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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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savoir si le million d’ouvriers qui ont voté pour de Gaulle aux diverses élections de la V e  République l’ont fait parce qu’ils croyaient, de cette manière, renforcer l’indépendance nationale, ou pour d’autres motifs.
    La seule avancée que les communistes acceptent, c’est le Parlement européen : ils n’y sont pas représentés, contrairement au Parti communiste italien, et souhaiteraient l’être. Ils accepteraient donc l’idée que la représentation française au Parlement européen soit proportionnellement conforme à la réalité des forces politiques françaises. Le PC aurait dans ce cas un représentant.
    Quant aux organisations syndicales, elles devraient jouer un rôle plus actif dans le cadre européen.
    « Mais, admet Claude Estier, leurs arguments contre l’extension de l’Europe sont solides. Ils nous disent : comment voulez-vous à la fois instaurer le socialisme dans un pays, la France, et l’intégrer dans une communauté de dix pays capitalistes ? »
    Sur les aspects de politique intérieure, Estier pense – ce que ne me disait pas aussi clairement Mitterrand il y a une semaine – quela rupture avec J-J S-S est importante et que le PS soutiendra les minoritaires du Parti radical.
    Quant à l’alliance avec le PC, elle doit, selon lui, se faire en gardant par-dessus tout l’autonomie de chacune des formations de la gauche : « Ce serait une erreur formidable que de chercher, pour les élections législatives de 1973, à présenter des candidatures communes dès le premier tour », avoue-t-il.
    La situation interne du PC le passionne : il croit à une sorte de concurrence – sinon de rivalité – entre Marchais et Georges Séguy, le patron de la CGT : « Les rapports de Séguy avec Mitterrand sont très bons, me raconte-t-il. Récemment, Séguy a invité Mitterrand à une explication franche. Mitterrand a accepté et a parlé trente-cinq minutes. Il a démoli Marchais, dénonçant le procès brutal fait par lui aux socialistes. Séguy écoutait, prenait des notes, impassible. Quand François Mitterrand en a eu terminé, il lui a dit qu’il le remerciait pour sa franchise. “Je ne suis pas un intermédiaire entre Marchais et vous, a-t-il ajouté, mais je suis aussi préoccupé que vous par le climat actuel. Le bureau de la CGT, a-t-il ajouté, est pluraliste, il est composé de représentants de toutes les tendances de la gauche. C’est pourquoi il s’inquiète.” Après ces phrases, continue Estier, Séguy s’est levé et a ouvert une bouteille de whisky. Il n’a été dur qu’à un seul moment pendant cette entrevue : ç’a été pour dénoncer la CFDT ! »
    Chacun voit midi à sa porte.

    6 juin
    Un peu plus tard, je rencontre Michel Rocard. Les gauchistes, maoïstes, trotskistes et autres, il en a ras le bol. Il est sûr de lui, sûr de la place qu’il va occuper à gauche : « Jusqu’en 1976 24 , me dit-il, Mitterrand a en main les clefs de la gauche. Après 1976, c’est moi qui les aurai. »
    Il a un langage nouveau, c’est sûr. Avec une forme d’intégration, qui lui est particulière, des vrais problèmes d’aujourd’hui, ceux que je ne vois même plus, enfermée que je suis dans les couloirs de L’Express et de l’Assemblée nationale. « Sur l’Europe, dit-il, la gauche devrait se mettre d’accord sans difficulté. » Il a écrit là-dessus un article dans Preuves , que je ferais bien de lire.
    Curieux de l’entendre me dire cela alors que Claude Estier vient justement de me déclarer que le Parti communiste ne veut pas entendre parler de la construction politique de l’Europe. Il est vrai que Rocard ne parle, lui, que de la gauche non communiste.
    Chirac, enfin, croisé un peu plus tard au sortir d’une énième réunion de parlementaires : un coup se prépare contre Chaban, le 20 juin ou le 10 juillet. Discussion sur la date, pas sur le fond.

    7 juin
    Le Conseil des ministres a été tout entier consacré à la réforme de l’ORTF. Le texte de Philippe Malaud, chargé du dossier, avait été distribué à tous les présents. Il prévoit la désignation du PDG pour trois ans, un conseil d’administration de l’ORTF et une régie autonome pour chacune des chaînes.
    Mais ce dont le Premier ministre faisait une affaire personnelle, c’était l’autonomie des unités d’information. Il est blême lorsqu’il relit le texte remis au Conseil : « C’est une question de principe, elles ne doivent pas

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