Byzance

minces, cadavériques. Il se retourna et Michel le suivit dans une petite pièce pleine de cierges. Le prêtre sortit un couteau rouillé de sa soutane et souleva une des dalles de marbre du sol. Il alluma un des cierges et le tendit à Michel.
    La première partie du passage était creusée à même la terre ; Michel maudit le sol glaiseux qui salit presque aussitôt ses beaux vêtements de soie. Après une soixantaine de mètres, le tunnel de terre traversa ce qui semblait être le sous-sol d’un palais rasé depuis longtemps : quelques plaques de plâtre s’accrochaient encore aux anciennes voûtes de briques. Michel traversa cette cave d’une humidité insupportable jusqu’à un mur d’enceinte en ruine, puis se glissa à travers une petite ouverture et entra dans une galerie aux murs de pierre, si étroite qu’il dut marcher de côté. Elle se prolongea sur près de cent coudées avant de s’achever sur un escalier de pierre presque aussi raide qu’une échelle. En haut des marches, Michel se trouva perché en équilibre sur un petit redent. La porte, sur sa gauche, semblait conçue pour un petit enfant. Il prit la clé dans sa botte, ouvrit la porte, et se glissa dans une sorte de trésor garni de calices rarement utilisés, de coupes de céramique fine, de bassines de verre, de lampes de bronze et d’icônes. L’antichambre au-delà était vide, et l’on en avait éteint les lampes. Il prit une deuxième clé, ouvrit rapidement une petite porte de bronze décorée d’aigles en ronde bosse et, au fond d’un corridor nu mais parfumé, écarta les draperies de soie sombre.
    Le lit, au-dessous du grand dôme doré, le fit songer à un autel : le dais de brocart d’or était soutenu par des colonnes torses dorées ; les rideaux écarlates s’ornaient de milliers de minuscules Chi-Rho, le monogramme du Christ. Il s’avança vers le lit, la gorge nouée, puis tendit le bras et, d’une main ferme, écarta le rideau.
    — Vilain neveu, dit Zoé.
    Elle était nue, hormis ses bagues. Ses seins lourds et son ventre sensuel palpitaient, les doigts de sa main gauche étaient posés près de la toison d’or entre ses jambes. De sa main droite, elle effleura le visage de Michel.
    — Enlève cette saleté.
    Michel se déshabilla à la hâte, s’élança vers Sa Majesté et enfouit son visage entre ses seins. Elle éclata de rire sans retenue.
    — Oui, petit neveu, je t’inviterai encore à dîner. Ou plutôt je te ferai dîner sur moi. Tu aurais fait un comédien inimitable, mon petit esclave. Je crois que ton oncle odieux est déjà en train de recevoir un rapport favorable de son espion.
    Elle le repoussa, s’assit et prit ses seins dans ses mains.
    — Maintenant, dis à ta précieuse Mère quelle est cette comédie dans laquelle tu es en train de jouer le rôle du bouffon. Siméon a entendu les rumeurs les plus fantastiques.
    — Il veut faire de moi le césar.
    — Oui.
    — Mais vous devez d’abord m’adopter. Je suis supposé… vous charmer.
    Zoé se laissa tomber en arrière en riant. Elle s’abandonna à sa joie pendant un moment, puis tendit la main vers l’érection de Michel.
    — Mon petit garçon, dit-elle en plissant les lèvres en une moue espiègle. Mon joli petit garçon… Prends mon sein, petit chérubin !
    Elle le lâcha, pencha la tête en arrière pour lui présenter ses volumineux seins blancs, un doigt au bout de chaque mamelon dressé, couleur de porphyre.
    — Tiens, mon petit, je vais te donner la vie !
    Les attentions de Michel à ses seins calmèrent Zoé, et réduisirent son rire à de doux gémissements. Elle commença à se glisser sur les draps en un mouvement de serpent.
    — Esclave d’amour, murmura-t-elle. Tu dois maintenant jouer le héros tragique de Sophocle et entrer dans le ventre de ta mère. Viens en moi, petit Œdipe, tu n’auras même pas besoin de pleurer pour obtenir mes faveurs. Donne-moi ton essence.
    Zoé l’enveloppa de ses membres splendides.
    — Ah, mon petit esclave, soupira-t-elle, mon précieux, mon petit césar, mon cher neveu et bientôt mon fils adoptif. Écoute-moi, mon petit. Une fois que tu seras nommé l’héritier de mon mari, il faudra que tu récompenses l’oncle qui a permis cet… inceste délicieux. Tu m’entends ?
    — Oui… Oui, haleta-t-il. Récompenser… Euh… Joannès.
    Zoé releva les genoux, passa la main derrière ses cuisses et prit entre le pouce et l’index le membre de Michel. Elle serra,