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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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structures de l’appareil UDR. Il a commis de graves erreurs de campagne : annoncer sa candidature le jour de l’enterrement de Pompidou, ou adopter des slogans UDR du genre : “La France le veut, nous le voulons !” Il n’a enfin pas réalisé que les électeurs étaient beaucoup plus intelligents qu’il ne le croyait : il a assené des arguments sans convaincre. Giscard, lui, a donné aux Français l’impression qu’ils étaient intelligents. Et puis, conclut-il, Chaban avait une très mauvaise image dans le pays : le divorce, les impôts, les affaires... C’est dramatique, mais vrai. »
    8 mai (suite 2)
    Conférence de presse de Giscard.
    Couplet sur la France : « Je n’accepte pas l’idée que la France soit coupée en deux, je n’ai pas dans mon vocabulaire les mots de vainqueur et de vaincu. Il y aura ceux qui ont voté pour Giscard ou pour Mitterrand. C’est un choix, ce n’est ni une victoire, ni une défaite. »
    À la question qui lui est posée sur de Gaulle et le gaullisme, il répond que le gaullisme a été un grand moment historique, et ajoute : « Je n’oublie pas que j’ai reçu mes leçons d’homme d’État du général de Gaulle. »
    Le Premier ministre ? « Il devra incarner l’ouverture, la liberté et le changement. »
    La peine de mort ? Il ne se prononcera pas sur ce point.
    La France aura-t-elle un vice-président à l’américaine ? Une vice-présidence n’est pas « obligatoire », répond-il sobrement. Ce qui veut dire qu’il n’en veut pas – ou plus.

    Denis Baudouin me dit aujourd’hui : « Mis à part Michel Jobert, je ne pense pas qu’un seul pompidolien ait pensé un seul instant que Chaban-Delmas était en mesure de succéder à Pompidou. »
    Sur l’élection présidentielle, il a cette formule assez bonne pour définir à la fois l’avant et l’après-campagne présidentielle : « Le train politique s’arrête tous les sept ans. Au moment de l’élection présidentielle, le train s’arrête. On forme un nouveau train, tout le monde y monte et certains en descendent. »
    La force de Giscard avant le premier tour, selon lui, c’est qu’il ne s’est pas occupé des gaullistes. « Il n’a pas rendu coup pour coup à Chaban, car il savait que son seul adversaire réel serait Mitterrand. Giscard n’a pas cassé de porcelaine dans la majorité. Les gaullistes ne pourront jamais dire : “Le salaud, qu’est-ce qu’il nous a passé !” Au total, ayant eu cette attitude et ayant indiqué qu’il était dans la continuité du gaullisme, il a laissé venir à lui les petits enfants du gaullisme, qui ont accroché à lui leurs wagons... »
    Giscard a-t-il l’intention de dissoudre l’Assemblée nationale après son élection, s’il est élu ? « Aller à la dissolution ? réfléchit Baudouin. C’est difficile pour l’électorat, et pour les élus gaullistes, qui risquent d’être d’assez mauvaise humeur. »
    À 20 h 37, avec embargo jusqu’à 22 heures, tombe la dépêche du ralliement de Pierre Messmer à Giscard. D’après le texte que j’ai sous les yeux, le Premier ministre en profite pour souligner que « l’insuccès de Jacques Chaban-Delmas n’est en aucun cas un revers essuyé par le parti gaulliste... Quant à débiter l’UDR des 15,15 % de Jacques Chaban-Delmas, c’est un raisonnement qui me paraît aussi peu logique, explique Messmer, que si l’on voulait assigner au Parti socialiste les 6 % réalisés par M. Defferre en 1969, peu de temps avant son brillant succès à la mairie de Marseille ».
    Ces phrases, je suis sûre que c’est Chirac qui les lui a sinon dictées, du moins inspirées : toute la démarche de l’appel des « 43 » visait précisément, selon lui, à empêcher que le mouvement gaulliste ne soit entraîné dans l’échec, qu’il voyait venir, de Chaban-Delmas.
    9 mai
    Giscard sur France-Inter, ce matin. Il se défend – il doit récupérer les voix de Chaban pour le deuxième tour – d’avoir contribué au départ du Général en 1969 : « J’ai voté contre la suppression du Sénat,affirme-t-il en substance, et non pas contre le général de Gaulle, comme on l’a dit. »
    Jacques Sallebert l’interroge sur l’importance qu’il accorde au débat télévisé avec François Mitterrand qui doit avoir lieu demain.
    « Ce serait inquiétant pour la France, répond-il, de jouer son sort sur le hasard d’une heure et demie au cours de laquelle la

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