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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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assez vite et qu’en 1976, en tout cas, il gouvernera. « Et, croyez-moi, ce ne sera pas un figurant ! »
    Quand je sors de chez Lecat, ma conviction est faite : s’il m’a convoquée – car c’est d’une convocation qu’il s’est agi –, ce n’était pas pour me parler de la pluie et du beau temps, ni du climat de la majorité ; il vient de me révéler la mise sur orbite présidentielle de Valéry Giscard d’Estaing. Plus encore : il m’a parlé en pompidolien,proche de Chirac et de Juillet, comme s’il intronisait avec eux, en quelque sorte, Giscard candidat.
    Je rentre à L’Express perplexe : j’ai l’impression d’avoir mis le doigt sur quelque chose d’important sans être sûre de ne pas être utilisée par un clan contre un autre.
    12 février
    François Mitterrand me reçoit rue de Bièvre, où il a emménagé il y a peu dans une invraisemblable baraque qui lui ressemble. Il me parle de Giscard, dont lui aussi est convaincu qu’il sera candidat : « C’est le meilleur, me dit-il, il les battra tous. » Puis de sa propre candidature, sur un mode patelin : « Bien sûr, il faudra trouver un candidat à gauche. Ce qu’il y a de bien, c’est que cela ne dépend que de moi. Si cela dépendait des autres, il faudrait attendre, hein ? Mais là, pas de problème... »
    Un ou deux candidats à gauche ? Nouvelle réponse bonhomme : « Les deux ont des avantages et des inconvénients. L’impact d’une candidature unique n’est peut-être pas à négliger. »
    Je comprends qu’une candidature unique de la gauche ne lui paraît pas assurée, les communistes voulant tout de même exister au premier tour.
    Les relations avec le Parti communiste ont été plus perturbées que je ne le pensais par l’affaire Martinet et Soljénitsyne. D’autant que Mitterrand, dans L’Unité 7 , a fini, au bout de dix jours, par donner en partie raison à Martinet. « À partir du moment, me dit-il, où Martinet avait précisé les choses, à sa manière, c’est-à-dire la provocation, il était très difficile de le désavouer sur la forme sans le désavouer sur le fond, c’est-à-dire sur la façon dont Marchais avait évoqué le problème entre les Soviétiques et Soljénitsyne. »

    Nouvel incident de santé pour Pompidou : une grippe du jeudi 7 au lundi 11 février. Pour la première fois, son médecin traitant, le D r  Vignalou, signe quelques lignes d’un bulletin de santé :
    « Le président de la République souffre d’une infection grippale avec fièvre variant entre 38° et 39°. Il devra garder la chambre durant quelques jours. »
    Ce qu’il fait à son domicile privé, quai de Béthune.
    11 février
    Chirac résume les choses à mon intention, comme toujours, abruptement :
    « Il y a deux catégories de gens en ce moment, me dit-il, et Pompidou en est bien conscient. Deux clans s’opposent. Sur une conception politique ? Non, sur un diagnostic médical. Il y a ceux qui pensent que Pompidou est foutu. C’est le cas de Chaban, qui se dépêche d’entrer en campagne. Ceux-là, que veulent-ils obtenir dès aujourd’hui ? Le départ de Messmer, d’abord. Et après, quel Premier ministre, sinon un homme accepté par Pompidou et favorable à Chaban ? Il n’y en a qu’un : Michel Jobert. Il y a aussi une deuxième catégorie de gens : ceux qui pensent que Pompidou tiendra jusqu’en 1976. Et qu’il faut s’aligner. Giscard le fait à sa manière, sans pouvoir s’empêcher de donner des coups de canif au contrat. Mais il pense avoir plus de temps, c’est-à-dire plus d’espérances. Face à ces deux clans, un seul homme : Pierre Messmer, nécessaire pour sauvegarder les équilibres. »
    12 février
    Dominique de La Martinière 8 me révèle que Roger Frey lui a demandé de la part de Chaban, il y a quinze jours, de faire partie des soutiens à sa candidature. Ce serait, plaide Frey, un excellent argument à opposer à Valéry Giscard d’Estaing, qui, en ce moment, dit partout que Chaban n’osera pas se présenter. La Martinière est plus que tenté d’accepter. « De toute façon, me dit-il, si Valéry est Premier ministre, j’adhère à la section locale du Parti socialiste ! »
    Il a déjeuné chez Pompidou avec Jean-René Bernard il y a quelques jours. Pompidou lui a dit : « Je vous ai confié ce poste pour que vous réorganisiez l’industrie de l’armement en France. Vous aurez des bagarres avec Francis Fabre 9 . Tant pis ! C’est

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