Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
Vom Netzwerk:
peuple.
    — Chez moi, dit-elle, et son regard devint flou comme si elle voyait le désert au-delà de la tente de soie.
    Quand elle eut soigné les petites blessures, elle se mit à fouiller parmi les affaires éparses sous la tente et trouva enfin une outre de vin. Pendant un instant la lumière de la lampe à contre-jour traversa la toile légère de sa robe et Haraldr vit le contour de ses flancs et de ses reins. Elle prit un gobelet d’argent dans le coffre et mêla au vin une poudre jaune foncé. Elle but une gorgée pour bien montrer à Haraldr que ce n’était pas un poison.
    — Pas de mal, dit-elle.
    Elle ôta de l’avant-bras de Haraldr la toile imprégnée de sang séché. La blessure était profonde mais propre. Elle l’enduisit d’une pommade. Haraldr se sentit somnolent et heureux. Il dodelina de la tête.
    — Allonge-toi, dit-elle.
    Elle lui montra le lit de Hakon, immense cadre de bois sculpté couvert d’épais coussins de soie garnis de duvet. « Dégoûtant », s’était dit Haraldr quand il l’avait vu dans la matinée – et une des raisons pour lesquelles les Varègues de Hakon, qui dormaient à même le sol sous une couverture grossière, avaient accepté si facilement le renversement de leur chef.
    Haraldr secoua la tête et chercha sa propre couverture. Il ne la trouva pas au milieu de la multitude d’objets de Hakon. Et il avait vraiment envie de se coucher.
    La guérisseuse, devinant les réserves de Haraldr, tira du lit les coussins de duvet et les étala par terre à côté de lui. Haraldr se demanda un instant si elle avait un jour été forcée d’y coucher. Mais il se sentait si bien, à présent. Il glissa du tabouret et s’allongea.
    La guérisseuse s’agenouilla à côté de lui et se mit à envelopper son avant-bras de toile propre. La lumière derrière elle donna à ses cheveux noirs une auréole d’or. Il leva la main et effleura le bras nu avec le bout de ses doigts. Il ne sentit pas la peau douce mais un étrange choc, comme l’étincelle quand on touche un couteau ou une bouilloire, un jour très froid et sec.
    Elle frissonna, sans doute avait-elle éprouvé la même sensation. Elle observa la tasse de médicament pendant un instant, puis but ce qu’il restait de la potion narcotique. Le vin laissa un reflet brillant sur ses lèvres.
    — Cygne ? demanda-t-elle.
    Le cœur de Haraldr palpita. Elle se souvenait donc des mots qu’il avait prononcés à Kiev.
    — Un cygne est un oiseau blanc, répondit-il en traçant dans l’air la courbe d’un cou. Noble et blanc. Et doux.
    De nouveau, il la toucha. Elle se balança légèrement.
    — Serah, dit-elle en se touchant la poitrine.
    Son nom ne ressemblait à aucun son du Nord, et faisait une musique mystérieuse et belle. Il songea un instant à Elisevett, mais elle devint un objet lointain, d’une beauté froide, un glacier qui diminuait en éclat de glace au-delà de l’horizon. Serah.
    La main de Serah lui brûla et lui glaça la poitrine. Son corps perdit du poids, comme quand il s’était envolé au-dessus du précipice. Mais il n’éprouva aucune peur.
    Soudain, en un bruissement de toile fine, Serah devint toute blanche. Elle jeta la robe. Des cheveux noirs tombèrent autour du visage de Haraldr. Elle tira sur sa culotte. Il sentit l’air frais sur sa nudité comme un vent sur la mer. Il était aussi dur qu’un manche de hache. Le corps de Serah se posa sur lui à la manière d’un rideau de soie.
    Ce fut différent des deux fois précédentes. La prostituée lui avait donné une leçon sans passion dans les arts que doit connaître un roi. Elisevett n’avait été que passion jaillissante à la façon d’un torrent pour exploser aussitôt dans une douloureuse extase. Ce soir, c’était un étang profond, sombre et chaud, et dans cet étang, Serah glissa contre sa chair survoltée pour l’entraîner plus loin dans les profondeurs sombres et irisées. « Il y a donc un autre endroit », se dit Haraldr. Pas l’endroit froid et noir où guette le dragon, une piste inconnue sur laquelle seule une femme pouvait le conduire. Il s’enfonça dans ses profondeurs, son plaisir de plus en plus liquide et langoureux. Il ne restait plus dans tout son corps qu’un axe d’acier.
    Ni l’un ni l’autre n’entendirent le léger froissement du rideau de soie, ni les pas légers dans la nuit.
    — Je vais le recevoir, Nicétas.
    L’eunuque s’inclina et les portes se refermèrent derrière

Weitere Kostenlose Bücher