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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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que Pompidou s’est montré très rude avec Chaban : « Jamais il n’a pris de décision, a-t-il affirmé, il a fait des feux d’artifice, voilà tout. »
    Il se dit très « harcelé » sur le régime présidentiel (cf. ce que me disait Jeanneney fin septembre) et pense que l’UDR perdra entre 50 et 120 sièges aux futures élections de février ou de mars 1973. En réponse aux questions sur la future élection présidentielle de 1976 – se représentera-t-il ou pas ? –, il répond nettement : « Vous saurez trois semaines avant le scrutin si je me représente. Et quinze jours si je ne me présente pas. Pas avant. »

    Conversation téléphonique avec Jacques Chirac, ce 5 octobre, avant la conférence de presse de Valéry Giscard d’Estaing.
    Il me parle des rapports entre Pompidou et Giscard d’Estaing. L’analyse, dit-il, est assez simple : Pompidou est convaincu que la majorité gardera la majorité ; Giscard ne peut donc que jouer le rapprochement, la cohésion de la majorité. Je traduis qu’il ne peut pas refaire le coup du « oui mais ».
    À partir de là, pour Chirac, il n’y a aucun problème :
    Première hypothèse  : Messmer réussit très largement les élections. Il reste donc à Matignon. Dans ce cas, le problème Giscard ne se pose pas, en 1973. Il gagnera au maximum une dizaine de sièges, mais cela ne changera rien.
    Deuxième hypothèse  : il manque quelques sièges à la majorité actuelle pour rester la majorité. Là encore, Georges Pompidou pourra toujours faire entrer Jean Lecanuet dans le gouvernement. À ce moment-là, les ralliements se feront autour du Premier ministre. Il sera donc de plus en plus difficile d’en changer.
    Il n’y a qu’une seule hypothèse où Messmer ne serait plus Premier ministre après les élections : ce serait l’échec total de la majorité à ce scrutin. Mais Pompidou n’y croit pas. CQFD.
    Giscard ? Pompidou s’en méfie comme de la peste. Mais il existe politiquement – pas pour 1973, mais pour la présidentielle de 1976.
    Selon Pompidou, il n’est pas le seul à se projeter en candidat. Messmer aussi se dit qu’il pourrait très bien être président de la République. Il est en fait, ce Messmer, très différent de tout ce qu’on imagine : c’est un homme plus à gauche que Jacques Chaban-Delmas. Il est malin et il a beaucoup d’ambition.
    (À ce propos, Jean Mauriac m’a raconté que, à l’occasion d’un déjeuner avec Messmer, il a rencontré sa femme. Celle-ci l’attire dans un coin du salon et, désignant Messmer, lui dit : « C’est de Gaulle, vous ne trouvez pas ? »)
    Mais Pompidou a deux atouts maîtres, poursuit Chirac : il peut toujours se débarrasser de tous les prétendants en les remplaçant par un porte-serviette (il sait à qui il pense !). Et annoncer sa décision de se représenter.

    7 octobre
    De Michel Poniatowski, cette phrase : « Un fédérateur ne peut venir que de nos rangs. Aucun homme entaché de gaullisme, je veux dire personne parmi ceux qui ont été gaullistes, ne pourra jamais jouer ce rôle. »

    Ah, cette haine du gaullisme chez les républicains indépendants, lorsqu’ils parlent sans se surveiller !

    8 octobre
    Conférence de Valéry Giscard d’Estaing : on s’entasse dans la salle où il parle, un monde incroyable pour sa première apparition devant la presse depuis un an.
    On l’appelle donc Valéry. Comme Jean-Jacques ou Edgar, c’est un des hommes politiques qu’on désigne par son prénom. Pour une fois, il lit un texte sans prendre apparemment de distances avec ses notes. Pourquoi n’a-t-il rien dit depuis un an, demande-t-il comme s’il avait en face de lui une foule de journalistes avides de réponse depuis douze mois. Parce que, se répond-il d’abord à lui-même, lorsqu’on est ministre des Finances, on ne peut pas se comporter comme le « chef actif » d’un mouvement politique. Il y a une autre raison – un motif personnel qu’il faut l’entendre formuler avec une sorte de pudeur : « Il y a des êtres qui aiment le bruit, dit-il ; il y a des êtres qui aiment le silence. Le silence m’est nécessaire. »
    Timide, Valéry ? Non, pratique : s’il parle aujourd’hui, c’est qu’arrive l’échéance électorale, ces élections qui, à l’entendre, ne sont pas « une calamité, mais un privilège ».
    Deux éléments d’importance à retenir :
    D’abord, sa mobilisation intégrale contre le programme

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