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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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très simple, me répond-il. Je ne pouvais pas le laisser à des vieux du parti, à cause de Guy Mollet. Ni à des hommes venus de la Convention des institutions républicaines, parce qu’ils avaient adhéré trop tard. Je ne pouvais donc le confier qu’au Ceres. »
    Nous parlons des communistes et de l’attitude de Roland Leroy avec le Ceres. Il s’énerve : « Il y a des divergences d’analyse entreMarchais et lui. Marchais est le plus libéral, croyez-moi, mais il n’a pas la tête de l’emploi. »
    La prochaine présidentielle ? Il ne veut pas « être trop sévèrement battu ».
    Phrase qui m’étonne : comme s’il ne croyait pas qu’il puisse gagner.
    Suite à plus tard...

    17 juillet
    J’enquête auprès des évêques sur les problèmes de l’Église aujourd’hui. Le cardinal Daniélou me parle de l’ouverture de l’Église aux problèmes de justice et de son ambition de faire montre d’une certaine liberté vis-à-vis des pouvoirs.
    Stupéfaite de voir tous ces prélats me parler davantage de ventes d’armes, de la bombe et de la guerre, que de la foi !

    Voyage en Chine, le 8 septembre
    À peine rentrée de vacances, j’accompagne Georges Pompidou en Chine. Pourquoi ? Parce que, même si je n’en ai pas beaucoup parlé jusqu’ici dans ce carnet, sa santé semble aujourd’hui constituer un vrai problème. Depuis sa rencontre avec Richard Nixon à Reykjavik, où la terre entière l’a vu descendre d’avion empâté et boursouflé, coiffé d’un chapeau enfoncé jusqu’au nez, vêtu d’un gros pardessus sombre, la rumeur a repris. Elle s’est même amplifiée.
    Pas question, donc, de laisser Pompidou entreprendre un si long voyage sans que des envoyés spéciaux, spécialistes de politique intérieure, l’accompagnent. Georges Suffert y va pour Le Point , Hector de Galard pour L’Observateur . Doublet y allait jusqu’à présent tout seul pour L’Express , mais Philippe Grumbach veut que je l’accompagne pour me rendre compte par moi-même, sans doute, de son état de santé. La même préoccupation explique, je suppose, le nombre des journalistes présents dans le voyage. Un record ! Des gens qui spéculent sur sa résistance, mettent en doute ses capacités physiques, s’attendent à le voir trébucher, plus qu’ils ne se préoccupent des relations entre la Chine et l’Europe, entre la Chine et la France...

    Arrivée à Pékin samedi soir après un vol sans histoire. Entre l’aéroport et l’hôtel Min Zu (hôtel des Nationalités), une route large, pasgrand monde. Les 750 millions de Chinois sont couchés : il est 21 heures – 7 heures de décalage avec Paris.

    Dimanche , galopé sur la grande muraille et vu le tombeau des Ming. Malheureusement, l’air a éparpillé les restes pourris de l’empereur de Chine, non embaumé, et les douze autres mausolées sont fermés à la recherche. Une allée bordée d’animaux de pierre mi-imaginaires, mi-réels. Fantastique.

    Lundi . Visite de la commune populaire du Double-Pont : 45 000 canards par an, donc autant de foies gras, 10 000 têtes de porcins pour la ville, 6 lycées et 18 écoles primaires, 12 000 enfants scolarisés, 15 000 travailleurs agricoles, mais, nous dit-on, l’agriculture n’est pas encore mécanisée.
    Partout on prend soin de nous dire qu’avant la Libération – c’est-à-dire avant l’avènement de Mao – rien n’était pareil.

    Les abris souterrains de Pékin. L’abri est dans un grand magasin, les travaux ont commencé en 1969. On ne nous parle que de guerre, d’attaque-surprise. Le président Mao vient de lancer un nouvel appel exhortant les Chinois à continuer de creuser des souterrains dans lesquels ils pourraient s’abriter en cas de guerre classique ou même nucléaire. Venant de quel agresseur, la guerre ? Réponse : « Le social-impérialisme de l’URSS a posté un million d’hommes à nos frontières. »
    On retrouvera cette peur de l’URSS à toutes les étapes du voyage. Je savais que Russes et Chinois étaient en froid, mais à ce point-là !

    Mardi . Georges Pompidou arrive aujourd’hui dans le DC8 du Cotam 20 .
    La première rencontre avec les officiels chinois a lieu le mercredi à 14 h 30 au palais de l’Assemblée populaire, que l’on nous a fait visiter la veille, dans une grande salle carrée de vingt mètres de côté. Au mur un seul tableau, un paysage de montagnes embrumées.
    Banal.
    Zhou Enlai : « Bonjour, comment

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