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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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Allemagne. Lorsque Georges Pompidou rentre, tous les ministres sont présents pour l’accueillir à Orly à 18 heures.
    Qui a fait tomber Chaban ? Juillet ?
    Il me répond que le dérapage, de ce point de vue, remonte au vote de confiance de juin dernier dans lequel Pierre Juillet a vu, tout comme Pompidou, l’amorce d’un glissement des institutions. Auparavant, m’assure-t-il, Pierre Juillet avait défendu Chaban au moment de l’offensive de la feuille d’impôt. De toute façon, le gouvernement, constitué depuis trois ans, donc usé, n’était plus celui qui pouvait conduire la majorité pour les élections.
    De plus, l’accord signé par les communistes et les socialistes est déterminant. Georges Pompidou a toujours cru que la gauche allait s’unir, mais il ne pensait pas que le programme de gouvernement irait aussi loin, ni qu’il serait aussi communiste. Or, le programme de gouvernement de la gauche est là : on ne va pas à des élections face à des adversaires unis, donc électoralement dangereux, avec un gouvernement usé.
    Messmer fera un gouvernement réduit, destiné à aller au-delà des élections. Il en a été prévenu dès le 21 juin, dit Marchetti, c’est-à-dire avant le départ en Allemagne de Georges Pompidou. « C’est un homme de l’Est, discipliné, ajoute Marchetti, plus facile, plus obéissant que Chaban. »
    Bien sûr, il y a du calcul électoral derrière la nomination de Messmer : récupérer les voix gaullistes. Surtout, Messmer est un homme neuf ; ni Edgar Faure, ni Olivier Guichard ne le sont.
    Cela étant, la décision étant prise le 21 juin (et annoncée à Chaban au cours du voyage présidentiel à Bonn), la partie a par la suite été très difficile à jouer pour l’Élysée.
    Alors, pourquoi avoir différé l’annonce de la décision plus de quinze jours ? Parce qu’à Bonn les négociations étaient serrées. Pas question d’y aller sans gouvernement.

    8 juillet
    Vu Roland Leroy, vendredi. Il jubile : il est convaincu que l’unité s’est faite à l’avantage des communistes, et seulement au leur : « L’unité, dit-il, cela fait des années que je pense qu’elle passe par la mort de la social-démocratie. » Et encore : « Tout de même, faire accepter ce premier programme de gouvernement de l’Histoire par quelqu’un [Mitterrand] qui n’est même pas social-démocrate, mais un bourgeois libéral ! »
    Sur les nationalisations, il raconte que l’équipe socialiste n’y comprenait rien, que François Mitterrand, à un moment donné, confondait ordinateur et informatique, que de toute façon il n’y attachait aucune importance, et que les communistes, profitant de l’ignorance des socialistes sur le sujet, ont fourgué toutes les nationalisations qu’ils voulaient.

    10 juillet
    Déjeuner avec Paul Granet. Tomasini serait condamné à brève échéance. Peyrefitte serait chargé de le remplacer. Paul a été pressenti pour remplacer Christian Poncelet au secrétariat général adjoint de l’UDR. Pour le moment, il a refusé.
    Problème d’Edgar Faure : il promet à Michel Alliot, son ancien directeur de cabinet à l’Éducation nationale, d’être chargé de mission dans son futur cabinet. Refus de Pierre Juillet : à ses yeux, le rôle que Michel Alliot a joué à l’Éducation nationale après 1968 a été nuisible. Par parenthèse, il fallait y être, à l’Éducation nationale, en septembre 1968, et je me souviens quel négociateur habile, travailleur, efficace, Alliot a été à ce poste ! Mais sans doute pas dans le sens que Pierre Juillet, qui n’était pas aux affaires à ce moment-là, aurait souhaité...
    Bref, refus de l’Élysée. Alors Edgar Faure propose de prendre à son cabinet la femme de Michel Alliot, Michèle 30 . Nouveau refus de l’Élysée. Michèle entrera donc au cabinet d’Edgar, mais à titre officieux.
    C’est dire tous les gages qu’Edgar Faure est prêt à donner pour rester au gouvernement, à quelque poste que ce soit.

    11 juillet
    Claude Estier me raconte que, depuis quelque temps, une certaine tension se fait sentir au sein du Parti socialiste : le Ceres de Jean-Pierre Chevènement trouve qu’il n’a pas la place qu’il mérite. Dans la vie quotidienne du parti, cela donne des bagarres permanentes entre Pierre Mauroy et lui.
    Pour équilibrer le poids du Parti communiste dans le contrat de gouvernement, Mitterrand souhaite trouver un terrain d’entente avec les

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