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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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lui, occupe naturellement les appartements réservés au président, qu’il connaît déjà.
    Le protocole est soigneusement fixé : le samedi, lever à 7 h 30 du matin, petit déjeuner en commun à 8 h 30 dans la salle des Marbres, s’il vous plaît ; première séance de travail à 9 h 45. Tenue de rigueur : décontractée. Ainsi André Bord arbore une sorte de survêtement bleu pétrole, René Haby n’a pas de cravate, mais un foulard de soie, Ponia est vêtu d’une veste en shetland marron, Simone Veil est en tailleur rose, et Giscard, déguisé en gentilhomme campagnard, met tout le monde en retard parce qu’il joue trop longuement avec ses chiens, Candy, le labrador noir, et Justine, noire, grise et plutôt bâtarde.
    De cette rencontre à laquelle l’Élysée a donné toute la publicité nécessaire sort finalement peu de chose, Giscard ayant d’entrée de jeu voué aux gémonies les indiscrets et les bavards. Parmi les choses importantes : le président de la République n’envisage pas d’électionslégislatives avant 1978, c’est-à-dire avant leur date prévue. D’ici là, il annonce son intention de ne pas changer de Premier ministre : c’est donc Chirac qui devrait conduire la majorité pour cette bataille. Cela explique peut-être son discours de dimanche dernier, porte de Versailles : s’il est le commandant en chef de la bataille électorale, il est bien obligé de rassembler toute la majorité, RI et centristes compris.
    Pendant que les ministres sont en réunion, certains d’entre eux remarquent que le ministre de l’Intérieur s’agite beaucoup. C’est que deux bandits viennent de retenir des otages dans une habitation de la Sarthe. Ce qui ne serait rien d’autre qu’une affaire de délinquance rurale si le préfet Gandouin 12 ne s’était interposé entre les otages et les bandits. Courageux, de la part d’un préfet, certes ! Mais il se trouve que, pour négocier avec les malfrats, le préfet a employé une sorte d’argot du grand banditisme, appris je ne sais où : les télévisions étaient là, elles ont accordé une place considérable au dialogue entre le représentant de l’État et les voyous, les téléspectateurs s’en sont offusqués, le ministre de l’Intérieur aussi. À peine les otages ont-ils été libérés que le préfet a sauté !
    Le Figaro raconte une histoire assez drôle advenue au général Bigeard. Les secrétaires d’État ayant été simplement conviés à la séance du dimanche matin, certains d’entre eux, dont Bigeard, sont arrivés en avance de crainte d’être en retard. Le général a choisi d’attendre dans sa voiture. Le malheur veut qu’il se soit garé le long d’un mur barré d’une phrase antimilitariste : « Trois soldats noyés. Les généraux, eux, ne se noient jamais ! » Interrogé par les journalistes qui, par ce froid vif, n’ont rien d’autre à faire que les cent pas autour du château où ils n’ont pas le droit d’entrer, Bigeard, qui ne perd rien de sa combativité, réplique : « Eh bien, cela prouve que les généraux savent nager ! »
    Pour le reste, rien de bien nouveau. Giscard a fait le matin unexposé sur la politique étrangère de la France, « ce petit État – je cite – qui réussit à tenir un rôle important et à avoir une image dans le monde », comme si le fait l’étonnait énormément. Et Chirac a parlé des relations avec le Parlement.
    1 er  avril
    Important, cette coupure entre le Parti communiste d’URSS et le PC portugais, parce qu’elle donne son vrai sens au discours de Kirilenko au Parti communiste italien. Le représentant du PC soviétique avait dit aux communistes italiens, lors de leur congrès, celui auquel j’ai assisté : « Nous comprenons vos efforts, et nous les soutenons. »
    Les efforts italiens, ce sont bien sûr ceux en faveur de la libéralisation du Parti communiste. J’avais eu l’impression que le PCUS n’était pas du tout ravi de ce qui se passait au Portugal, et même en France 13 .
    Depuis Moscou, l’article de Gérard Nirascou dans Le Figaro conforte ce sentiment. Nirascou écrit : « Les Soviétiques auraient été très nets (avec les dirigeants portugais) et auraient conseillé aux communistes portugais d’attendre les élections et de s’en remettre aux résultats, quels qu’ils puissent être. » Autrement dit, les Soviétiques n’en sont pas revenus à la guerre froide, comme l’attitude du PC français

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