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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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qui y allez ! » Bref, il n’est pas rassuré. Il faut dire qu’il a très peu l’occasion de faire de la télévision, et qu’il n’est pas un familier de l’écran.

    Aujourd’hui, dans L’Humanité , un article non signé sur le fameux document du Parti communiste tchèque du 10 décembre. Une fois de plus, le parti français donne tort au PC tchèque, qui accepte – que dis-je, accepte ? qui glorifie – l’entrée des troupes soviétiques en Tchécoslovaquie : « Le document, dit le texte du PCF, introduit dans la conception de la souveraineté nationale des États socialistes des éléments qui n’appartiennent pas aux principes du mouvement communiste international tels qu’ils ont été définis en commun par la conférence internationale des partis communistes et ouvriers de juin 1969. »

    19 janvier
    François Mitterrand hier à « Armes égales ». Ai-je donc perdu tout esprit critique ? Je l’ai trouvé bien, moi, ni ironique ni agressif. Dominant son agressivité et sa violence interne.

    19 janvier (suite)
    Conférence de presse de Georges Pompidou à l’Élysée. Il apparaît un peu vieilli, très grimé, la voix sourde, les yeux étrangement bridés. C’est la première fois que je participe à cette cérémonie, parce que c’en est une. Je trouve cela beaucoup plus impressionnant que je ne le pensais. Il doit parler essentiellement de l’Europe et du plan Werner. Et c’est effectivement par cela qu’il commence. En prenant ses distances vis-à-vis de l’Amérique : « Le pouvoir, sous la IV e  République, était à Washington. Les temps ont changé, les nations européennes ont refait leur unité et leur monnaie. »
    Ce n’est pas une raison, selon lui, pour renoncer au « rêve européen ».
    L’entrée de la Grande-Bretagne dans l’Europe ? Là, distance prise à l’égard du général de Gaulle : « La France souhaite l’entrée de la Grande-Bretagne dans le Marché commun, et elle y croit. C’est toujours ma position : les Anglais, on leur reconnaît trois qualités, l’humour, la ténacité, le réalisme. Nous sommes, dit-il, un peu au stade de l’humour, je ne doute pas que la ténacité s’ensuive, et j’espère que viendra et triomphera le réalisme. »
    Et de citer Rimbaud :
    «  Ah que les temps viennent
             Où les cœurs s’éprennent...  »
    Je note, pendant qu’il aborde l’un après l’autre tous les sujets internationaux, que seuls les journalistes les plus connus posent des questions, ce qui accroît le côté officiel de la cérémonie. J’admire cependant, dans la forme surtout, les réponses de Pompidou : phrases élaborées, rédigées, équilibrées, comme pour un livre. C’est une conférence de presse de normalien.
    C’est Jean Ferniot, justement, qui lui pose la question sur Jacques Chaban-Delmas, et lui demande si on peut, pour résumer les choses, dire que Chaban est progressiste, tandis que lui, Pompidou, serait conservateur. Réponse de Pompidou : « Si j’ai désigné Jacques Chaban-Delmas, c’est que j’avais pour lui estime, confiance et amitié. Réformateur, conservateur, vous m’incitez à la réflexion sur moi-même. Le général de Gaulle passait pour réformateur et pas pour révolutionnaire. Lorsqu’il a décolonisé l’Afrique noire en 1958, il a commencé par modifier les textes et je crois pouvoir dire que j’y ai été pour quelque chose. En 1959, il s’est adressé à moi pour négocier l’indépendance avec le FLN. J’ai accepté, bien que la mission ne me fût pas très agréable. En 1962, enfin, au lendemain du Petit-Clamart, le Général m’a dit : “Je vais frapper un grand coup.” Il s’agissait de l’élection du président de la République au suffrage universel. Je lui ai dit que j’étais du même avis et que j’irais au combat avec lui. »
    Sa conclusion : « Alors il faut être prétentieux pour se poser en réformateur. Et bien modeste pour se poser en conservateur. »
    Question sur l’ouverture. Réponse : « J’ai une conception de la vie politique qui m’amène à penser avoir l’esprit ouvert. Cela dit, dans notre régime tel qu’il existe, le président de la République est la clef de voûte du système ; il est souhaitable et normal que la majorité se calque sur la majorité qui l’a porté à la présidence. »
    Il ajoute : « Il y a intérêt à ce que tout le monde, dans ce système, ne soit pas du même avis. Une

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