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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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réaffirme que l’opposition ne veut pas compliquer la tâche de ceux qui portent la charge, mais qu’elle n’entend pas voir alourdir celle des Français.

    « D’un bout à l’autre du discours, me dit-il après, j’ai fait attention aux responsabilités de l’opposition dans un désordre de ce genre. La vérité est que nous sommes à Bourg-Madame 5 , et Giscard nous demande de lui faire confiance pour la suite des opérations ! »
    Impression, pour tous les présents, de gauche comme de droite, que l’on a assisté, cet après-midi, à une passe d’armes entre ceux qui gouvernent et ceux qui se préparent à gouverner.
    23 janvier
    Le Conseil des ministres, me dit Marchetti, a duré une heure et cinq minutes seulement. Il me dit aussi que Pompidou prépare un programme d’action intérimaire de deux ans, dans lequel d’importants transferts sociaux sont prévus. Car son grand problème, s’il se représente, est de nature politique.
    En 1967, il se faisait le reproche de ne pas avoir évalué les voix résiduelles de Jean Lecanuet, c’est-à-dire celles des centristes de gauche, au deuxième tour. Son obsession est de rattraper ce million de réformateurs. Il a essayé avec les dirigeants réformateurs : sur l’Europe, sur le quinquennat ; chaque fois, les « chefs » ont refusé de le suivre. Reste l’électorat : le problème est pour lui de savoir quelle politique définir pour que ces voix centristes lui reviennent. Leur donner un Premier ministre qui les séduise ? Est-ce Guichard ? Est-ce Michel Jobert ? Sa politique au Moyen-Orient risque de lui coûter des voix.
    Résultat de la réflexion, selon Marchetti (dont je ne sais absolument pas si, parlant de l’équation de Pompidou, il me dit ce qu’il pense lui-même, ou ce qu’il croit que Pompidou pense, ou ce qu’il veut que j’écrive) : si Georges Pompidou souhaite se représenter en 1976, il lui faut désigner Guichard dès maintenant à Matignon. Ce sera le tour de Jobert après 1976. S’il ne se représente pas, il sera obligé de désigner son successeur. Mais il devra le désigner à temps pour pouvoir le lancer.
    Messmer ? « Il n’a pas de talent », juge Marchetti.
    Ne préférera-t-il pas Giscard, en fin de compte ? Celui-ci, aujourd’hui, joue à être le meilleur de l’équipe Pompidou.
    Ce que je ne comprends pas bien, dans ce que me dit Marchetti, c’est que la « nouvelle société » de Chaban Delmas aurait, finalement, été en mesure de « rattraper » les réformateurs. Dans ces conditions, pourquoi, à l’Élysée, a-t-on reproché à Chaban, il y a deux ans, de faire une politique que l’on jugerait nécessaire aujourd’hui ?
    29 janvier
    Chronique sur l’état de santé de Georges Pompidou :
    Il s’est rendu à Poitiers, le 24 janvier, pour une visite à l’assemblée régionale nouvellement élue. Le podium avait été abaissé pour qu’il n’ait que trois marches à gravir. Il voulait en réalité montrer à la France entière qu’il allait bien. La France entière, elle, s’est aperçue qu’il ne tenait plus sur ses jambes, qu’il parlait sans notes, certes, mais qu’il était incapable de marcher. Que son irritabilité était devenue incroyable, notamment à l’égard des photographes qui le mitraillaient et auxquels il a volontairement fait des grimaces.
    Les notables locaux en sont aujourd’hui encore accablés. Les journalistes notent, eux, que pour la première fois, après avoir parlé pendant vingt minutes, il s’est affalé dans un fauteuil («  he collapsed in a chair  », a dit l’agence United Press), en appuyant sa tête un moment contre le flanc de celui qui était le plus près de lui, sans doute le préfet.
    À la chasse présidentielle qui a suivi, les samedi 26 et dimanche 27, Pompidou n’est resté qu’un quart d’heure. À peine arrivé, il est remonté dans sa voiture et est parti pour Orvilliers.
    Tout cela sans même évoquer le voyage en Chine : programmes allégés, pas d’escalade de la Grande Muraille, visites de la Cité interdite, où j’ai appris récemment qu’en réalité il s’était reposé deux fois.
    Rien de tout cela n’aurait une importance considérable si on ne pensait avec effroi que le président est à peu près seul, qu’on ne sait si le traitement qu’il suit, à base de corticoïdes, ne le rend pas trop optimiste sur la situation française.
    Face à la panique qui s’empare de tout le milieu politique à

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