Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen

Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
Vom Netzwerk:
s’asseoir sur cette agitation. On ne va pas leur donner raison : la population est sur le même rythme que le président. Le temps doit entrer dans la politique. »
    L’intention de Ponia est claire, je ne peux m’y tromper : il s’agit de créer un mouvement qui équilibre l’UDR. Qui l’équilibre un temps, avec vocation de l’avaler par la suite !
    « Entre ces trois formations (RI, réformateurs, radicaux), nous créerons un comité de liaison, des assises annuelles, et surtout un comité de liaison électoral, le bâton avec lequel nous tiendrons tout le monde. »
    L’offensive de Ponia est bel et bien concertée. Il ne vient pas de la sortir, pour moi, de son chapeau. J’en veux pour preuve les déclarations qu’a faites hier Roger Chinaud sur Europe 1 au journal d’Étienne Mougeotte, que je n’avais pas entendues et dont je reçois le script en quittant Ponia : plus clair que ce dernier, Chinaud reconnaît qu’il y a eu, dimanche, à l’occasion du premier tour des élections partielles, une poussée socialiste, certes au détriment du Parti communiste ; il confirme le rapprochement du centre démocrate, conduit par Jean Lecanuet, avec les républicains indépendants de Ponia, et annonce la création par Jean-Jacques Servan-Schreiber d’un nouveau parti radical, issu de l’ancien, avec ceux qui ont appelé à voter Giscard au printemps 1974 et qui participent de ce fait à la majorité giscardienne. C’est dire qu’ils font tout pour équilibrer le poids de l’UDR dans la vie politique : faute d’avoir dissous, ils organisent autrement la majorité.
    Et si j’en crois les propos de Paul Granet, Chirac, qui n’est pas tombé de la dernière pluie, fait la même chose de son côté.
    C’est L’Aurore qui résume la situation : ce matin, sous la rubrique générale « On fait le ménage au centre », deux articles se partagent les colonnes : « Lecanuet et Ponia, concertation permanente », et « J-J S-S et F. Giroud rénovent le radicalisme. »
    2 octobre
    Rentrée parlementaire. Pour la première fois, le sondage de L’Aurore révèle que le gouvernement est minoritaire devant l’opinion : 37 % de satisfaits, 43 % de mécontents. C’est rude, au bout de quatre mois.
    La séance commence par l’éloge funèbre de Christian Fouchet, mort pendant l’intersession, prononcé par un Edgar en pleine forme.
    Agitation maximale dans les couloirs pour la mise en œuvre du rapprochement Ponia-Lecanuet.
    En réalité, Ponia et Chinaud auraient bien voulu, me dit Annie Lombard, en la circonstance porte-parole du maire de Rouen, absorber purement et simplement Lecanuet et J-J S-S dans les républicains indépendants, mais, dès l’été, Lecanuet a fait comprendre à Ponia qu’« il n’accepterait pas de faire disparaître le centre démocrate dans un magma flou ». Au dernier moment, Jean-Jacques s’est greffé sur ce rapprochement Lecanuet-Ponia. Il me paraît évident que Lecanuet n’aurait pas été mécontent de se rapprocher de Ponia sans que Jean-Jacques Servan-Schreiber se mette au milieu.
    3 octobre
    Françoise Giroud me raconte que Michel Durafour 36 a pris contact avec Jean-Jacques autour du 15 août. L’objectif était évidemment de s’adresser à la gauche qui ne veut pas du programme commun, mais aussi de se démarquer de Lecanuet. Jean-Jacques a rédigé un texte entre le 16 et le 21 septembre, mais certaines de ses phrases ont fait tiquer Durafour et Rossi. C’est donc François Giroud qui l’a réécrit en gommant les formules un peu provocatrices de J-J S-S. Un exemple : le premier texte parlait d’« accélérer » le rythme des réformes ; Françoise le réécrit en parlant de « soutenir » le rythme des réformes ; et le reste à l’avenant.

    Je trouve cette pyramide de mouvements politiques un peu compliquée : un petit parti qui s’allie à un autre petit parti pour rester indépendant d’un plus grand parti qui n’est pas assez grand pour équilibrer l’UDR... Ouf !
    « Vous n’avez pas tort, dit Françoise à qui je demande si vraiment elle est obligée de se lancer dans la vie politique. Mais on ne peut pas être à l’intérieur du gouvernement sans faire de la politique. »
    3 octobre
    François Garcia fait le point pour moi sur la débordante activité de Jean-Jacques Servan-Schreiber durant l’été. C’est Michel Durafour qui l’a appelé aux États-Unis, le 10 juillet. Durafour dit à J-J S-S

Weitere Kostenlose Bücher