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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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efficace pour vous et vos fidèles Varègues jusqu’à ce notre Père reprenne son protocole habituel. Comme notre communauté chrétienne subit de plus en plus la plaie de cette racaille du Stoudion, dont nous avons un exemple sous les yeux, vous serez affecté avec vos hommes à la police de ce district jusqu’à ce que je sois convaincu que ces précautions ne seront plus nécessaires.
    Joannès se dirigea vers la double porte d’acier, attendit que ses assistants l’ouvrent et quittent la pièce avec leur serviette sanglante et leur seau de viscères, puis il se tourna vers Haraldr avec un sourire de tête de mort.
    — Je vous laisse mon œuvre d’art de ce jour ; elle est peut-être imparfaite mais vous pourrez encore en tirer une leçon.
    Il claqua les énormes portes derrière lui.
    La puanteur des excréments et des viscères fut soudain accablante. Haraldr se retrouva seul avec… ça. Un masque démoniaque, des tissus faciaux sanglants, boursouflés, sans nez, sans oreilles, sans peau sur le crâne, sans lèvres, uniquement des yeux exorbités sans paupières et des dents serrées tachées de sang. L’aine se réduisait à une masse sanguinolente, le ventre était une cavité béante, vide, puante dont on avait arraché les intestins. Les jambes, tranchées aux chevilles, tremblaient spasmodiquement, les artères déversaient du sang en flaques sur le sol. Le plus horrible de tout étaient les poignets sans mains qui gesticulaient comme pour essayer de rattraper avec des fantômes de doigts la vie qui avait été excisée de ce corps lambeau par lambeau. Puis le regard de Haraldr croisa les iris injectés de sang, et il comprit qu’il y avait encore un homme à l’intérieur de cette forme, le même homme que pendant la nuit du Stoudion.
    Il dégaina son épée et se prépara à offrir une fin rapide à cette longue mort, laide et pourtant noble. Il s’avança en se forçant à regarder l’homme dans les yeux et il comprit que cette mort unique le tacherait de sang beaucoup plus que les nombreuses vies qu’il avait prises au cours de ses batailles. Jamais il ne pourrait accorder à cet homme la mort qu’il méritait.
    — Attendez…
    La voix de l’homme venait du seuil du monde des esprits. Haraldr retint le mouvement de sa lame. Les yeux demeuraient pleins de défi et d’amertume.
    — L’Étoile bleue… reprit la voix à peine audible.
    Puis avec la dernière fibre de sa force, l’homme releva la tête.
    — Maintenant, supplia-t-il.
    Haraldr trancha le cou de l’homme ; ce n’était pas Odin qui animait son bras mais l’espoir qu’en quelque manière son coup d’épée trancherait la tête de l’Aigle impérial.
    * *
*
    — Qu’allez-vous faire ? demanda l’augusta Théodora née dans la pourpre.
    Son visage pincé et ses tresses étaient sans ornement ; en dépit de sa robe pourpre aux dentelles d’or, elle semblait aussi quelconque qu’une femme de boucher.
    — Je pourrais refuser de couronner ce césar, répondit Alexios, patriarche de l’Unique Vraie Foi œcuménique, orthodoxe et catholique tandis que ses petits yeux noirs rampaient comme d’agiles panthères au-dessus de la bosse de son nez. Le protocole impérial exige que le césar soit couronné par l’empereur, et je pourrais donc refuser de sanctionner la cérémonie simplement sur cette base. Mais bien entendu, le paradoxe de notre césar, c’est que nous devons l’avoir justement parce que l’empereur n’est pas en assez bonne santé pour le couronner.
    — Si vous refusez de le couronner, vous y serez… contraint.
    Alexios sourit.
    — Je ne redoute aucune contrainte. Si ma juridiction était simplement l’empire de Rome, je n’offrirais à la tête de ce césar que les cendres de la pénitence et je proclamerais la gloire du Pantocrator par mon propre martyre. Mais mon empire est celui de toutes les âmes, et donc mes considérations sont beaucoup plus complexes.
    Avec les doigts de sa main droite, il caressa les anneaux de sa main gauche.
    — Il est regrettable que votre sœur Zoé ait accepté avec tant de chaleur l’héritier de son mari. Si l’impératrice s’était opposée à lui, même modérément, j’aurais pu faire part de ses réticences au peuple de la Ville, et avant les trois jours qu’il a fallu à Notre-Seigneur pour être flagellé, martyrisé, et ressuscité, ce peuple aurait jeté Joannès et ses complices dynatoï dans l’abîme qui les a engendrés. Mais dans

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