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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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théories, Chirac a l’aval de Giscard, et, dans ce cas, la tactique définie à Cagnes sera effectivement celle de Giscard ; alors les élections se dérouleront selon le processus établi pour les législatives partielles d’hier, le 29 : ce qui donne un tiers des députés UDR battus, parce que les voix du centre démocrate, au lieu de se porter sur le candidat de l’UDR, se sont reportées sur le candidat socialiste ;
    – ou bien Chirac n’a pas l’aval de Giscard et, dans ce cas, il devra se soumettre ou se démettre.
    « Jamais un Premier ministre, contrairement aux apparences, n’a autant fait de politique », me dit Granet.
    Chirac pourrait-il prôner aussi fort la candidature unique si Giscard n’en voulait pas ? Pourrait-il prendre ce risque ?
    S’ajoutent à cela quelques considérations. Qui, à l’intérieur du gouvernement, pourrait dire : « Je suis contre la candidature unique aux prochaines élections législatives », une fois que le Premier ministre, chef du gouvernement, aura dit le contraire ? Les affirmations répétées de Chirac ne créent-elles pas un état de fait irréversible ? Et si Chirac devenait gênant, comment s’en débarrasser ?
    Il suffirait que Giscard dise non à l’UDR sur telle ou telle de ses revendications pour que 20 à 30 députés gaullistes quittent le groupe parlementaire et aillent s’inscrire chez Michel Jobert ou Jean Charbonnel, pour faire basculer la majorité à l’Assemblée nationale.
    Donc, blocage de la situation. Selon Paul Granet – et donc Edgar Faure –, Giscard aurait dû jouer plus vite et plus fort : c’est-à-dire qu’il aurait dû dissoudre l’Assemblée élue en 1973 et se débarrasser de l’UDR tout de suite après son élection. Maintenant il est condamné (jusqu’à quand ?) à laisser Chirac conduire le jeu.
    1 er  octobre
    Poniatowski me tient un discours totalement différent. À croire qu’il sait ce que Paul Granet m’a dit et qu’il veut me persuader du contraire...
    Je lui demande son analyse des votes qui ont eu lieu dimanche 29 35 . À l’exception de la circonscription d’Yves Guéna à Périgueux, lesvoix communistes se sont déplacées au premier tour sur les candidats socialistes. Néanmoins, le total des voix de gauche ne change pas. De même, me dit-il, au sein de la majorité, des transferts se sont opérés de l’électorat gaulliste à l’électorat réformateur et indépendant.
    Il en profite pour me parler de Cagnes, justement, et de l’UDR : « L’UDR, c’est une coque vide. Certes, il y a des appareils régionaux qui restent en place et obéissent au secrétaire général. En dessous, les électeurs UDR s’évaporent : une fraction de gaullistes est derrière Michel Jobert, une grande fraction est en hibernation, une troisième seulement est derrière Jacques Chirac. »
    Il note que se sont aussi rangés derrière Chirac, « sans enthousiasme débordant », le groupe parlementaire, quelques militants reconvertis et quelques éléments politiques sans légitimité.
    Il ajoute, sans rire, que cette faiblesse de l’UDR l’ennuie beaucoup, parce qu’il ne faudrait pas une distorsion trop grande entre les actuels élus et leur électorat. Quelle grandeur d’âme !
    Pour le reste, il est en désaccord sur tout, je dis bien sur tout , avec Chirac, dont il dit qu’il n’a pas l’aval du président de la République : les élections auront lieu à leur date, en 1978. Pas question de candidature unique, il y aura des primaires entre les candidats de la majorité.
    Plus : il me révèle son intention, qui, pour le coup, est celle de Giscard, de créer un rassemblement entre les républicains indépendants et le centre démocrate, de tenter un rapprochement entre ce rassemblement et les radicaux, et de fédérer ces différents mouvements « en récupérant le fonds de commerce et le drapeau ».
    « Pour faire tout cela, mieux vaut être un voltigeur comme moi qu’un gros cuirassé. Si vous êtes un gros cuirassé, l’opposition vous tombe dessus ! »
    Il s’irrite quand je lui pose une question sur la politique menée par Jean-Pierre Fourcade, que Chirac trouve précisément trop laxiste, trop molle. « Chirac pense ce qu’il veut, moi je pense qu’il nous faut attendre décembre. Aller plus vite, c’est jouer avec le feu. »
    Puis c’est vers la gauche qu’il se tourne : « La gauche s’agite, dit-il. Mais nous avons sept ans devant nous. On va

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