Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Byzance

Byzance

Titel: Byzance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michael Ennis
Vom Netzwerk:
achètent illégalement des centaines, des milliers de petites propriétés et les réunissent en vastes domaines.
    Ostenson secoua la tête.
    — Les paysans se trouvent mieux lotis comme serfs sur le domaine d’un dynatoï que propriétaires de leur propre ferme ?… Dans ce cas, cet agent du fisc est l’un des vampires qui transforment ces soldats-laboureurs en esclaves. Pas étonnant que l’empereur désire faire de lui un exemple.
    Mar sourit. Ostenson était vraiment novice dans la façon de raisonner des Romains.
    — Ta conclusion paraît logique. Mais ne te fie jamais à la logique quand tu essaies de percer les intentions des Romains. Ce n’est pas l’empereur qui nous a envoyé cette épave, ce sont les dynatoï. Avec une douzaine d’autres agents du fisc venant d’autres districts et d’autres thèmes.
    — Pourquoi ?
    Ostenson avait l’air d’un gamin qui joue aux échecs pour la première fois en face d’un maître. Les lèvres de Mar ébauchèrent un sourire d’une ironie amère.
    — Ce malheureux idiot a protesté officiellement contre l’annexion de petites propriétés aux deux plus grands domaines de son district. Le juge local a aussitôt inculpé ce fauteur de troubles de fraude et de concussion. Les dynatoï l’ont alors envoyé à la capitale recevoir son châtiment, pour que la nouvelle se répande parmi tous les agents fiscaux scrupuleux de l’empire.
    Ostenson était assez fin pour ne pas demander pourquoi l’empereur permettait aux dynatoï de lui voler des impôts et des hommes. Il posa une question moins évidente.
    — Je ne vois pas quel intérêt nous avons à jouer le jeu des dynatoï.
    Mar pencha la tête.
    — La disparition des soldats-laboureurs affaiblit inexorablement les armées des provinces. La Taghmata impériale aura donc de plus en plus besoin du soutien de mercenaires étrangers. Étant donné ma dévotion à notre Père l’empereur et aux idéaux de Rome, je désire que l’armée romaine se compose des meilleurs soldats qui existent sur cette terre.
    Mar s’arrêta et montra pendant un instant ses dents parfaites.
    — Les hommes du Nord.
    Ostenson baissa les yeux vers le dos tremblant de Jean Choniatès.
    — Donc ce maudit bougre mérite doublement son châtiment, dit-il. Que prévoit la sentence ?
    Mar tendit deux doigts en forme de V et les porta à ses yeux.
    — Emmène-le dans les sous-sols de la prison de la Numéra et crève-lui les yeux au fer rouge. Ensuite, tu le feras porter à l’Augustaïon, tu l’enchaîneras la tête en bas entre deux colonnes et tu laisseras le bas peuple de la Grande Ville lui témoigner sa charité.
    Ostenson souleva l’agent fiscal qui gémissait et le traîna hors de la pièce. Aussitôt après, un décurion de la Grande Hétaïrie apparut. Il remit à Mar un document scellé. Mar examina les sceaux de plomb qui pendaient au bout du ruban. Dès qu’il eut identifié l’auteur de la missive, il enleva le sceau avec mépris.
    Mar considérait le grand domestique Bardas Dalasséna, chef suprême de la Taghmata impériale, comme un coq toujours occupé à se rengorger qui occupait sa position uniquement parce qu’il était prêt à en occuper une autre – la position accroupie – chaque fois que les dynatoï avaient besoin de protéger leurs domaines. Le grand domestique s’était élevé avec véhémence contre les tentatives de Mar de recruter d’autres hommes du Nord dans l’armée romaine. Mar s’attendait donc à de nouvelles protestations contre ses pétitions pour augmenter les effectifs de la Garde varègue. Mais dès qu’il commença de lire, son front se plissa. Que signifiait ceci  ? Le grand domestique proposait à Mar de faire abstraction de leurs vieilles querelles pour joindre leurs forces contre l’ascension vertigineuse du compatriote tauro-scythe de Mar, Haraldr Nordbrikt. Quoi ? Mar avait été sincèrement ravi du succès de Haraldr Sigurdarson. Désormais, le jeune prince fugitif pourrait contribuer aux ambitions de Mar, non seulement par son titre mais par sa nouvelle fortune. Et pourquoi priver le jeune homme du désir d’augmenter sa richesse déjà considérable ? Tout ce que gagne l’esclave, le maître le garde. Mar secoua la tête. « Dalasséna, se dit-il, est encore plus idiot que je ne le pensais. »
    Non… Aucun homme ne parvient au rang de magister sans un minimum de ruse, même s’il l’a acquise seulement en singeant les maîtres qu’il sert.

Weitere Kostenlose Bücher