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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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fatigue physique de l’un, ou l’irritation, ou simplement l’habileté dialectique peut altérer le débat. C’est très important, mais je souhaite que ce ne soit pas le seul élément de la campagne. »
    10 mai
    Face-à-face télévisé Giscard-Mitterrand. C’est un événement : jamais l’ORTF n’avait organisé un tel débat. Le commentaire que m’en fait Maurice Faure dans la soirée au téléphone est navré : « Mitterrand était sous Théralène », me dit-il. Il ajoute en riant : « Mes derniers espoirs d’être ministre se sont évanouis ce soir. »
    Je le trouve sévère. Bien sûr, Giscard a eu quelques phrases qui ont fait mal à Mitterrand : sur le « monopole du cœur », par exemple, phrase qu’il avait sans doute mise au point avant l’émission. Bien sûr aussi, Mitterrand n’était pas vraiment lui-même : il avait l’air de ne pas s’accrocher, comment dire, d’être par moments ailleurs. Les traits tirés, aminci, Giscard a dénoncé en Mitterrand l’homme du passé qui conduira la France au désastre économique. Plus retenu, plus lent – Maurice Faure a raison – qu’au naturel, Mitterrand a dénoncé en Giscard le candidat des puissants, des nantis, de l’argent.
    Je ne suis pas sûre que cela déplace une seule voix.
    13 mai
    Longue visite à Olivier Guichard, très décontenancé – on le serait à moins – par l’échec éclatant de son ami Chaban. Il soupire plus que jamais et se désole sur son cas. Sa constatation : Chaban n’était pas prêt. Pourtant, il disait le contraire depuis des mois, répétant à qui voulait l’entendre qu’il travaillait, qu’il préparait ses dossiers, qu’il se préparait lui-même à la fonction de président.
    Avec la lucidité qui est la sienne, Olivier Guichard juge : « Quand Chaban passe quinze minutes avec Jacques Mayot, quarante-cinqminutes avec Baumgartner, il dit qu’il travaille. En réalité, il ne travaille jamais. »
    Il n’y avait rien à faire, selon lui, pour éviter la division entre Giscard et Chaban. Le 3 avril, Messmer lui a bien demandé de tenter une conciliation entre les deux : « Vous, personnellement, lui a-t-il dit, voulez-vous arbitrer cette affaire ?
    – Même si je voulais le faire, lui a répondu Guichard, je ne le pourrais pas. »
    Il s’explique : « Il avait cent fois dit qu’il se présenterait ; j’étais convaincu qu’il n’y avait rien à faire pour qu’il se retire. »
    C’est pour la même raison que Pierre Juillet a demandé à le rencontrer, le lendemain. L’entrevue entre les deux a eu lieu le jeudi à 16 h 30, au ministère de l’Intérieur, place Beauvau, chez Chirac, donc : celui-ci les a laissés seuls dans son bureau et a patienté dans le bureau de sa secrétaire tout le temps qu’a duré l’entretien. L’entrevue s’est d’ailleurs terminée sur un échec puisque, dans l’intervalle, entre le moment où Juillet avait demandé à voir Guichard et le moment où il l’a rencontré, Messmer s’était retiré.
    « Juillet, dit avec placidité Guichard, je le connais depuis 1947. L’origine de ses mauvaises relations avec Chaban remonte à la fin des années 50. Pierre Juillet est parti pour Bruxelles diriger Opera Mundi, il en est revenu en 1963-64, et je crois qu’il ne nous a jamais pardonné, à nous, les gaullistes, cet exil. Il a toujours voulu la peau de Chaban. En 1972, il était profondément hostile à la politique qu’il menait. Juillet est profondément conservateur, il ne voulait pas entendre parler de “nouvelle société”. »
    Quelle a été l’influence des « 43 » dans l’échec de Chaban ? Olivier Guichard la chiffre à 5 % des voix. « À quelque chose près. Chaban aurait eu 20 % si Chirac n’avait pas fait cette opération. »
    Autrement dit, Guichard le reconnaît implicitement, Giscard l’aurait quand même emporté sur Chaban : avec peut-être 27 % au premier tour, mais il aurait été présent au deuxième.
    14 mai
    Ralliement de Jean-Jacques Servan-Schreiber, et du Parti radical qu’il préside, à Giscard. C’est la fin d’un véritable feuilleton qui a moins passionné les Français que J-J S-S semble le croire.
    Il avait annoncé, avant le 5 mai, sa décision de voter pour celui des deux candidats qui s’engagerait à donner ses vraies chances à laréforme. Après le premier tour, il envoie une sorte de mise en demeure à Giscard et à Mitterrand. À Mitterrand, il demande

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