Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
Vom Netzwerk:
Plus cohérent que celui de Michel Rocard, qui fait d’autant plus dans le gauchisme qu’il en est éloigné.

    28 janvier (suite)
    Léo Hamon nous reçoit à 15 h 45 au ministère de l’Information. Il sera candidat à Bures-sur-Yvette. C’est à peu près tout ce qu’on en tire, car, interrogé sur tous les sujets, il répond avec un mélange de drôlerie et de nonchalance. « L’Allemagne ? dit-il en réponse à nos questions. C’est un joli sujet... » Sur l’entrée de la Grande-Bretagne dans l’Union économique et monétaire : « Un accord est possible. »
    Ce qui est intéressant, dans son propos, c’est sa volonté de définir et de perpétuer une gauche gaulliste à l’intérieur de la majorité, d’animer une tendance distincte : « Nous voulons dire qu’il existe dans le gaullisme des thèmes de gauche ; que la notion de gauche et celle de droite ont encore un sens dans notre pays, c’est une donnée sociologique ; et qu’enfin notre état d’esprit doit se cristalliser autour d’une tendance distincte à l’intérieur de la majorité. Je ne parle pas nécessairement de scission, conclut-il, mais cela implique une existence autonome de la gauche gaulliste. »

    29 janvier. Comité central du Parti communiste à Stains
    Georges Marchais s’en prend pour la première fois nominativement et très vivement à deux dirigeants socialistes, et pas n’importe lesquels : à Gaston Defferre et à Pierre Mauroy. Et il insiste sur la possibilité qu’a le Parti communiste de s’adresser directement, au-delà des partis politiques, à la base. Il cite l’exemple du Havre, où, dit-il, un appel adressé par le maire communiste aux électeurs a reçu 30 000 réponses en moins d’une semaine. « C’est un exemple, dit-il à la sortie du comité central, où, soit dit en passant, je suis à peu près seule à l’attendre. On peut trouver d’autres actions dans ce sens, qui toutes permettraient de faire participer les électeurs à la vie politique. »
    J’en sais assez sur l’histoire du Parti communiste depuis 1920 pour comprendre que ce qu’il propose, sous une autre forme, c’est la fameuse « unité à la base » que les communistes français prônent régulièrement quand ils ne veulent pas de l’unité au sommet. J’en conclus que celle-ci bat de l’aile.
    Vu François Mitterrand, qui me renvoie à la conférence de presse de Nicole Questiaux, laquelle conduit la délégation pour l’union des socialistes, mardi prochain.

    1 er  février
    Georges Marchais et tout le bureau politique du parti ont invité la presse au restaurant le Gavroche. Costume beige (un peu trop), le sourcil trop noir qui accuse l’air brejnévien. Un air jovial, pas seulement un air : un comportement. Et, au détour de la conversation, quelques positions de principe.
    Je lui demande quelle serait la position des communistes français s’il s’avérait que le 24 e  Congrès de l’URSS était re-stalinisateur. « Je ne suis pas M me  Soleil, me répond-il, mais, si c’était le cas, nous serions totalement en désaccord. »
    C’est gros, mais il le dit en riant à dents déployées.

    2 février
    Conférence de presse de Nicole Questiaux. C’est une femme sympathique, au physique sévère, quoique dotée d’une vaste poitrine, qui n’a pas l’air de rigoler tous les jours, bénéficiant d’une grande réputation dans les milieux sociaux de gauche et qui a donc été chargée de faire l’unité des socialistes. Pourquoi elle ? Je n’en sais rien. Mais elle semble de prime abord avoir la confiance de tout le monde. Elle annonce la tenue du congrès d’unification dans la région parisienne, précise-t-elle, pour les 11, 12 et 13 juin prochains. Un congrès souverain pour déterminer les structures du nouveau rassemblement, qui donnera des garanties aux minorités et dont le règlement intérieur sera préparé par la commission qu’elle préside. L’accord des participants, dit-elle, est unanime pour préparer la « forme la plus haute, la plus juste et la plus complète » de la future organisation, « puissante, efficace, moderne, démocratique ».
    Voilà qui ne manque pas d’ambition. J’ai tellement vu la gauche se déchirer depuis des années que je suis sceptique.

    3 février
    Ce soir, réunion des radicaux avec les centristes. Jean-Jacques Servan-Schreiber a été, dit-il, absent de France (en Amérique ?) et, une fois de plus, veut « clarifier le

Weitere Kostenlose Bücher