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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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qu’ilsdoivent travailler ensemble pour éviter d’être absorbés par le mouvement, qu’il juge démocrate-chrétien, de Lecanuet, et qu’il est prêt, avec André Rossi, à adhérer au Parti radical.
    Le premier dîner entre Servan-Schreiber, Durafour et Rossi a lieu le 4 septembre au domicile de Jean-Jacques. Un premier accord se fait autour de l’idée que les trois hommes créent un parti radical réformateur dont l’organe essentiel serait un directoire. On n’entre pas dans les détails.
    Les complications n’ont surgi qu’après. Durafour et Rossi pensaient que J-J S-S se fondrait dans ledit directoire, et Jean-Jacques Servan-Schreiber, lui, pensait naturellement qu’il en serait le président. Il y a donc pour le moins un malentendu entre les trois hommes, Jean-Jacques étant prêt à les accueillir au sein du Parti radical et les deux autres voulant créer un mouvement nouveau ouvert aux socialistes.
    Ça patouille du 8 au 16 septembre. Jusqu’au moment où Durafour demande à Rossi de dénouer le problème et convainc Françoise Giroud d’entrer en piste pour régler le différend. Bref, J-J S-S accepte de considérer le texte retravaillé par Giroud et de le signer. Sauf qu’à ce moment-là personne n’a encore mis Lecanuet au courant.
    Comment dit Edgar, déjà ? Médrano !

    Sondage Publimétrie pour L’Aurore  : si les Français votaient demain, 56 % d’entre eux se prononceraient pour la gauche.
    Xavier Gouyou-Beauchamps, que je vois dans la soirée à l’Élysée, pense que cette opération J-J S-S-Durafour est une assez bonne chose pour créer une structure d’accueil destinée à certains socialistes. L’intérêt de l’opération, il ne me le cache pas, « c’est la récupération d’une partie de la gauche ». Sous la conduite de qui ?
    Là, il devient très, très prudent – et je sais qu’à travers lui c’est Giscard qui parle – : « Une telle structure suppose que des personnalités différentes y exercent des responsabilités. Il me semble que Jean-Jacques Servan-Schreiber n’est pas personnellement le catalyseur idéal pour ce courant. »
    Cela s’appelle une litote.
    Bon, si je comprends bien, Jean-Jacques comme force d’appoint, oui. Comme leader, non !
    4 octobre
    Débat à l’Assemblée. Sans intérêt. Sauf que Jacques Chirac s’en va lorsque Georges Marchais prend la parole au nom du PC : « Il ne veut vraiment pas discuter avec nous », constate Marchais, toutes dents dehors. Et c’est Roger Chinaud qui admoneste la gauche. Tout cela ne vole pas très haut. On a l’impression que les choses se déroulent ailleurs qu’au Parlement. Et que Chirac fait le service minimum.
    12-13 octobre
    Assises du socialisme à Grenoble : sous la houlette de Michel Rocard le PSU retourne au bercail du Parti socialiste.
    Pour Mitterrand, c’est la continuité du congrès d’Épinay : après la SFIO, il absorbe aujourd’hui le PSU. On ne m’ôtera pas de l’idée qu’il trouve qu’il y a là-dedans beaucoup de beaux parleurs, ou de parleurs tout court, et que cela l’énerve prodigieusement. Je n’oublie pas le nombre de fois où il a fait devant moi la distinction entre la gauche historique et la « seconde gauche », à laquelle il n’accorde, m’a-t-il semblé, ni estime véritable, ni confiance durable.
    Mais, enfin, il a travaillé avec Rocard pour les dernières élections et sait bien que l’adhésion du PSU à son projet fait tomber les derniers obstacles sur la gauche de la gauche.
    Je ne peux pourtant m’empêcher de penser qu’il retrouve aujourd’hui tous ceux qui, de 1959 à 1971, l’avaient exclu de leurs tentatives de regroupement, tous ceux qui dénonçaient en lui l’homme politique de la IV e  République. Ça le fait bien rire, sans doute, d’entendre Michel Rocard revendiquer, après tant d’années passées à prôner l’autogestion, après tant de divisions, d’épurations au sein du petit PSU, un « projet pour gouverner » et une « stratégie pour vaincre ».
    Pour Mitterrand, c’est une victoire, qui continue le mouvement de 1974 et l’assure d’une strate de nouveaux alliés en vue des échéances prochaines. Avec ces assises qui se font autour de lui et de son projet, il est évidemment conforté dans sa position actuelle de seul candidat à l’élection de 1981.
    Bref, il ironise, dans le train qui nous ramène de Grenoble, mais est réconforté par cette main basse – qui n’est

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