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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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de la gauche, et donne du poids à Georges Marchais qui veut les en exclure. Je ne suis pas sûre, après cela, que le programme de l’Union de la gauche soit prêt pour la fin juin, comme le veut Mitterrand. Ou alors, sans J-J S-S...
    Tandis que celui-ci achève sa conférence de presse, quelqu’un que je ne connais pas, un radical de gauche minoritaire, Bernard Waquet, me remet un texte où il accuse le Parti radical de « virer à droite pour s’allier aux démocrates chrétiens de Lecanuet dans l’espoir d’accéder plus vite au pouvoir afin d’imposer son Manifeste, qui est un programme de gauche ».
    Si, à l’affrontement entre socialistes et radicaux, on ajoute la division interne des radicaux, l’Union de la gauche n’est pas pour demain.Ni pour après-demain. L’opposition est incapable de profiter de la faiblesse du gouvernement et des embarras de Georges Pompidou.

    6 juin
    Claude Estier m’explique longuement l’avancement du texte élaboré par les groupes de travail socialistes-communistes. Le but est de faire la liste des points d’accord entre les deux partis sous la forme de tableaux synoptiques : dans une colonne la position du Parti socialiste, en face, dans l’autre colonne, celle du Parti communiste. Quatre groupes de travail ont été constitués de manière assez classique : sur l’économie, les objectifs sociaux, les institutions et la politique internationale.
    Résumé des courses, selon Claude Estier : aucune difficulté à tomber d’accord sur les objectifs sociaux. Les négociations ont buté en réalité sur trois gros obstacles :
    • Sur les institutions, notamment sur les libertés publiques et le contrat de législature. Il a fallu trois ou quatre réunions pour que les communistes acceptent, le mercredi 31 mai, des concessions, considérables pour eux, sur les libertés publiques et le pluralisme des partis. Mais c’est sur le principe de la dissolution automatique de l’Assemblée que les discussions ont été les plus rudes. Les communistes veulent la dissolution automatique en cas de blocage, pour ne pas laisser aux socialistes l’occasion ni le pouvoir de changer de majorité, c’est-à-dire de se rapprocher du centre en prétextant l’impasse politique. Les socialistes ne veulent pas, eux, prendre le risque de mettre le gouvernement à la merci de deux ou trois députés défaillants qui provoqueraient sa chute.
    Les communistes demandent un délai de réflexion et finissent par accepter, le 31 mai, le point de vue socialiste. Commentaire de Claude Estier : « Très important : ils ont abandonné l’idée que nous puissions nourrir le désir d’une majorité de rechange. »
    • Deuxième gros obstacle : les nationalisations (dossier négocié par Jean-Pierre Chevènement du côté socialiste et Maurice Jourdain pour le PC). Les communistes veulent en rendre publique la liste complète, qu’ils souhaitent élargir au maximum.
    François Mitterrand, lui, ne veut pas entendre parler de publication (« Ce serait, dit-on autour de lui, une erreur psychologique grave dans la France actuelle »), et les socialistes, pour leur part, ne souhaitent pas accroître à l’infini le champ des nationalisations.
    La solution peut être trouvée aisément : on pourrait faire connaître ce qui est possible dans l’immédiat et laisser entendre dans le même temps que les communistes en voudraient davantage.
    • Le point de blocage essentiel, celui à propos duquel on ne voit pas d’issue, c’est l’Europe. « Le PC, me dit Claude Estier, est intransigeant sur ce sujet. » D’autant que c’est Jean Kanapa 23 qui, pour Waldeck Rochet, anime cette commission de travail en binôme avec Gérard Jaquet. Le mentor du PC en matière de politique étrangère ne conteste certes pas que le Marché commun existe. On ne reviendra pas en arrière. En revanche, il n’accepte pas de mettre un doigt dans le moindre engrenage qui mettrait en cause l’indépendance nationale de la France, qu’il s’agisse de la construction politique de l’Europe ou de l’abandon du droit de veto.
    « Le blocage total est-il tactique ? » se demande Claude Estier sans être en mesure de répondre à la question qu’il pose. En tout cas, c’est sur ce sujet que les communistes referment leurs verrous. Ils veulent être les garants de l’indépendance nationale, sans doute avec l’arrière-pensée de récupérer l’électorat ouvrier du gaullisme.
    Reste à

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