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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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débat », ce qui est chez lui une façon de le compliquer. Ce qu’il affirme me semble néanmoins assez vrai : « Les partis d’opposition, sans aucune exception, ont tous les moyens à leur disposition pour rendre l’échéance des municipales importante et claire. » Pourquoi ? Parce qu’ils se sont tous déclarés d’accord sur les principes essentiels du pouvoir régional, c’est-à-dire l’existence d’assemblées élues au suffrage universel et le transfert des ressources financières vers le pouvoir régional. Conclusion : « Il faut exploiter cet accord pour faire des élections claires. »
    Une fois de plus, il est trop rationnel dans son analyse : l’accord dont il parle n’empêche pas les querelles de quartiers et les jalousies de circonscriptions.
    La description qu’il fait de la situation française est presque apocalyptique : « L’UDR fait de ce pays un pays sous-développé. Le pouvoir étatique est en train de perdre la France. Il y a aujourd’hui un danger public : le monopole du pouvoir à l’UDR. Si les futures municipales débouchaient sur de nouvelles conquêtes UDR, nous continuerions sur la voie du déclin. »
    Et de stigmatiser les socialistes, qui refusent, comme à Rouen, par exemple, de faire liste commune avec Lecanuet.

    4 février
    Journées d’études des présidents de conseils généraux.
    Ils veulent bien de la région, mais à condition qu’elle « procède du département ». Raymond Marcellin 7 , qui représente le gouvernement, se lance dans une charge inouïe contre les réformateurs, « qui n’ont aucune expérience de gestion municipale ». Et il en profite pour faire à sa manière le portrait de Jean-Jacques Servan-Schreiber : « Il y a les réformateurs technocrates. Par leurs appréciations hautaines, ils nous rappellent les Trissotin. Et puis il y a les réformateurs mirobolants : tous ces réformateurs simplistes ont en commun la prétention. »
    Maurice Faure se fâche ou fait mine de se fâcher tout rouge : « Mais enfin, crie-t-il de la salle, c’est excessif ! Et ridicule, de surcroît. » Suit un long discours où il essaie de concilier les nouveaux pouvoirs accordés aux régions et les anciennes prérogatives du département. La querelle ne fait que commencer.
    Commentaire à la tribune de Maurice Faure : « J’ai davantage apprécié les propos constructifs que l’exorde polémique qui les a précédés. J’adore Molière, mais Marcellin n’est pas un acteur du Français. »

    9 février
    Robert Grossmann, le président du Mouvement des jeunes gaullistes, vient, tout juste avant sa conférence de presse, ce matin, de se faire interdire par Jacques Chirac de parler des municipales avant que les secrétaires généraux de la majorité le fassent. Le pauvre Grosmann s’époumone donc pour faire du bruit, sans parler des municipales. Il fait des périphrases, annonce qu’il va parler des élections... pour ne pas en parler, finalement.

    11 février. Comité central de l’UDR
    Un petit guide bleu a été distribué à tous les membres du comité central. C’est le guide pratique du candidat. Il précise, pour ceux qui l’auraient oubliée, la position de l’UDR dans la bataille. Une position de principe : « C’est pour ôter aux vieux partis politiques, prisonniers de leur idéologie ou de leurs intérêts sectaires, des intérêts pas ou mal assumés que la V e  République a été proposée aux Français. »
    Au passage, définition de l’ouverture : la majorité est ouverte à ceux qui ont pris position en faveur de l’élection de Georges Pompidou à la présidence de la République.

    12 février
    J’ai déjà oublié tout ce que m’a dit Jacques Chirac la semaine dernière. À peu près tout sauf ce qu’il a raconté sur F-X Ortoli : au début de février, il a brutalement refusé de se présenter à Lille, ce qui était prévu. Chaban appelle Chirac et lui dit : « Ortoli cale, allez à Lille demain samedi et annoncez la candidature de Billecocq 8 . » Chirac dit oui, part pour Ussel, d’où il appelle Ortoli à Lille : « Tu ne te rends pas compte : dans le contexte actuel, tout le monde croira que Georges Pompidou te désavoue sur les négociations pétrolières. C’est de la folie, pour ta carrière politique, de te retirer maintenant ! Si tu échoues à Lille après t’être battu, c’est ennuyeux pour toi, mais ta carrière n’est pas fichue. Mais, si tu n’oses pas

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