Si jamais vous avez eu quelque affection pour moi, je fais appel à votre cœur…
    – Parlez, murmura Sanzio d’une voix éteinte.
    – Il faut que je reprenne les choses d’assez haut… Oui, messieurs, je fus coupable… Oui, le démon de la chair me mit un jour à l’épreuve… Oui, je succombai… De combien de larmes et de prières j’ai racheté ensuite ma faute, Dieu seul le sait, car moi-même je ne m’en souviens plus tant j’ai pleuré, tant j’ai prié !… Lorsque la comtesse Alma devint mère, le malheur devait accabler cette infortunée ; son mari, le comte Alma, fut informé de l’adultère… Alors, affolée, elle abandonna l’enfant !… Ce que j’ai souffert alors !…
    Le pape s’arrêta un instant, comme suffoqué. Puis il continua :
    – Je veillai de loin sur l’enfant que la bonne Maga avait recueillie… Hélas ! Un autre veillait aussi et méditait dans l’ombre une affreuse vengeance ; c’était le comte Alma ! Toute sa haine contre moi s’était concentrée sur la tête de la petite innocente… Ah ! j’ai tremblé alors !… Je ne me rassurai que lorsque j’eus acquis la conviction que le comte ignorait où se trouvait l’enfant… Pour la soustraire désormais à toute vengeance, je résolus de la laisser élever par la Maga, comme une pauvre fille du peuple…
    » Un jour je sus qu’elle était aimée… adorée par un jeune homme digne d’être aimé lui-même. Ce jeune homme, je le fis venir. Et je lui témoignai mon ardente amitié que je mis sur le compte de mon amour pour les beaux tableaux… Est-ce vrai, Raphaël Sanzio ?
    – C’est vrai, Saint-Père…
    – Le temps s’écoula… Et j’espérais que le comte Alma avait oublié sa haine… Hélas !… Le ciel n’avait pas permis ce miracle… Tout à coup, un vrai coup de foudre vint m’atteindre… J’appris que le comte avait retrouvé les traces de l’enfant… Aussitôt, je prévins la Maga…
    – Ah ! Je comprends tout ! s’écria Raphaël. Ce fut alors que la Maga me supplia de hâter mon mariage et de fuir à Florence…
    – Oui ! fit le pape, qui ferma les yeux pour ne pas trahir sa joie. C’est moi qui lui en avais fait parvenir le conseil… la prière… Hélas ! Dans la soirée où devait avoir lieu le mariage que la Maga m’avait annoncé, je sus que le comte avait fait aposter des hommes pour enlever la malheureuse enfant… Dès lors, je résolus d’agir… Le plus grand secret était indispensable… Je ne pouvais prévenir Sanzio sans être forcé d’avouer ma faute,

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