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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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longtemps ! »
    25 septembre
    Conversation avec Françoise Giroud dans l’escalier de L’Express . Elle rentre d’un déjeuner à l’Élysée avec plein de ministres et desecrétaires d’État (entre nous, dans ce gouvernement, il y a effectivement pléthore de secrétaires d’État : une trentaine !). Déjeuner d’ailleurs ennuyeux, à entendre Françoise. Sauf qu’elle analyse, compare, évalue les uns et les autres avec sa passion de journaliste. Là, elle est aux premières loges. De la vie gouvernementale, elle retire l’idée que la bagarre au sommet entre Chirac, Fourcade et Ponia fait rage. Chirac n’aime pas Fourcade, cela est sûr. On s’en aperçoit à tous les détails, dit-elle. Moi, pour ma part, j’ai entendu chez Jacques Friedmann beaucoup d’oppositions techniques à Fourcade : indexation de l’épargne, sur laquelle ils sont en parfait désaccord, budget pas assez sévère, etc. Elle me dépeint en quelques minutes Ponia comme étant jaloux de tout ce qui touche à Giscard ; il veut le pouvoir et ne supporte pas que quelqu’un d’autre que lui approche le soleil. Il aurait envie – c’est toujours Françoise Giroud qui parle – que Giscard soit le président aimé de tout le monde, sympathique et tout et tout... à condition que lui, Ponia, ait tout le pouvoir.
    « C’est une histoire d’amour, dit-elle, pas une histoire de politique ! »
    Quant à Chirac, elle le trouve là-dessus le plus serein : il n’a pas d’affaire sentimentale avec Giscard. Il en a eu une avec Pompidou. « Maintenant, pour lui, terminé pour le cœur ! » me dit-elle drôlement.
    Je ne peux m’empêcher de penser qu’il y a là un grand malentendu entre Ponia et Chirac : parce que Chirac a été le spadassin de Pompidou, son exécuteur d’ordres, Ponia croit qu’il jouera ce rôle auprès de Giscard. Mais non ! Il se trompe, et Françoise, qui ne connaissait pas Chirac il y a quelques mois, voit juste en lui : Chirac ne sera pas le bulldozer de Giscard.

    Pendant ce déjeuner, justement, Giscard a tenu ce discours aux ministres et secrétaires d’État inquiets de la conjoncture économique : « Vous êtes là pour longtemps. Mettez-vous dans la tête que ce régime ne va pas être renversé. Peu importe la cote de popularité, la mienne ou la vôtre. Il n’y a pas d’élection dans l’immédiat, nous avons tout notre temps. »
    Sur fond de : « Nous sommes entrés dans une autre époque de la croissance économique. »
    25 septembre
    Confidence de Mitterrand à Jean-Jacques Faust 34  : « Willy Brandt me l’a bien dit lors des dernières vacances, quand je l’ai rencontré pour la dernière fois : “ Je suis le dernier chancelier allemand à aimer et à respecter les Latins. ” »
    30 septembre
    Denis Baudouin, qui est resté auprès de Jacques Chirac à Matignon, me dit à demi-mot que les rapports entre les quatre hommes qui, selon lui, gouvernent la France (Giscard, Chirac, Ponia et Fourcade), ne sont pas toujours idylliques. Ponia et Chirac ont été en désaccord, par exemple, dans l’histoire du France  : cette fois, Chirac a poussé un coup de gueule et Ponia a décidé de se taire ; c’est, paraît-il, une raison de son silence de ces quinze derniers jours.
    30 septembre
    Paul Granet me raconte le dîner (privé) des ministres UDR, mercredi soir 25 septembre. Chirac a été très clair, pour ne pas dire brutal : à partir de maintenant, plus une nomination qui ne soit politique, donc UDR. Tout doit être fait pour mettre en place la candidature unique (RI – UDR – réformateurs). Dans ce cas, les députés UDR reviendront à 150. Les républicains indépendants seront, eux, une centaine, et tout ira bien.
    Chirac a fait une violente sortie contre l’ouverture : « C’est complètement idiot, a-t-il dit à Robert Galley, de recevoir des parlementaires socialistes lorsque vous allez dans le Var ; il n’y a rien à faire avec les socialistes ! »
    Le surlendemain, vendredi 27, Chirac prononce son grand discours à Cagnes à l’occasion des journées parlementaires UDR, où il est très bien accueilli, à la grande déception des « barons », en développant à peu près les mêmes thèmes qu’au cours du dîner du 25 : il faut revenir à 150, il faut la candidature unique, et donc coller au président de la République.

    De deux choses l’une, selon Paul Granet, toujours lucide :
    – ou bien, pour développer toutes ces

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