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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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lui. Maria se tourna vers Ata, son chiromancien.
    — C’est Giorgios. Celui qui me plaît.
    Ata sourit. Il avait de très mauvaises dents bien qu’il eût seulement la trentaine. Il se leva, lissa les plis de sa robe, porta la main à son front, s’inclina et quitta la pièce à son tour. Giorgios entra un instant plus tard. Il portait l’uniforme des Scholae impériales : un plastron rehaussé d’or sur une tunique écarlate à manches courtes, avec une courte fustanelle de cuir. Il venait sans doute de monter à cheval.
    Maria l’embrassa sur le front et ébouriffa ses boucles blondes.
    — Pourquoi es-tu venu ? Alexandros est avec toi ?
    Les yeux de Giorgios devinrent fous, comme ceux d’un cerf aux abois.
    — Je… vous aime, bégaya-t-il. Toutes mes pensées sont pour vous. Vous me consumez. Je ne peux pas supporter de vous regarder.
    Son cou se contracta.
    — Je ne peux plus manger, murmura-t-il. Est-ce que vous… aimez Alex ?
    — Alexandros me dégoûte. C’est un rustre.
    Aucune expression ne se peignit sur les traits de Maria. Elle était aussi sereine qu’une Aphrodite de marbre, mais plus belle. Giorgios battit des paupières comme s’il venait de recevoir une gifle.
    — Alors pourquoi ?… Pourquoi ?
    — Je veux t’infliger la douleur dont tu me feras souffrir.
    Giorgios parut plus déconcerté que jamais.
    — Ata m’a dit que le destin et l’amour se sont déjà croisés une fois pour moi. Il ne pouvait pas le savoir, mais c’est la vérité. Il dit maintenant qu’au prochain croisement se rassembleront le destin, l’amour et la mort. Il dit qu’un homme me détruira par son amour. Peut-être est-ce toi.
    Elle marqua un temps avant d’ajouter :
    — Je suis presque sûre que je t’aime.
    Giorgios chancela, près de basculer. Pendant un instant il fut incapable de parler.
    — Jamais je ne… Je vous adore, je vous vénère, je mourrai avant de…
    Maria posa le doigt sur ses lèvres. Ses yeux étaient comme des flammes bleues.
    — Je sais… Va-t’en maintenant. Je ne veux pas te voir pendant plusieurs jours. Mais sache que quand tu penses à moi, je pense à toi… Va-t’en.
    Giorgios descendit vers le vestibule d’un pas ivre. Au moment où les eunuques ouvrirent les portes incrustées d’ivoire, il se retourna pour adresser à Maria un regard implorant.
    — Je dors avec Alexandros ce soir, lui dit-elle.
    — Ces trous ne sont pas plus profonds que le membre d’un homme, mais plus d’un homme qui y est tombé y a trouvé la mort, dit Halldor en faisant un signe de tête vers Haraldr, qui regardait d’un air morose la houle bleue de la mer de Rus. Je me félicite que cette fille khazar soit partie à Cherson. Elle ne l’a eu que cinq jours, mais j’ai craint davantage pour lui que lorsqu’il était avec Hakon dans le carré de mort.
    Ulfr sourit, ému. Ils avaient quitté le large estuaire du Dniepr et s’étaient séparés des vingt bateaux à destination de Cherson depuis trois semaines. Haraldr avait organisé le départ de la jeune Khazar et au moment des adieux il l’avait embrassée sur tout le visage et dans les cheveux. Quand son bateau avait disparu à l’horizon, il avait versé des larmes. Plus d’un homme présent avait été choqué par cette faiblesse de leur nouveau héros ; un guerrier était censé faire ses adieux à une femme avec un sourire et une boutade. À elle de s’accrocher et de pleurer. Mais Ulfr comprenait le cœur d’un poète et l’avait expliqué aux Varègues : la même passion qui avait permis à Haraldr d’écraser la poitrine de Hakon comme celle d’un oiseau rendait sa propre poitrine tendre au contact d’une femme. Au bout de quelques jours il devint à la mode parmi les Varègues de pleurer des amours perdues auxquelles ils avaient à peine songé pendant des mois.
    Haraldr demeurait immobile comme une statue à la proue. Gleb le regarda, puis se tourna vers Ulfr et Halldor et cracha.
    — Bah, grogna-t-il, il va rencontrer une femme qui lui fera oublier tout le reste.
    Il marqua un temps pour souligner son effet.
    — L’impératrice des villes : la Ville impériale.
    Au sud, la côte formait une ligne vert sombre. À l’est le soleil perçait un trou brillant dans un drap sans couture de bleu de fumée.
    — Au milieu de la matinée, nous parviendrons à une ouverture dans cette côte. C’est un détroit que les Grecs appellent Bosphore. Au bout, à une demi-journée de voile vers le

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