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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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une serveuse, presque familière avec le ministre, ce qu’il dit sur la tour Eiffel : « Ils devraient la peindre en rose avec des motifs jaunes. On viendrait de tous les endroits du monde pour voir ça. » Et jusqu’à cet aveu sur ses cravates rayées : il en a acheté un stock. Chacun croit qu’il porte la même, tout au long de l’année ! Pas du tout. Il en change quotidiennement, mais cela ne se voit pas. Surprenant !

    Déjeuner, hier ou avant-hier, avec François Mitterrand chez Marc Ulmann 36 . Mitterrand est très affecté par une information ridicule de Minute sur son état de santé. En dehors de cela, les communistes, nous a-t-il dit, sont corrects. Quant aux réformateurs, le moins qu’on puisse dire, confie-t-il tout en restant prudent vis-à-vis de Marc Ulmann (puisque, après tout, nous appartenons tous deux à la « bande de L’Express  », donc de J-J S-S), c’est qu’il ne croit pas en leur avenir :
    « Je ne vois pas comment ils changeront le scrutin majoritaire à deux tours en un scrutin proportionnel. Leur tactique est ridicule : ils nous feront perdre une vingtaine, une trentaine de sièges, parce que les communistes, à cause d’eux, arriveront en tête de la gauche au premier tour. Au deuxième, nous nous maintiendrons partout. Et nous les empêcherons de constituer un groupe parlementaire. »

    19 novembre
    Pompidou à Edgar Faure : « Oui, allez-y, présentez des candidats dans trois ou quatre circonscriptions, contre les nôtres. Contre Christian Fouchet, par exemple, tenez : c’est un con. »

    26 novembre
    Vu Jacques Chirac hier.
    Les élections : Peyrefitte ne veut pas rendre publique dès maintenant la liste des investitures sur laquelle tous les partenaires de la majorité sont tombés d’accord, parce que cela le priverait de la marge de manœuvre nécessaire pour contenir les revendications giscardiennes durant la dernière phase, celle des cas difficiles. Il craint, s’il donne sa première liste, de ne jamais arriver à mettre tout le monde d’accord sur la deuxième.
    « On en est arrivé au point, me dit Chirac, où les secrétaires généraux des trois mouvements ont fait leur boulot. C’est maintenant aux ministres concernés de s’y coller : Boulin pour l’UNR, Giscard pour les RI et Duhamel pour les centristes, sous la direction de Messmer. Sinon, on n’en sortira pas. »

    Rendez-vous avec Xavier Gouyou-Beauchamps, qui, après avoir été chez Edgar Faure, a choisi en quelque sorte Giscard. Qu’il y ait des problèmes entre Giscard et Pompidou, voilà qui me paraît désormais évident. Nous parlons d’inflation. Il fait le parallèle entre Georges Pompidou, qui fait passer le combat contre l’inflation après la lutte contre le chômage (il me rappelle que c’est ce qui s’est passé lors des négociations de Grenelle, en 1968, où il accepta une augmentation des salaires que les techniciens trouvaient excessifs), et l’état d’esprit de Giscard, pour qui il devient aujourd’hui primordial, au contraire, de se pencher sérieusement sur l’inflation. Ce n’est pas qu’il soit hostile à prendre les mesures nécessaires contre le chômage : il comprend bien les raisons d’ordre social et d’ordre électoral qui justifient cette politique. En outre, il se souvient du procès qui lui a été fait en 1967 : d’avoir été responsable, avec son plan de stabilisation, de la faiblesse de la majorité et de la remontée de l’opposition. Il veut donc maintenir le juste équilibre entre la lutte contre le chômage et celle contre l’inflation.
    « Pompidou domine-t-il le sujet économique ? » se demande tout haut Xavier Gouyou-Beauchamps. Il répond, toujours tout haut : « Non. »
    De là à suggérer que Pompidou est une sorte de politicien ignorant face à un Giscard homme d’État, soucieux de l’essentiel, il n’y a qu’un pas. Que Giscard, évidemment, ne franchit pas lui-même, mais que ses proches font plus volontiers.

    Je pose la question de l’inflation à Jacques Friedmann que je vois à Matignon. Il relativise les divergences entre Pompidou et Giscard sur l’inflation.
    Il décrit Georges Pompidou comme beaucoup plus inquiet que ne me l’a dit Gouyou. Au contraire, le président de la République aurait dit, selon Friedmann : « On ne peut pas ne pas faire quelque chose en plus contre l’inflation ! »

    Il énumère néanmoins les divergences entre les deux hommes : Pompidou est plus

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