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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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internationale sur la Tchécoslovaquie, à laquelle se joindront les responsables communistes du printemps de Prague.
    Mais il pose ses papiers lorsque, après cela, il parle de la France et du gouvernement. Il dénonce longuement le pouvoir personnel exercé par Georges Pompidou. « Nous vivons, dit-il, dans un régime sans loi. Le Premier ministre ? Connais pas. » Pierre Messmer a innové : il n’a pas soumis son programme au Parlement (« Il s’est abstenu de comparaître devant le Parlement »). Ce qui veut dire que le Parlement est insignifiant à ses yeux. « Cela veut surtout dire, martèle Mitterrand, que, désormais, un changement de Premier ministre est insignifiant ! »
    Il finit par une longue tirade (comme pour démentir les propos de Roland Leroy qui le dépeignait l’autre jour comme un « libéral bourgeois ») sur le PS, « fidèle – j’ai noté scrupuleusement la phrase – à une tradition et une théorie nées au XIX e  siècle, qui part d’un constat évident : les contradictions internes du capitalisme. Il faut abattre ces forteresses ! ».
    Question subalterne : il considère que les accords de Saint-Germain, signés par Jean-Jacques Servan-Schreiber, sont incompatibles avec les résolutions du congrès d’Épinay : « Il n’y a pas lieu, dit-il sèchement, de poursuivre la conversation. »

    Vu Jacques Chirac : c’est Peyrefitte, donc, qui doit remplacer à l’UDR René Tomasini, lequel doit subir une opération cardiaque à Saint-Antoine.
    Personne ne l’aime, ce Peyrefitte que je ne connais pas – encore que je l’aie vu à la manœuvre en 1968 –, mais il n’y a que lui, apparemment, pour boucher ce trou organisationnel.

    28 août
    Du sinistre passage que je viens d’effectuer à Matignon, hier, rien à retenir. Sabouret est futé et drôle, mais colonne vertébrale : zéro. Friedmann n’est ici que le représentant de Chirac. Je fais la connaissance de Philippe Maistre, directeur adjoint du cabinet et chargé des investitures. Sur une console, à droite de son bureau, trône une photo, assez bonne, de Jacques Chaban-Delmas à laquelle fait face une photo, franchement pas bonne du tout, de Pierre Messmer.
    « Quand on verra une troisième photographie, lui a dit en riant un visiteur, on comprendra qui est le futur Premier ministre. »
    Pas d’idées, sauf vaguement « deloristes ». Pas d’ambitions, sauf peut-être celle, non négligeable, de durer. Pas de grands desseins, ou alors imperceptibles.

    29 août
    Michel Herson 32 , en charge avec d’autres des investitures à l’UDR, me parle, dans le bar d’un hôtel du quartier de l’Opéra, de la concurrence non dénouée entre les trois partis de la majorité.
    À la date d’aujourd’hui, 390 cas ont été réglés. Restent une centaine de circonscriptions qui ne le sont pas. Il compare la façon dont Messmer conduit ces négociations avec celle de Chaban-Delmas lors des dernières élections municipales : « Le précédent Premier ministre, me dit-il, avait tendance à trancher trop vite, ce qui faisait que beaucoup de problèmes revenaient sur la table la semaine suivante. Pierre Messmer, lui, est soucieux de synthèse, pas de négociation. Il faut dire que Jacques Chirac est un excellent animateur de ces réunions. Attentif, diplomate, il est juste avec les deux autresformations de la majorité. Il a fait un excellent travail de déblaiement, à un an des législatives. »
    Sur Alain Peyrefitte, il me dit prudemment que « des opinions diverses se font entendre au sein de l’UDR », même si celui-ci dément pour le moment avoir l’intention de remplacer Tomasini. Quoi qu’il dise, Peyrefitte est en compétition pour le poste de secrétaire général de l’UDR avec André Fanton. Aujourd’hui, il domine le lot : « C’est un poste difficile et convoité. Ce qu’il faut, m’explique Herson, c’est un homme de grande notoriété, qui ait fait ses preuves à la télévision... »
    En réalité, me dit Roger Chinaud que je rencontre dans la soirée, Tomasini ne voulait pas du tout céder le terrain à qui que ce soit. À Poniatowski qui lui posa la question le 13 juillet dernier, il avait dit qu’il resterait. Il s’est fait sérieusement tirer l’oreille pour partir, malgré la perspective d’une opération.

    13 septembre
    À l’Élysée, Xavier Marchetti me parle de l’Angleterre, de l’Europe et de la politique extérieure.
    L’Élysée semble

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