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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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propos d’un état de santé sur lequel on ne sait finalement pas grand-chose, les leaders se tiennent sur la ligne de départ.
    Giscard le premier.
    Ponia raconte, le lundi 29, qu’il est absolument certain que Giscard sera, quoi qu’il se passe, candidat. Jean Mauriac me dit au contraire comme une chose certaine que Giscard a assuré à deux ministres UDR qu’il n’en ferait rien. « Face à la crise que constituerait l’arrivée de la gauche au pouvoir, aurait-il récemment déclaré, il m’est impossible de prendre le moindre risque. »
    Les deux choses ne sont pas, à dire vrai, incompatibles. Giscard ne veut pas, c’est certain, risquer de remettre le pouvoir à Mitterrand.Il juge plus sage de ne pas avoir l’air de défier Pompidou et de jouer le premier de la classe.
    Fausses ou vraies confidences, s’il révèle le fond de son cœur, il a plus à perdre qu’à gagner.

    Conférence des PC occidentaux à Bruxelles, ce week-end. J’y vais. Peut-on croire à un nouveau communisme avec l’Italien Berlinguer et Georges Marchais ?
    30 janvier
    Rencontré de nouveau Joseph Comiti. Il me parle de Giscard ou, plus exactement, de ce qu’en pensent les troupes UDR. Les républicains indépendants de Giscard, me dit-il, sont totalement différents des masses gaullistes. Les RI, c’est un parti de cadres, et non de troupes, qui ne déclenchent pas de batailles franches. L’image du parricide, du « oui mais » à de Gaulle, s’estompe :
    « À l’Assemblée nationale, me dit-il, pendant le débat de la semaine dernière, bien des députés UDR étaient admiratifs. Un de mes collègues m’a dit en ne plaisantant qu’à moitié : “Regarde son crâne, il a plus de cellules grises que les autres, parce qu’il a un plus gros crâne !”
    « Chaban, me dit-il aussi, est de nouveau en cour chez les parlementaires gaullistes. On dit de lui qu’il croyait à ce qu’il faisait, qu’il ne composait pas. Affectivement, les gaullistes l’aiment beaucoup.
    « Cela étant, si Giscard a ses chances, c’est lui qu’il faudra pousser. Je n’ai pas d’états d’âme là-dessus, m’assure Comiti. Je ne veux pas la politique du pire. Ma position serait différente s’il n’y avait pas les communistes. Dans ce cas, on pourrait se permettre de faire jouer l’affectivité. Mais, avec le poids du PS, ajouté à celui du PC, il faut être sérieux... »
    Sur la santé du président, cette phrase qui me surprend, parce qu’elle s’inscrit à l’inverse de ce que j’entends depuis plusieurs semaines et qu’elle émane d’un médecin : « Il est vrai que le président de la République a été malade en mai 1973. Mais la tourmente est passée. Aujourd’hui, ça va mieux. »
    30 janvier (suite)
    Déjeuner avec Edgard Pisani. L’homme est devenu terne, assombri. Il n’est plus aussi flamboyant qu’il l’était en 1968, par exemple.
    De son intuition sur Pompidou, il ressort qu’il croit celui-ci très gravement atteint. Ce qui ne l’empêchera pas de s’accrocher au pouvoir et à la vie, de toutes les façons.
    Quant à Giscard, il le déteste.
    31 janvier
    Jean-Philippe Lecat, qui m’a demandé de venir à son ministère, commence par me parler longuement d’une nouvelle réforme de l’information et de la télévision en cours. Il est question de la réorganisation des services de l’information des différents ministères et de la suppression du CII 6 , avec pour objectif de créer un organe de coordination, une sorte d’agence comme il en existe ailleurs, m’assure-t-il, dont le but serait de « fournir à tous ceux qui en ont la charge une documentation rapide, complète et impartiale ». C’est Denis Baudouin qui vient de recevoir une mission d’un an pour la mise en place de cette délégation à l’Information.
    Lecat ne me cache pas que cette nouvelle réforme est sans doute à mettre en relation avec le fait que la majorité, à partir de maintenant, doit se tenir prête à partir en campagne : « Comme pour la guerre de 14, me dit-il : avant l’offensive, on amène l’artillerie. C’est le cas aujourd’hui : le président met en place ses batteries. Avec des escarmouches pour préparer le terrain. »
    Puis nous parlons de Giscard, dont je le sais proche. Il me dit qu’au cours du printemps celui-ci va annoncer plusieurs décisions économiques importantes, et qu’il va intensifier ses apparitions. Sa certitude est que Giscard sera Premier ministre

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