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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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créatures des dieux. Les grands fauves s’avancèrent pour le dévorer, queues fouettant le sol et mâchoires béantes. Ils rugirent comme les trompettes du Jugement Dernier, et Haraldr chercha machinalement le pommeau de l’épée qu’il avait été obligé de laisser à la caserne.
    Les lions s’arrêtèrent comme si les dieux les avaient changés en pierre. La raison essaya de s’imposer aux sens ébahis de Haraldr. Pas en pierre, en métal. Les lions étaient d’incroyables créatures de métal. Mais cette conclusion ne calma pas sa frayeur. Quelle sorcellerie, quelle science, possédait donc cet empereur ?
    L’énorme trône était couvert d’un dais de satin pourpre et incrusté de pierreries et de perles blanches irisées. Le dieu qui aurait dû occuper ce siège grandiose n’était pas présent. À la place, un homme mécanique était assis sur un côté du vaste coussin. Son corps était de métal. Non, il était revêtu d’une longue tunique de brocart pourpre, raide, couverte d’un labyrinthe de pierres précieuses, avec des aigles brodés au fil d’or. Il portait une coiffure semblable à un casque, garnie de bijoux, et aucun ciel d’hiver n’eut jamais autant d’étoiles brillantes que ce casque : les pierreries tombaient en cascade de la couronne sur les joues mécaniques, étrangement humaines. Les yeux artificiels étaient des agates merveilleusement polies. Kristr ! Pas des agates. Ces yeux bougeaient ! Ils étaient luisants de vie. Cet homme était vivant ! Non, pas un homme. Un dieu. Peut-être Kristr conquérant en personne.
    Les deux eunuques jetèrent Haraldr contre terre et se prosternèrent à ses côtés. Ce rituel de soumission se reproduisit trois fois. Puis les eunuques mirent Haraldr sur ses pieds. Il leva les yeux, Kristr le regardait de sa position au-dessus de tous les mortels. « Si c’est l’empereur, se dit-il, peu importe qu’il ne soit pas le Kristr immortel, c’est un homme fait dieu, avec le pouvoir des dieux. »
    Un eunuque âgé, en robe ourlée d’or, s’avança lentement : des taches de vieillesse parsemaient sa tête chauve. Il regarda Haraldr dans les yeux et son regard ferme contrastait nettement avec la condescendance des subalternes qui affectaient de se détourner. Les yeux de l’eunuque, d’un gris pâle, étaient tristes, las et vieillis, comme s’ils avaient vu les tracas d’une dizaine de vies. Il fit signe à Haraldr de baisser la tête, puis se mit à parler à voix basse près de l’oreille de Haraldr. Il parlait couramment la langue du Nord.
    — Votre Père, le Seigneur du Monde entier, empereur, basileus et autocrate des Romains, vous salue. Sa Majesté impériale a pris un intérêt personnel à la question de la mort du manglavite.
    Le corps de Haraldr se mit à trembler comme s’il était ensorcelé.
    — Après avoir ordonné aux officiers de la cour de relever des témoignages sur cette affaire, et reçu leurs conclusions, il a ordonné au logothète du prétoire de clore ses dossiers concernant l’incident du trois juin, cinquième année de l’indiction, année de la Création six mille cinq cent trente-trois. Votre Père, l’empereur, vous offre des conditions probatoires, sujettes à révocation sommaire. Vous pouvez passer l’hiver ici, mais vous ne serez pas reçu de nouveau au palais. Ni vous ni vos hommes ne pourront être admis sous les étendards de l’empire tant que vos dossiers ne seront pas présentés de nouveau au logothète du prétoire.
    L’eunuque s’interrompit et la peau mince, veinée de bleu, de son front se plissa.
    — Ce sera dans environ huit mois, avant les campagnes de printemps. Pendant cette période, vous ne pourrez retourner dans la ville que pour des emplois privés approuvés par le logothète du symponos.
    « J’ai été en partie pardonné, songea Haraldr, de plus en plus soulagé. Mais pour des raisons manifestes, l’empereur doute encore de ma loyauté et de celle de mes hommes. Des emplois privés ? S’agirait-il de la mystérieuse proposition de Nicéphore Argyros ? »
    L’eunuque âgé tira Haraldr par la manche pour qu’il se rapproche davantage.
    — Telle est la position officielle de Sa Majesté impériale. Les yeux pâles errèrent un instant, puis sa voix baissa à un niveau à peine audible.
    — À titre privé, Sa Majesté impériale suggère que vous feriez bien de quitter la Reine des Villes, et d’ailleurs l’Empire romain.
    Il marqua un temps

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