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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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Courtois sans ostentation. Costume à chevrons beige, chemise à raies, cravate sans imagination. Il nous parle d’entrée de jeu de Pompidou :
    « Pompidou, dit-il, n’a pas encore choisi s’il est présidentialiste ou pas. Pourquoi veut-il abolir le septennat ? Parce qu’il s’agit en réalité d’un renforcement du pouvoir présidentiel. Et aussi parce qu’il pense qu’un président doit pouvoir être réélu. Deux fois cinq ans, c’est faisable. Deux fois sept, c’est un trop long bail. S’il a choisi de ne faire que cette modification, c’est parce qu’il est difficile de trouver à la Chambre en même temps qu’au Sénat la majorité des deux tiers requise pour une modification constitutionnelle plus importante. »
    Sur les prix, il nous annonce une forte hausse possible dans les six mois à venir. Je lui demande quelle hausse il prévoit. Il répète : « Uneforte hausse. » Selon lui, le seul problème est celui du chômage : « La notion de sécurité de l’emploi, explique-t-il, est plus latine. Les pays anglo-saxons, eux, ont formidablement organisé l’aide aux chômeurs : ce n’est pas le cas chez nous. »
    Sur l’Europe, il ne pense pas qu’elle soit faisable rapidement. Même face aux États-Unis.
    Ce qui est amusant, chez lui, c’est qu’il donne perpétuellement l’impression de préparer son futur gouvernement. Il n’y mettrait certes pas Taittinger. Mais il y mettrait Lecat, Poniatowski, sur lequel, au passage, il dit : « Il était temps qu’il entre au gouvernement. Nous n’avons pas beaucoup d’hommes capables. »
    Qui parle, au Conseil des ministres ? lui demandons-nous. Qui exprime son avis ? Il réfléchit : lui, Messmer, Marcellin pas souvent, Guichard encore moins, Jobert, oui, et plus encore Schumann, lorsqu’il était ministre et que ses exposés sur la politique étrangère, d’une longueur inhabituelle, faisaient périr d’ennui les autres ministres.

    9 mai
    Encore une fois, c’est avec Xavier Marchetti que j’ai rendez-vous à l’Élysée. Nous parlons du passage du septennat au quinquennat : « Dans l’esprit du président, me dit Marchetti, il faut faire évoluer la Constitution. Deux septennats, c’est trop ; deux quinquennats, c’est possible. Et puis, il faut “vitaliser” le mandat présidentiel. »
    Cela signifie-t-il que Pompidou, pour une raison ou une autre, démissionnera en 1974 et qu’il s’appliquera le quinquennat à lui-même ? (C’est ce que pense Mitterrand.)
    Certes non ! « J’ai toujours pensé, insiste Marchetti, qu’il se représenterait en 1976. Pourquoi je suis sûr de cela ? Parce que, quand on discute avec lui de problèmes qui se posent dans l’avenir, il dit toujours “je”. Il ajoute par exemple : “Je ferai l’union européenne en 1980.” Il a aimé orchestrer l’édification des tours de la Défense parce qu’elles marquent une nouvelle étape de la Voie royale qui mène du Louvre à La Défense. Il s’inscrit ainsi dans une continuité architecturale française. Ce n’est pas un homme qui vit au jour le jour. De plus, c’est un bon vivant. Il est vrai qu’il ne marche jamais et mène le contraire d’une vie saine. Il aime les plats-canaille, comme de Gaulle, d’ailleurs, qui avait viré le capitaine Guy, son aide de camp, parce qu’il lui cassait les pieds pour qu’il ne mange pas trop.
    « Il faut voir les choses telles qu’elles sont : il aurait pu choisir l’argent, poursuit Marchetti ; il a choisi le pouvoir. Il succède à un monstre de l’Histoire ; il est naturel qu’il pense à ce que diront de lui les manuels futurs. Il marquera son temps parce que la succession s’est faite sans secousses, et qu’il a réussi la rénovation industrielle. »

    Vu Chirac, qui me dit que le problème constitutionnel posé par le quinquennat va se compliquer avec l’entrée en scène du Sénat, qui doit se prononcer en même temps que l’Assemblée, si on envisage une révision constitutionnelle par un Congrès réuni à Versailles. « Cette affaire, me dit-il, risque de déraper. »
    Nous parlons de l’hypothèse qui court chez les parlementaires : Pompidou s’appliquerait le quinquennat à lui-même et démissionnerait en 1974. Il est formel : « Je ne crois pas que Pompidou démissionnera en 1974. Il battra Mitterrand en 1976, à la date prévue, aussi bien qu’en 1974. »

    11 mai
    Vu longuement – une heure et demie – Édouard Balladur à

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