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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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rieur, merveilleux ; chez Mao, un peu gâteux, le dieu vivant, l’idole de la Cité interdite ; dans les temples sauvés de justesse par Zhou au moment de la Révolution culturelle, dans le parfum des arbres, à Hang-tchéou, ou dans les tombeaux des Ming.
    La Révolution culturelle n’a duré que quelques années, de 1966 à 1972 ; elle n’a pas réussi à faire voler en éclats la cohésion nationale. Quant au Parti communiste chinois, comment penser qu’il ne soit pas nécessaire dans un pays immense où aucun gouvernement, sans lui, ne saurait gouverner ?
    Reste à définir ce qu’est de l’intérieur ce genre de dictature. Finies les lectures publiques de citations de Mao, finies les marques éclatantes du culte de la personnalité. Mais la police est toujours là, et les prisonniers aussi. Quant à savoir ce qui se passe dans la commune des Deux-Ponts, par exemple, si quelqu’un veut échapper à l’emprise de la collectivité, je n’en sais rien.
    Le problème qui demeure est celui de la succession. Michel Jobert en parle. Wang, le maire de Shanghai ? Trop jeune, ou pas ? Aura-t-il le temps, comme dit Manac’h, d’acquérir une expérience du pouvoir avant la mort de Mao ? Cela, personne n’en sait rien, et Zhou Enlai non plus, qui, hier, pendant que Wang parlait à Shanghai, gardait obstinément les yeux baissés sur son assiette.
    Quoi qu’il se passe, la Chine ne changera pas.

    Que dire sur ce voyage de Pompidou en Chine ? La Chine était taillée à la mesure du général de Gaulle ; Pompidou y flotte un peu, comme dans un habit trop grand. Il ne connaît pas l’Asie et n’est pas connu d’elle. Ce n’est pas à cette occasion qu’il la connaîtra : il n’est guère sorti des palais officiels, marbre chinois et architecture soviétique.
    Sur le plan physique, je le trouve alourdi, épais, mais je n’ai pas noté qu’il soit faible ou trop fatigué. Sauf peut-être le premier jour, dans la Cité interdite. Peut-être était-ce le décalage horaire ? Je ne sais pas s’il a l’habitude de se balader tout seul dans les villes qu’il visite, et suis donc incapable de savoir si le fait de rester relégué dans ses appartements officiels est révélateur ou pas.

    Le lendemain 18 , avant de repartir, on nous conduit à l’hôpital Sinhoua, fondé en 1958 « pour répondre aux besoins du Grand Bond en avant », nous dit le directeur ou celui qui en fait fonction. Nous allons assister à une opération sans anesthésie, celle de l’ablation d’une partie de l’estomac. Le médecin qui va procéder nous dit que 50 % des interventions chirurgicales se font sous acupuncture. Si le patient a trop mal, on passe à l’anesthésie occidentale – penthotal ou masque.
    « Dans l’univers, rien n’a de valeur absolue », nous dit un médecin quand nous essayons d’opposer médecine occidentale et médecine chinoise.
    Nous sommes dans la salle d’opération. Le ventre du patient est hérissé d’aiguilles. Il en a aussi deux sur les pieds, deux dans le dos.
    On commence l’opération, le malade parle, il a visiblement très mal. Il prend une couleur jaune-marron, presque violacée. On lui fait aussitôt une piqûre d’éphédrine. Et on passe à l’anesthésie à l’occidentale...

    Dans l’avion du retour, nous pensons à nouveau aux problèmes français. Xavier Marchetti parle de l’affaire Lip qui a occupé tout l’été l’actualité sociale : « Georges Pompidou trouve que l’affaire Lip a duré trop longtemps. Le problème pour lui est celui-ci : l’État doit-il aider une entreprise en déficit ? »

    27 septembre
    Conférence de presse de Pompidou à 15 h 30 à l’Élysée.
    Il commence par parler de ses déplacements internationaux, de ses rencontres très groupées avec Heath, Brandt, Nixon, Mao, Zhou, et de se féliciter du rôle que joue la France. Puis la première question, évidemment, le replonge dans les problèmes français : les élections présidentielles auront-elles lieu en 1976 ? Il refuse d’y répondre tout de suite avant d’avoir été interrogé sur les problèmes du monde : l’Allemagne, l’Europe, la politique agricole, les accords de Bretton Woods (« Une monnaie, quelle qu’elle soit, est fragile. Si on se laisse aller à la démagogie, on nourrira l’inflation mondiale »).
    Il revient trois quarts d’heure plus tard sur la situation française. À une question sur l’inflation, il annonce que, « le moment

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