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Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
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toucher. Sans parler des quatre ou cinq qu’il faudrait rembourser. Et cet Haraldr Nordbrikt qui se prenait pour le Christ Roi chassant les marchands du Temple ! D’un autre côté, Haraldr lui avait donné la même part de butin qu’aux Varègues, c’est-à-dire dix fois le salaire qu’il recevait de Nicéphore Argyros. La Marmotte se décida très vite. Il leva les deux bras et chassa les marchands comme une paysanne repousserait un troupeau de bœufs en train d’envahir son jardin potager.
    — Dehors ! Dehors ! Plus vite que ça ! Vite. Le massacreur de Sarrasins vous chasse. Vous l’avez mis en fureur avec vos marchandises frelatées et vos prétentions ridicules. Filez vite avant qu’il ne dégaine son épée magique. Dehors ! Sauvez-vous !
    Haraldr porta les mains à ses oreilles pour étouffer les cris de protestation et se retira dans la caserne. Halldor, assis sur sa couchette, feuilletait une liasse de parchemins.
    — La Marmotte me l’a décrit. Un chantier naval au pays des Lombards – en Italie, comme disent les Romains. Une propriété, à un endroit qui s’appelle Mélitène, quelque part par là, en Serkland. Le domaine comprend dix villages entiers. Et il y a au moins soixante belles occasions, ici même, à Constantinople. Une fabrique de bougies. Un palais situé à une rue de celui de Nicéphore Argyros. Une maison de robes noires, ou monastère, qui comprend un « mortuaire » de construction récente : c’est l’endroit où ils préparent les cadavres pour l’enterrement. Je pense qu’il y a de l’argent à gagner dans ce truc-là.
    Haraldr poussa un grognement et s’assit sur son lit. Depuis deux jours qu’ils étaient rentrés, de retour dans leur caserne du quartier Saint-Mammas, combien d’agents leur avaient offert des « bonnes affaires » de ce genre ? Une centaine ? Et cent autres hurlaient en ce moment dans la cour comme une meute de loups avec un caribou en vue. Sans parler des simples curieux qui montaient la garde à l’extérieur. Thorir, d’Uppsala, avait franchi le portail pour aller chercher un ballon qu’il avait lancé par-dessus le mur, et la masse d’hommes, de femmes et d’enfants appartenant à au moins une demi-douzaine de nationalités s’était avancée vers lui pour toucher sa tunique. Il avait failli mourir de peur. Ils avaient apparemment pris le grand Suédois au visage lunaire pour le célèbre Haraldr, massacreur de Sarrasins.
    — On nous invite aussi à acheter une autre sorte de propriété, lança Ulfr qui descendait de la galerie de l’étage. Les Romains les appellent « les dames du toit », mais je ne vois vraiment pas pourquoi puisqu’elles sont toujours dans les rues. En tout cas elles sont toutes dans notre rue. En ce moment, il y a au moins trois putes bariolées devant la porte pour chacun des hommes à l’intérieur. À ne pas croire. Toute la circulation est bloquée.
    Ulfr n’ajouta pas qu’à côté du vacarme de la rue, les clameurs d’une bataille faisaient songer à la musique d’un ruisseau de montagne.
    — Bah, on peut laisser entrer les putes, dit Halldor.
    — Halldor a peut-être raison, Haraldr…
    Ulfr se tourna vers la cour où les Varègues s’amusaient avec les babioles qu’ils avaient achetées, jouaient aux dés, se bagarraient et lançaient des couteaux et des haches.
    — Ce serait une occupation comme une autre, et cela éviterait les disputes.
    Haraldr baissa les yeux vers le dallage de marbre. Si Odin et Kristr ne lui avaient pas accordé le succès dans son coup d’audace, il aurait déjà perdu la confiance de ses hommes liges. Il secoua la tête.
    — Je ne comprends rien. Rien. Pas un mot des autorités impériales, en dehors de cet eunuque du fisc qui est venu compter notre or. Nicéphore Argyros a seulement envoyé cette lèpre de marchands, dont la plupart représentent sans doute ses propres affaires. Ces rapaces dévoreurs d’or nous considèrent comme de simples pigeons à plumer. Même pas un mot de rivaux d’Argyros qui tenteraient de nous détacher de lui pour engager nos services.
    — Croyez-moi, Haraldr, vous avez l’allégeance absolue de vos hommes, lui dit Ulfr.
    Haraldr sourit, reconnaissant envers ses deux amis fidèles mais incapable de partager leur foi en lui. Il avait cru que sa fortune de fraîche date lui ouvrirait aussitôt les portes du Palais impérial. Et il avait espéré en secret que même Mar, impressionné par son coup,

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