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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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anticipées en cas de mauvais score de Chaban.
    Pour autant, Chaban a-t-il de l’avenir ? Manifestement, Delors, pourtant pessimiste, finit par y croire.
    Incroyable incident pendant le débat qui suit l’allocution de Chaban. Robert Ballanger, le président du groupe communiste à l’Assemblée, parle de l’UDR, de sa façon d’« encaisser » le référendum, et ajoute : « Je conviens que c’est un mot mal choisi pour quelques-uns d’entre eux. » Allusion, évidemment, aux « affaires » dans lesquelles se sont illustrés certains parlementaires de la majorité.
    L’ensemble des députés de la majorité, excités par Olivier Stirn 20 et un député du Loiret, Charrier, se lèvent.
    « Moi, dit Guy Mollet depuis son banc, quand on crie : “Au voleur !”, je ne me lève pas ! »
    Brouhaha, bousculade. Les députés de gauche, impassibles, ne bougent pas. Ceux de la majorité quittent l’hémicycle. Le président de l’Assemblée, Achille Peretti, suspend la séance. Depuis le banc du gouvernement, Chaban, comprenant à peine ce qui se passe, craint un instant de voir perdues, dans cet incident de séance, la crédibilité et l’efficacité de son discours.

    25 mai. Conférence de presse de François Mitterrand
    Il est 15 heures et il fait beau. Dans l’école voisine, les enfants jouent dehors et on entend leurs cris depuis la salle où nous sommes entassés.
    Tout tourne une fois de plus autour des relations avec le Parti communiste. François Mitterrand a l’intention de terminer les négociations sur le programme commun avant la fin juin.
    Mais il ne peut pas ne pas faire allusion aux polémiques qui, depuis quelques mois, sont relayées par le Parti communiste, ni, comme il le dit, « participer aux criailleries auxquelles se livre, avec une délectation satisfaite, le secrétaire général adjoint du Parti communiste 21  ».
    Le problème – parce qu’il y en a un en ce moment – tient au fait que le PC voudrait faire sortir le Parti radical de l’Union de la gauche. Affirmation nette de François Mitterrand : « Le Parti radical a été notre partenaire en 1966, en 67 et en 68. Il reste notre partenaire, s’il le veut. Et il n’est pas normal que le Parti communiste jette une exclusive sur le Parti radical en tant que tel. »
    Y a-t-il une crédibilité de l’opposition, dans ce cas ? « Nous sommes toujours prêts à nous asseoir de chaque côté de la table, jamais à passer dessous. »
    Insistant sur l’idée qu’autour de lui la majorité se défait sans que l’opposition y soit pour quelque chose, il dit : « Le discours de Chaban-Delmas était excellent, mais un bon discours à l’Assemblée nationale ne nous fait pas beaucoup d’effet. Ce qui joue en faveur de la majorité, c’est qu’il n’y a pas de force de remplacement. »
    Je comprends mieux sa rage de l’autre jour : la gauche pratique le surplace alors qu’il lui serait facile de faire tomber les murailles.Quant au PC, « il joue les oies du Capitole. Mais il n’y a pas de Capitole, il ne reste plus que les oies. C’est du mauvais travail ».
    « Heureusement que nous sommes là, rit-il (presque) jaune. Chut ! il ne faut pas le dire trop haut... »
    Pourquoi se fixe-t-il comme échéance la fin juin ? lui demande-t-on. Est-ce impératif ?
    « Ce n’est pas un diktat, répond-il. C’est politiquement raisonnable, voilà tout. »
    A-t-il confiance dans les communistes ? « Je ne cherche pas à savoir si on me trompe, mais je cherche à ce que tout se passe comme si on ne me trompait pas. »

    Le même jour, à 18 heures, comme pour annuler la portée de celle de François Mitterrand, conférence de presse de Jean-Jacques Servan-Schreiber. Qui ne va pas précisément dans le sens des propos tenus par Mitterrand en début d’après-midi. Il prend nettement position, lui, contre l’Union de la gauche.
    « Faut-il reconstituer le Front populaire ? » demande-t-il. Pour répondre évidemment : non. « Le Parti radical ne se prend pas pour le nombril du monde. Mais des décisions qu’il prend peut dépendre le sort des élections futures. En tant que président du parti, je suis, je reste étroitement fidèle à l’esprit et à la lettre du Manifeste radical 22 . Faut-il, pour présenter une alternative à l’UDR, l’Union de la gauche ? Je ne le crois pas. »
    Voilà qui affaiblit singulièrement la volonté de Mitterrand de garder les radicaux dans l’Union

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