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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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grandes familles qui est maîtresse de la France »
    Rien ne l’abattra !
    21 mai
    Michel Poniatowski me reçoit. La joie se lit sur son visage épanoui. Il me parle de Giscard et de son équation personnelle. Tout ce qu’il me dit me montre que le rôle de Giscard va être incomparablement plus important que celui de Pompidou. Ce n’est pas seulement qu’il soit en meilleure santé. Comme me le dit Ponia, « c’est un homme qui a été élu les mains nues, et pas grâce à un parti. C’est son style personnel qui a été reconnu, son image, oui, son équation. La conduite des affaires sera donc présidentielle, c’est-à-dire axée entièrement autour de la personne du président. » Il sera conduit, insiste-t-il, à « poursuivre dans le style présidentiel à l’américaine ».
    Pour le reste, le gouvernement ? « Les carottes mijotent », a-t-il dit à un de ses amis, dès dimanche soir. Il verrait bien, il me le dit, un Premier ministre « technique ». Surtout pas politique, car lui-même accepterait assez mal d’être dépossédé du rôle qu’il occupe depuis des années auprès de Giscard.
    23 mai
    Les bruits du jour : Chirac serait allé voir Edgar Faure, mercredi après-midi. Il aurait vu Claude Labbé et lui aurait demandé s’il voyait un inconvénient à ce qu’il soit Premier ministre. Réponse de Claude Labbé : « Un UDR serait mieux que rien. »
    Il aurait également rencontré Couve et Debré pour leur poser la même question. « Votre nomination, lui a dit Debré, serait une déclaration de guerre. »
    On pense néanmoins que Jacques Chirac sera à Matignon avant la fin de la semaine. Le problème est de savoir si sa nominationdiviserait, casserait l’UDR. Est-ce si sûr ? On me dit, au contraire, qu’ils se dégonflent d’heure en heure, et commencent à trouver qu’après tout Chirac ne serait pas si mal.
    Cela lui donnerait raison : s’il n’avait pas fait le coup des « 43 », l’UDR serait aujourd’hui balayée. À sa manière, il l’a sauvée.
    Edgar Faure, au téléphone, dit à Philippe Grumbach que la désignation de Chirac à Matignon est chose faite.
    24 mai
    Chirac ce matin :
    « Si je suis Premier ministre ? Je n’en sais rien, je n’ai vu, m’assure-t-il, ni Ponia ni Giscard. »
    Il ment, mais peut-il faire autrement ?
    24 mai (plus tard)
    Joseph Comiti revient avec moi, en médecin, sur la maladie de Pompidou. Il semblerait que tous les grands professeurs, Mathé compris, aient cafouillé.
    Il se rappelle qu’en 1967 il s’était promené dans les jardins de Matignon avec Georges Pompidou. En rentrant, ce dernier lui avait dit en riant : « J’avais des rhumatismes. Mon fils m’a prescrit de la cortisone. Ça m’a donné un de ces appétits ! »
    Il me rappelle aussi que, lors d’un comité exécutif UDR, fin 1968, Pompidou, peut-être trop lucide, avait dit : « Quel que soit l’homme qui succédera au Général, aux yeux de l’Histoire il apparaîtra comme un minable ! »
    Aujourd’hui, Comiti se borne à souhaiter que Giscard ne casse pas l’UDR : « Ce serait une erreur mortelle, car les gaullistes alors reflueraient vers les socialistes. »
    27 mai
    Déclaration de Giscard après la proclamation officielle des résultats par le Conseil constitutionnel : « De ce jour date une ère nouvelle de la politique française. J’adresse mon premier salut de nouveau président à ceux qui, dans cette compétition, aspiraient à le devenir :François Mitterrand et Jacques Chaban-Delmas. [...] Ainsi, c’est moi qui conduirai le changement. »
    28 mai
    Avec Claude Estier, en attendant de connaître la composition du gouvernement Chirac 26 . Nous parlons longuement de la trajectoire politique de Mitterrand, notamment des dates qui ont jalonné sa vie depuis la naissance de la V e  République.
    Mai 1958, d’abord : il ne s’est jamais incliné devant ce qui était pour lui un coup d’État. Son sens du droit, son attachement à la démocratie parlementaire l’ont amené à se révolter, le 13 mai. Sa première réaction a été une réaction de refus. Il disait pourtant : « Il y en a pour dix ans ! » Il s’interdisait pour lui-même toute perspective pendant une décennie. Il a d’ailleurs été battu aux législatives de 1958 et a dû se contenter du Sénat jusqu’en 1962.
    Autre date importante pour lui : son échec à l’UFD 27 . Il a été reçu rue Henner par une sorte de jury composé

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