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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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confiance ? Dites-vous bien que l’empereur avait le pouvoir de m’écraser comme un moucheron, aujourd’hui. Qui aurait protesté ? D’ailleurs, qui l’aurait su ? À la place, il m’a pardonné le meurtre d’un officier impérial de rang élevé, puis dans la foulée, il m’a clairement fait comprendre que ma vie se trouvait en danger ici. Or qui d’autre que Mar voudrait me savoir mort ?
    — Mais dans ce cas, Mar jouerait son jeu contre les Grecs ? demanda Ulfr.
    — Non. Je crois qu’en réalité Mar et ses Varègues sont au service d’un pouvoir caché, et que le trône impérial même est une ruse, en tout cas une sorte d’illusion.
    À cette idée, si hypothétique qu’elle fût, Haraldr frissonna. Quel pouvoir pouvait être supérieur à l’empereur homme-dieu, sauf le pouvoir des dieux eux-mêmes ?
    Haraldr leva les yeux vers Ulfr et Halldor.
    — Il est temps que je reçoive notre visiteur. Et faites-moi préparer une des plus belles robes de Hakon. Ce soir, je dîne avec Nicéphore Argyros.
    Maria posa les mains à plat sur la puissante poitrine d’Alexandros et attendit qu’il ne bouge plus. Elle ne regarda pas son visage. Elle se souleva légèrement et le pénis devenu mou glissa d’elle. Elle enjamba le corps de l’homme et se dirigea, nue, vers son antichambre. Sa poitrine était encore rouge de passion, ses cheveux mêlés. Giorgios, morose, était assis devant la petite table à plateau d’ivoire, les yeux posés sur ses longs doigts fins. Maria s’assit près de lui et lui prit la main ; elle était sans vie, incapable de répondre à sa caresse.
    — Je t’aime, murmura-t-elle.
    Alexandros entra, nu lui aussi, et sa virilité ballottait comme un étendard. Maria se redressa. Alexandros se mit derrière elle, l’embrassa dans le cou et durcit ses seins du bout des doigts. Au bout d’un instant, elle se dégagea.
    — Nous allons passer une soirée extraordinaire, dit-elle. Nous allons chez Nicéphore Argyros.
    Tout le monde à Constantinople connaissait ce nom. Argyros était un ancien commandant militaire de province devenu le marchand le plus riche de Byzance. On le croyait même plus riche que l’empereur – mais on disait la même chose de plusieurs dynatoï. Argyros était en fait le seul marchand capable de persuader les augustes dynatoï de dîner dans son palais de la ville – en tout cas ceux d’entre eux qui, par la suite de mésaventures financières, avaient été contraints de lui emprunter de l’argent. Le mélange des classes – et des sexes – aux dîners d’Argyros était considéré comme un scandale en soi ; on n’évoquait jamais ses réceptions sans énumérer un catalogue de vices, bien que ces ragots fussent manifestement faux, ou à tout le moins fort exagérés.
    — On m’a dit qu’Argyros avait fait venir un célèbre ermite de Cappadoce. Il paraît qu’il n’a pas quitté sa grotte depuis l’enfance du Bulgaroctone, mais je n’en crois rien. Il nous portera bonheur. Et Argyros va nous montrer le Tauro-Scythe qui a assassiné le manglavite. Je crois que c’est la dernière occasion que nous aurons de le voir.
    Alexandros parut emballé par cette attraction. Même Giorgios pencha la tête avec intérêt.
    — Je vais emmener toutes mes jeunes dames de compagnie, pour qu’elles puissent le voir, et l’hétaïrarque a accepté de venir pour me servir d’interprète, bien qu’Argyros ait aussi quelqu’un.
    Alexandros parut contrarié par la présence de l’hétaïrarque ; on racontait que Maria s’était autrefois entichée de lui.
    — Quand nous partirons de chez Argyros, poursuivit Maria, je renverrai mes dames avec l’hétaïrarque et nous irons tous les trois dans cette fameuse auberge du quartier vénitien.
    Alexandros et Giorgios échangèrent un regard inquiet. Le quartier vénitien, fréquenté par le contingent nombreux des commerçants de Venise, était presque aussi notoirement louche que les bas-fonds du Stoudion, quoique beaucoup moins vaste. Les marins de Venise passaient pour de vrais sauvages, et les seules femmes qui se risquaient dans les parages étaient les prostituées les plus usées et les plus ravagées par la maladie, car elles ne trouvaient aucune clientèle ailleurs. Maria avait exprimé plusieurs fois un intérêt morbide pour une auberge du quartier vénitien, où l’on disait que ces femmes « servaient » leurs clients sur le dessus des tables.
    — Je ne crois pas que

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