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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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y aller, tu ne t’en remettras jamais. » Ortoli réfléchit, puis se dit convaincu. Et Chirac, quelques minutes après, rappelle Chaban pour lui dire : « Il se présente ! »
    Colère de Chaban, qui éclate : « Non seulement la France rigole devant ses négociations financières, mais en plus il fait échouer ma politique contractuelle avec ses conneries à Foulquemont. Tout cela pour terminer dans une débâche à Lille ! Ah, si j’avais des grenades ! »

    Déjeuné avec François Mitterrand en compagnie de Catherine et d’Irène 9 . Un Mitterrand très en forme (tu parles, trois femmes !). Irène le trouve trop onctueux pour « passer la rampe ». Moi, me laissant une fois de plus à écouter le fil de son discours, le balancement de ses phrases. Catherine, pas séduite du tout : sculpturale et froide comme un glaçon.
    Pour lui, pour le Parti socialiste, tout se joue entre le mois de juin 1971, celui de l’unité, et le mois de décembre. Un but prioritaire : le changement sociologique du Parti socialiste. Il fait le portrait d’un socialiste d’aujourd’hui : « Un employé des Postes qui ne distribue pas de lettres et qui, dans une arrière-salle de café, tient, minable, des propos interminables sur la société. Si notre recrutement ne devient pas différent, si nous ne touchons pas l’ingénieur, le technicien, le cadre, le “producteur”, les vrais participants de la société, alors nous sommes perdus.
    — C’est le pari, lui fais-je remarquer, qu’a tenté en 1960 le PSU première manière.
    — Oui, répond-il, mais c’est le pari qu’il a perdu. Ce pari, Valéry Giscard d’Estaing l’a tenté lui aussi, mais il est clair qu’un ministre des Finances ne peut le réussir. Jean-Jacques Servan-Schreiber l’a joué aussi, et c’est celui qui s’est le plus approché de la réussite, mais il s’est enfoncé dans un poujadisme pour cadres. Côté Michel Rocard : personne ne peut se reconnaître dans des gens dont une partie conteste la société dans laquelle ils vivent. C’est cette conquête qu’il nous faut réussir, faute de quoi nous perdrons. »

    15 février
    Les conflits électoraux à l’intérieur de la majorité :
    À Paris, Jacques Dominati ne sera pas investi contre Pierre-Charles Krieg. (Mais Pierre-Christian Taittinger, oui.) Chaban avait promis à Giscard que Dominati pouvait se présenter. Chirac ne le désire pas : « Pas de cadeau inutile ! » commente-t-il.
    Coup de téléphone de Roger Chinaud 10  : rien ne va plus entre les Républicains indépendants, ceux de Poniatowski et de Giscard, et les Indépendants de Camille Laurens. Le différend, on s’en douterait, est électoral. Les Indépendants CNI accusent Ponia de ne pas leur avoir accordé assez de place (3 sur Paris). En somme, le CNI reproche aux Républicains indépendants ce que ceux-ci reprochent à l’UDR !

    16 février
    Apéritif-débat autour de René Tomasini, qui se dit frappé par le divorce entre le mouvement et les parlementaires. C’est curieusement sur l’ORTF qu’il se départ de sa jovialité. Ce qu’il reproche à la télévision française, « c’est de toujours ne chercher et ne mettre en valeur que les aspects négatifs de la société française. C’est d’être à l’affût de tout ce qui est bizarre, décevant... » (suivent dix adjectifs de ce style). Il continue devant un parterre de journalistes qui n’en croient pas leurs oreilles : « Pour l’information, nous sommes favorables à la liberté, mais Info Première est domestiquée par les adversaires de la liberté. Nous payons une redevance. La télévision ne s’adresse pas à quelques milliers de personnes qui font de la politique, mais à des gens étrangers aux ficelles de la politique et qui, par conséquent, sont conduits à avoir un jugement déformé. Nous voulons une information véridique et honnête. »
    Alors que nous sommes stupéfaits, il poursuit, sentant qu’il va trop loin : « Je sais que, dans ce domaine, le Premier ministre n’est pas du tout de mon avis. Dans d’autres domaines, je considère qu’il obtient des résultats positifs, mais pas en matière de télévision. Je pense qu’il s’est fourvoyé dans cette affaire. Il croit qu’avoir mis Desgraupes 11 à la tête de l’information, c’était le seul moyen de rendre crédible sa politique. Je crois qu’il a tort, que c’est la seule bavure sérieuse de sa politique. »
    Voilà l’affaire

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