Byzance
et regarda Haraldr.
— Immédiatement.
Puis il lâcha la manche de soie de Haraldr. Les deux gros eunuques le firent pivoter sur place et l’entraînèrent.
— Si je l’ai mis dehors ? demanda Halldor. Non. Ne vous inquiétez pas à ce sujet. J’ai essayé d’obtenir de lui des renseignements depuis une heure. Il papote comme un rongeur, mais pour ne rien dire. Ces Griks ne sont pas très avenants avec les étrangers. Mais il prétend que son maître, Nicéphore Argyros, en sait long. Il dit même que vous avez vu l’empereur et qu’il a accordé ce qu’il appelle « une amnistie conditionnelle ». Il dit que nous sommes libres d’accepter des emplois privés. C’est la raison de sa présence. Il dit que Nicéphore Argyros vous invite à dîner avec lui ce soir pour discuter de sa proposition.
Haraldr se tourna vers Ulfr – celui-ci semblait visiblement soulagé du retour de leur chef, alors que Halldor dissimulait comme toujours ses sentiments. Il acquiesça. Oui, ce Nicéphore Argyros en savait long. Haraldr venait de quitter l’empereur et Argyros avait dû envoyer son émissaire presque aussitôt.
— Espérons que le reste de ses renseignements sera aussi bon, dit Halldor.
Il prit Haraldr par le bras et l’entraîna, ainsi qu’Ulfr, dans une pièce qui avait dû servir de réserve – les étagères de bois étaient vides. Il ferma la porte et baissa la voix.
— Quand Hakon nous a recrutés, il nous a fait croire qu’après une brève période d’entraînement, ceux d’entre nous qui se qualifieraient seraient admis dans la Garde varègue de l’empereur. Selon la Marmotte, c’est impossible. Non seulement les membres de la Garde doivent accomplir une période de service en dehors de la Grande Ville, mais pour entrer dans la Garde, ils doivent payer une commission d’entrée. J’ai demandé le prix, et comme je ne connais pas la valeur de la monnaie grecque, j’ai ouvert le coffre de Hakon et montré à la Marmotte une des pièces d’or. Il m’a ri au nez. Il a fouillé dans le coffre et en a sorti la ceinture de Hakon, celle qui est entièrement couverte de centaines de pièces d’or : « À peu près cela, m’a-t-il dit.
— Tu veux dire pour tous les cinq cents ? » lui ai-je demandé. Il a de nouveau éclaté de rire. Tout l’or de la ceinture de Hakon devrait à peine suffire à payer la commission d’un seul homme.
Haraldr demeura incrédule. Il y avait sur la ceinture de Hakon assez d’or pour acheter plusieurs cantons en Norvège. Et il fallait que chacun paie cela pour servir l’empereur ?
— D’après la Marmotte, Hakon n’avait nullement l’intention de nous faire entrer dans la Garde. Son plan était de louer nos services pour les campagnes de l’empereur, de nous verser quelques pièces d’argent, et de garder le reste pour lui. En plus de la prime qu’on lui verserait pour le recrutement. Si nous avions protesté pour nos salaires, il nous aurait fait envoyer dans une expédition lointaine, en Serkland ou ailleurs, sans espoir de retour. La Marmotte prétend qu’il l’a déjà fait avec d’autres groupes de recrues, plus petits, les années précédentes.
— L’empereur le permet ? demanda Haraldr. Je n’aimerais pas payer un filou pour me protéger.
— Peut-être l’empereur n’est-il pas au courant ? avança Ulfr.
« Peut-être, songea Haraldr. Et quoi d’autre échappe à la connaissance de l’empereur et peut-être aussi à son autorité ? Le conseil que m’a fait transmettre l’empereur aujourd’hui était-il une menace ou une mise en garde ? Et s’il s’agissait d’une mise en garde, n’est-il pas possible que l’empereur et moi ayons le même ennemi ? »
— Pourrais-tu découvrir quel rôle joue Mar Hunrodarson dans tout cela ? demanda Haraldr.
Halldor secoua la tête.
— Quand j’ai prononcé le nom de Mar Hunrodarson devant la Marmotte, j’ai cru qu’il allait décamper de la pièce. Comme si j’avais conjuré un démon.
— J’ai l’impression, dit Ulfr, que selon les normes des Griks, Hakon n’était qu’un sous-fifre. Mar Hunrodarson, en revanche, a l’oreille des dieux.
— Tu as peut-être raison sur ce point, Ulfr, répondit Haraldr.
Puis il raconta le message qu’il avait reçu en présence de l’empereur.
Si les Griks aiment la ruse, quelle ruse conviendrait mieux à cet homme-dieu que de prendre pour sa garde personnelle un homme à qui on ne peut pas faire
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