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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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rapport aux derniers sondages qui avaient été rendus publics. Le candidat unique n’a pas mobilisé à plein l’électorat de gauche. Il est à 42 %. L’IFOP lui en avait promis 45. Pour lui, il me l’a dit, le chiffre de 42 n’est pas suffisant pour être élu au deuxième tour.
    Effondrement de Chaban, à 15,15 % : il obtient moins de la moitié des voix de Giscard.
    8 mai
    Au lendemain du premier tour, les règlements de comptes commencent à l’UDR. L’article du Monde daté du 8 mai, que je conserve, en est la preuve.
    Au bureau exécutif de l’UDR, le 6, certains reprochent à Pierre Messmer de n’avoir pas assez combattu pour s’imposer, ils déplorent les « silences du colonel Messmer 24  », tandis que d’autres mettent violemment en cause les « 43 ».
    Pendant ce temps-là, Edgar réunit une soixantaine de ses amis du Contrat social pour s’assurer de leur aide dans le soutien à Giscard pour le deuxième tour.
    Le plus drôle est que, dans le communiqué du bureau politique de l’UDR où ils rappelaient les grands principes du gaullisme tout en affirmant leur ralliement à Giscard pour le deuxième tour, les rédacteurs avaient oublié de rendre hommage à Jacques Chaban-Delmas. On a dû refaire le texte du communiqué pendant la séance.
    Autre anecdote marrante, qui, une fois de plus, donne à Couve de Murville un aspect plaisant qui n’apparaît pas, c’est le moins qu’onpuisse dire, lorsqu’on le voit pour la première fois : au début de l’après-midi du 7, lors d’une brève réunion du bureau politique, certains ont mis en cause Pierre Messmer et dénoncé son rôle de « chef des complots ». « Comme vous y allez, a simplement dit Couve, pince-sans-rire ; dites plutôt : le chef des cuisines ! »
    Cela étant, les « 43 » passent mal dans le groupe UDR, qui les dénonce comme des traîtres. Lorsque Maurice Herzog a annoncé parler en leur nom lors de la réunion du groupe UDR à l’Assemblée nationale, sa voix a été recouverte par les huées du genre : « À la soupe ! » ou « Tu l’auras, ton portefeuille ! »
    Les ralliements vont néanmoins bon train : soutien de Jean Royer, de Le Pen, d’Émile Muller, à Giscard d’Estaing. Ralliement de Krivine, Arlette Laguiller et René Dumont à Mitterrand.
    8 mai (suite 1)
    Poniatowski chez lui, quelque part près de Neuilly. Un grand salon blanc avec des chiens qui montent sur les divans sans se faire rabrouer. Grand, large, rouge et souriant, il exulte :
    « Au premier tour, me dit-il, il fallait arriver devant Chaban, creuser l’écart, être le champion de la majorité face à Mitterrand, et enfin débusquer les communistes. Pour le deuxième tour, les choses sont différentes. Il s’agit de présenter un choix de société : les uns avec les communistes, les autres sans. Le temps fort sera celui du face-à-face télévisé. »
    Effectivement, signe des temps et de l’influence de la télévision, un débat télévisé va opposer avant le second tour Giscard à Mitterrand. Ce seront Jacqueline Baudrier et Alain Duhamel qui en seront les arbitres.
    Ponia voit déjà sans hésitation la victoire de Giscard. Il m’explique que, à partir du centre, ils feront un fort mouvement vers les socialistes pour les dégager de l’alliance avec les communistes. « Ce ne sont pas des choses que l’on fait du jour au lendemain, me dit-il, c’est une affaire politique, donc de longue haleine. Je pense que le Parti socialiste est un parti de gouvernement, et qu’il ne résistera pas à l’appel du pouvoir. »
    Pour bien me convaincre, il ajoute : « Je connais Pierre Mauroy, il est plus à droite que moi ! »
    Même appétit de Ponia, donc de Giscard, vis-à-vis de l’UDR :« Giscard, me dit-il, ne pouvait pas faire une OPA sur l’UDR avant le premier tour, parce que les barons gaullistes étaient assis devant la porte et lui barraient la route. »
    Il ne résiste pas à refaire l’histoire du début du giscardisme, de ces 150 cadres qui ont fait le giscardisme. « Je n’ai jamais voulu de militants : l’île de Sein et le 18-Juin, ça n’est pas une analyse politique. Celle que nous faisons, adapter le pays à une société moderne, ça, c’est une vraie politique ! »
    Il analyse la défaite du concurrent de Giscard : « Chaban a fait de nombreux loupés. Il a fait une mauvaise analyse politique : il s’est laissé rejeter vers la droite par les barons et les

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