Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
Vom Netzwerk:
qu’il te faut pour parvenir à tes fins. Mais pourquoi chaque réponse que tu obtiens engendre-t-elle de nouvelles questions ? Qui est Nicéphore Argyros ? Et qu’est-ce que les Griks ne veulent pas que tu voies ? »
    À la fin de son bain, Haraldr fut essuyé et frotté à l’huile parfumée, puis vêtu d’une longue tunique de soie blanche très fine. Le col haut était piqueté de broderies lourdes. Dans le vestibule de marbre, deux eunuques, d’une corpulence surprenante, l’attendaient aux côtés de l’eunuque squelettique, qui pencha la tête pour regarder Haraldr – comme s’il s’agissait d’un cadavre mutilé. Il se tourna vers les deux autres et pinça les lèvres en une expression d’approbation blasée. Puis ses minces épaules frémirent légèrement et il fila.
    Les deux gros eunuques prirent Haraldr par le coude, fermement mais avec égards. Ils passèrent sous un vaste portique inondé de soleil, puis il tourna à gauche et comprit où il se trouvait : dans la ville magique à l’intérieur de la Grande Ville, dans la résidence de l’empereur.
    Les eunuques conduisirent Haraldr vers le prodigieux bâtiment qui s’élevait devant eux : six colonnes blanches tellement énormes que si elles avaient été creuses, on aurait pu construire une chambre à l’intérieur, soutenaient un plafond de marbre à une hauteur vertigineuse. Sous le portique, les doubles portes d’argent hautes de deux étages, décorées d’aigles à la tête féroce, étaient entourées par un demi-cercle d’hommes aux yeux noirs, en plastron et casque d’acier parfaitement immobiles. Haraldr étudia leurs traits insolites : c’étaient des Khazars, originaires du pays de Serah. Le cercle s’écarta un instant pour laisser passer Haraldr et son escorte, les énormes portes glissèrent sans plus de bruit que celles du bain.
    Le paradis. Ce n’était pas seulement l’immensité de la salle, mais sa splendeur : des colonnes de marbre d’un blanc de perle couronnées par des chapiteaux couleur de prune décorés de feuillages et de fleurs en bouton, des lustres qui ressemblaient à des nuages d’argent parsemés de cristaux de glace…
    Tout le fond de la salle était recouvert d’une immense draperie pourpre damassée, brodée de centaines d’énormes aigles en or. Comme une sorte de tunnel sous les lustres, deux rangs de soldats en armures dorées portaient des étendards surmontés d’aigles et de dragons d’or. Un homme seul se tenait à l’extrémité de cette haie, juste devant le point où les pans des rideaux se joignaient. Le cœur de Haraldr se serra.
    L’homme était aussi grand et large d’épaules que Hakon. Il portait un plastron d’or et un casque d’or à plumet avec des plaques de métal qui se repliaient le long de ses joues et dissimulaient tout son visage hormis des éclats de bleu par les fentes des yeux. Un garde varègue, certainement, et très probablement Mar Hunrodarson lui-même.
    Le Varègue se tenait parfaitement immobile, une énorme hache d’armes à lame d’argent mêlée d’or contre sa poitrine. Haraldr chercha dans l’éclat irréel visible par les fentes du casque une expression de haine, ou un signe de reconnaissance. Mais les iris restèrent aussi immobiles que des bouts de verre.
    Le rideau s’écarta légèrement et Haraldr, toujours sous la conduite des eunuques, passa devant le Varègue rigide. Le reste se déroula ainsi qu’un épisode de folie dans un rêve fantastique. Il entra dans une vaste salle au parfum de rose, couverte de nombreux dômes, dans laquelle résonnaient les échos d’une puissante musique dont il perçut le rythme jusque dans ses os. La salle était pleine d’un arc-en-ciel vivant : des centaines de silhouettes vêtues de soie et couvertes de bijoux, parfaitement immobiles, disposées en demi-cercles concentriques, chacun d’une couleur différente. L’arc-en-ciel était brisé en son milieu par une grande masse d’or incandescent : un trône imposant, flanqué par deux grands arbres aux feuilles d’or fin. Des oiseaux de pierres précieuses étaient perchés sur les branches dorées. Haraldr s’avança, les oiseaux se mirent à chanter une mélodie surnaturelle en penchant leur tête brillante et en battant des ailes. Les Griks avaient donné à ces créatures d’or et d’émail le pouvoir du mouvement et de la voix. Puis des animaux, derrière les arbres, apparurent soudain et Haraldr pâlit. Des lions ! les

Weitere Kostenlose Bücher