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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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radicaux de gauche et les amener, d’une façon ou d’une autre, à cosigner le programme. Ce dont ne veut pas le Ceres.
    L’affaire est d’autant plus d’actualité que les radicaux de gauche ont rencontré, au cours de la semaine écoulée, les communistes (le 3 juillet) et les socialistes (le 6). Avec les communistes, ils sont convenus de signer une déclaration complémentaire qui ferait office d’acte tripartite. Roland Leroy avait fait demander dès le 3 à Claude Estier si Mitterrand était d’accord. Il lui avait été répondu que oui. Position qui avait été confirmée aux radicaux par les socialistes le 6. « Le volume des nationalisations, avait déclaré Maurice Faure à cette occasion, est tout à fait acceptable. Je tiens à vous féliciter pour la façon dont vous avez tenu tête au PC. »
    À la convention nationale du Parti socialiste, le dimanche, Mitterrand fait en une heure et demie l’historique du Programme commun et assume complètement sa démarche :
    « J’ai conduit le parti à ce résultat qui reste un tout. Je ne conçois pas que quelqu’un puisse en remettre une partie en question, ou alors ce sera sans moi. »
    C’est à ce moment que le problème du Ceres est brutalement et publiquement posé par Pierre Guidoni, un des lieutenants de Chevènement, qui dépose une motion de défiance contre Mitterrand sur la question de l’accord des radicaux de gauche.
    Lorsqu’il descend de la tribune, Mitterrand en prend connaissance. Violente réaction : « Dans ces conditions, dit-il, je ne serai plus secrétaire général du parti ce soir. »
    Remous multiples. D’abord parce que Jean Poperen, toujours à l’affût lorsqu’il s’agit d’embarrasser Mitterrand, en profite pour passer un accord avec le Ceres. Tandis qu’en sens inverse les anciens minoritaires d’Épinay, c’est-à-dire les savarystes, proches, comme leur nom l’indique, d’Alain Savary, les mollétistes, favorables au contraire à l’alliance électorale avec les radicaux de gauche, font mouvement vers François Mitterrand.
    En fin de journée, tout se dégonfle, et les chevènementistes rentrent dans le rang. Seul Poperen vote contre Mitterrand.

    Comme toujours, dès lors qu’il est question d’un rapprochement entre partis, on tombe sur les accords électoraux et la répartition des circonscriptions. Les radicaux en ont réclamé 70. Le PS a révisé ce chiffre à la baisse : 49, me dit-on dans un premier temps. Les fédérations socialistes en ont à leur tour accepté 34. Sur les 15 restantes figurent 2 ou 3 circonscriptions à Paris, bloquées par le Ceres justement, et trois problèmes-clefs : Saint-Gaudens, en Haute-Garonne, le Tarn-et-Garonne et l’Eure-et-Loir.
    C’est Mitterrand qui insiste particulièrement pour faire la plus grande place aux radicaux : « Si les radicaux existent, il faut leur donner quelque chose. Il ne faut pas les traiter comme les communistes ont traité, dans le temps, l’Union progressiste 31 . »

    12 juillet
    François Mitterrand, Robert Fabre et Georges Marchais présentent ensemble leur programme de gouvernement dans le salon de l’Aiglon, à l’hôtel Continental. Un salon bourré de fausses feuilles d’acanthe, de stuc, de dorures. Roland Leroy, ironique et drôle. Mitterrand, inquiet : « Comment m’avez-vous trouvé ? » Marchais, bourru, quoique l’air très satisfait.
    Je le revois seul, quelques jours plus tard. Je ne le rencontre curieusement que dans ces circonstances : l’été, lorsque tout va bien à gauche. Il a ce que n’ont plus les leaders de l’opposition, ni d’ailleursceux de la majorité, à l’exception peut-être de Jacques Chirac : la joie.
    Il me parle de Prague et de la répression des communistes du printemps praguois. Je le crois sincère, mais résigné. Il est hostile à ce que font les Soviétiques parce qu’il trouve cela inutile, nuisible à l’ensemble du mouvement communiste. Mais que peut-il y faire ?
    « C’est trop bête, dit-il, et ça ne sert à rien. »
    De Waldeck, malade, il dit qu’il n’y a plus rien à faire. L’artériosclérose a gagné la partie.

    21 août
    Conférence de presse de Mitterrand sur la Tchécoslovaquie, où l’on assiste à une reprise en mains par les Soviétiques des communistes du printemps dernier. Il lit son texte pour la première fois, comme s’il le déchiffrait. Il a l’intention de proposer aux partis socialistes européens une réunion

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