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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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majorité soit la majorité. Si on veut les droits de la minorité, on peut les avoir, mais en renonçant en même temps aux droits de la majorité », les militants ont compris : le Ceres, sauf s’il fait amende honorable, et encore, sortira de l’équipe rapprochée de Mitterrand, c’est-à-dire du secrétariat du PS.
    Pour le reste, pas de changement de ligne politique : « L’union de la gauche est une stratégie sur laquelle il n’est même pas utile de revenir. C’est la voie de la sagesse, et aussi de l’audace. »

    25 juin
    Déjeuner chez Pierre Messmer.
    Très naturel, pas de concession aux modes ni de références permanentes au gaullisme. Il manifeste son indignation à l’idée que certains lui demandent de renoncer à la stratégie de défense française. « Il y aura une explosion nucléaire, affirme-t-il avec force. Il y en aura même plusieurs. Il faudrait être fou pour sacrifier la défense de la France ! Ce que l’UDR en pense, ce que l’opinion publique en pense, je m’en fiche. Ils n’ont qu’à renverser le gouvernement ! »
    Sur les écoutes téléphoniques au Canard enchaîné , dont on parle beaucoup en ce moment : « Il y en a moins que jamais. »
    Sur les élections de mars dernier : « Nous avons perdu un million de voix ouvrières qui se portaient sur le général de Gaulle. Ce n’est pas une question de politique sociale, j’ai conscience d’avoir été aussi social que tous les chefs de gouvernement depuis 1958. Non ! C’est une question de comportement. Nous apparaissons, certains d’entre nous apparaissent, comme trop liés aux intérêts et aux puissances d’argent. »
    Sur le PS, une phrase dite sur un ton tranquille : « Je n’ai aucun avis sur le PS, sinon que le Programme commun n’était pas assez attrayant ou que nos arguments ont paru plus convaincants. »
    Pas un mot sur Pompidou ni sur Giscard. Ni même sur les déclarations de Robert Galley sur l’armée et les militaires.

    28 juin
    Hier, au comité directeur du Parti socialiste, départ de Pierre Joxe et de Georges Fillioud, mais arrivée de deux autres membres du Ceres, en dehors de Jean-Pierre Chevènement qui y était déjà : Georges Sarre et Didier Motchane.
    C’était bien la peine assurément de leur passer un tel savon à Grenoble ! Encore que Claude Estier m’ait expliqué que Mitterrand voulait éviter que le Ceres ait le contrôle des fédérations. C’est pour cette raison qu’il les a traités plus bas que terre. Une fois qu’ils ont abandonné l’organisation des fédérations, il n’avait plus rien contre eux. Il souhaitait au contraire un accord avec eux.
    Gilles Martinet entre au bureau politique.

    Je reviens sur Messmer après l’avoir entendu de nouveau, hier, devant les journalistes parlementaires. Une incroyable bonne foi, un imperturbable souci de répondre sérieusement aux questions, même lorsqu’elles sont ironiques. Il est au premier degré. Et il faut presque lui parler comme à Waldeck Rochet il y a quelques années : avec un traducteur, et lentement, pour qu’il comprenne bien.

    2 juillet
    Une heure et demie chez Mitterrand vers dix heures du matin.
    Il est là, rue Guynemer, assez rond, assez ensommeillé, avec un pantalon marron assez usé, une chemise, une vareuse plutôt marron foncé. Depuis le congrès, me dit-il, il dort. Aujourd’hui, il avait gardé sa journée pour se reposer. Je mesure l’honneur qui m’est fait, puisque c’est lui qui m’a appelée.
    Nous revenons sur le congrès socialiste. Il fallait vider l’abcès avec le Ceres. Il n’était plus possible de continuer : « J’ai prévenu Jean-Pierre Chevènement la veille, me dit-il, que j’allais cogner. Je lui ai dit : vous avez adhéré, lorsque vous aviez vingt ans, à un parti social-traître 19 . Moi, à cinquante ans, je n’ai pas voulu le faire. Alors, ne me faites pas le coup de la pureté idéologique ! »
    Je lui dis qu’effectivement il a cogné très fort.
    Air faussement étonné de Mitterrand : « Ah, tant que cela ? Vous croyez ? »
    Nous parlons du style de ses discours. « Lorsque je suis trop long, dit-il puisque je lui en fais le grief, c’est que je suis fatigué. À vrai dire, c’est que je cherche une fin et que je n’arrive pas à retomber sur mes pieds. Alors je traîne... »
    Pourquoi avait-il confié le secrétariat à l’organisation du Parti socialiste, en 1971, après Épinay, à Georges Sarre ? « C’est

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