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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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Parti communiste n’a pas perdu de vue les gauchistes de 1968 : « Ce qui reste du gauchisme va encore se trouver laminé. Avec ce programme commun, une partie de l’impatience traduite par le gauchisme va perdre de sa substance. Je ne parle pas des excités, mais de ceux qui étaient impatients parce que nous n’arrivions pas à nous mettre d’accord. »
    Pour les législatives, il confirme que les deux partis désigneront leurs candidats au premier tour et se désisteront au deuxième pour le candidat arrivé en tête au premier. Mais il n’y aura pas, en 1973, de « cas particuliers » comme en 1967. Les communistes ne céderont pas leur place à un socialiste arrivé après eux au premier tour sous prétexte que celui-ci serait mieux placé pour se faire élire. « Toutes les fois que nous l’avons fait, confie Paul Laurent, nous avons eu à rendre des comptes à nos troupes. Pas question de recommencer ! »

    4 juillet
    Guy Mollet que nous invitions l’autre jour pour L’Express chez Lucas Carton : s’il s’est fâché, raconte-t-il, avec le général de Gaulle, c’est à cause de Pompidou. En 1962, de Gaulle le convoque et lui annonce que, la guerre d’Algérie terminée, il a choisi de se séparer de Michel Debré et de nommer Georges Pompidou à Matignon.
    « Ah, mais non ! dit Guy Mollet. Vous n’avez constitutionnellement pas le droit de vous séparer d’un Premier ministre comme cela ! Et puis, d’ailleurs, ajoute-t-il, Pompidou est un mauvais choix.C’est un excellent directeur de cabinet, il est très bon sur les dossiers, mais il ne sait pas décider. »
    De Gaulle le raccompagne et, sur le pas de la porte de son bureau, lui lance : « Merci, Mollet, c’est toujours bon d’avoir à ses côtés des gens qui se préoccupent de votre avenir. »
    Ils ne se sont plus revus.
    Sur le reste, l’analyse de Guy Mollet devient plus que jamais celle des socialistes d’avant 1905 : il ne fallait pas collaborer avec le capitalisme en 1956, toute collaboration est une démission, etc. Il est vrai que, dans les années d’après la Libération, il était dans l’aile gauche de la SFIO. Aujourd’hui il est à l’extrême gauche de Mitterrand.
    Tout continue pendant ce temps. Étrange ballet : Chaban ou pas Chaban ? Edgar Faure arrive-t-il ? Reste-t-il ? Personne n’en sait rien. Selon Edgar Faure, Pompidou n’a toujours pas choisi. Edgar a passé des heures à l’Élysée avec Pierre Juillet et Marie-France Garaud. Mais il jure de n’être pressenti pour rien. Il est persuadé qu’Olivier Guichard, une fois de plus, a loupé le coche.
    Ce qui est sûr, c’est que, dans le camp de Chaban, Roger Frey et Albin Chalandon doutent encore que Pompidou veuille se débarrasser de lui après le vote de confiance de l’Assemblée. Même son de cloche chez Paul-Louis Weiller 29 , à qui Pompidou aurait dit récemment : « On ne change pas de cheval au milieu du gué. »
    Mais Pompidou fait-il des confidences à Paul-Louis Weiller, dont on sait qu’il raconte tout au Tout-Paris ?
    François Mitterrand a donc enfin signé l’accord avec le Parti communiste. J’y reviens après avoir eu l’occasion de rencontrer sur ce sujet les négociateurs. Je ne sais plus, à vrai dire, ce que j’éprouve. De l’enthousiasme ? Sûrement plus. Je les ai vus de trop près renâcler, les uns et les autres, et freiner des quatre fers. Je n’y crois plus beaucoup, vraiment, à cette unité de la gauche. D’où vient que tout cela ne me fait ni chaud ni froid ? Cette unité ahanante, pénible, cette unité-tant-pis-si-on-n’est-pas-d’accord-sur-les-nationalisations, cette-unité-tant-bien-que-mal me déprime.

    6 juillet
    Ce ne sera pas Edgar Faure. Ce sera Messmer. Car Edgar a été reçu hier soir par Juillet et Marie-France Garaud. « Vous serez le numéro 3 du gouvernement après Messmer et Debré, lui a-t-il été dit. On vous a emmené le plus près du but. Il faut envisager maintenant l’étape suivante. Il y a une chance extraordinaire pour vous d’être Premier ministre l’année prochaine, après les législatives. Si vous ne l’êtes pas cette fois, c’est qu’il y a encore des préventions contre vous. »

    Marchetti me raconte la chute de Chaban, vue de l’Élysée. C’est lors du voyage de Georges Pompidou à Berlin que la suite du président de la République a su qu’il avait pris sa décision. Chaban-Delmas l’a rejoint à bord d’un Mystère 20 en

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