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Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977

Titel: Cahiers secrets de la Ve République: 1965-1977 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michèle Cotta
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dépêche de l’AFP émanant de Belgrade – que de sérieux incidents se soient produits entre différents partis. À l’origine probable de cette brusque montée de fièvre, une réunion de routine entre les représentants des 28 partis communistes engagés dans la préparation de ce sommet. Le PC est-allemand aurait présenté un projet de document final pour le sommet, dont l’adoption aurait imposé aux partis européens une rigoureuse discipline, ainsi qu’une unité d’action. Cette opération viserait à unecomplète reprise en main des partis européens. Ce sont d’ailleurs eux qui ont protesté : les Yougoslaves ont fait connaître immédiatement leur réaction négative, les Italiens ont suivi, ainsi que les partis britannique, espagnol et suédois, provoquant une suspension de fait de la préparation du sommet. À noter, d’après le correspondant de l’AFP à Belgrade, que le Parti communiste français ne s’est pas solidarisé avec l’italien et le yougoslave.
    Dans le même temps se tenait à Rome un colloque des partis communistes européens – sans les Soviétiques – réuni à l’initiative des Italiens, qui a été ouvert par un discours d’Enrico Berlinguer, secrétaire général du PC italien.
    En réalité, on n’y comprend pas grand-chose, si ce n’est que, après une période d’ouverture, le parti « frère » d’Union soviétique trouve que les communistes « occidentaux » vont trop loin.
    22 avril
    Article d’Hélène Carrère d’Encausse dans Le Figaro d’aujourd’hui. Il est intitulé « Le nouveau tournant de l’URSS ». On y lit tout le contraire de ce qui était en filigrane dans la dépêche de l’AFP rédigée par le correspondant de Belgrade. Ce que dit Hélène Carrère d’Encausse, c’est qu’à nouveau, après une période de détente suivie d’un repli, l’URSS revient aujourd’hui à la détente.
    Ce n’est pas encore très évident, dans ce cas, entre le PC et le PS.
    29 avril
    Jacques Duclos est mort. Dans le silence du Père-Lachaise où on l’enterre, à l’entrée, la voix de Dolorès Ibarruri, la pasionaria de la guerre d’Espagne, s’élève. Rauque, brisée de tous les sanglots du monde. Georges Marchais, qui parle après Ponomarev, sanglote longuement à son tour.
    Jacques Duclos : un pan de l’histoire du communisme, absent de la scène depuis la présidentielle de 1969, où il avait obtenu au premier tour un score fabuleux avant de dire que, entre Pompidou et Poher, c’était « blanc bonnet et bonnet blanc ».
    2-6 mai
    Voyage de Giscard au Maroc. Les journalistes commencent par être reçus par le ministre de l’Information marocain. Celui-ci nous dit combien le Maroc a apprécié le geste de Sauvagnargues, ministre des Affaires étrangères de Giscard, serrant la main à Arafat. « C’est pour nous, nous dit-il, l’équivalent du discours de Pnom Penh ! » Sous entendu : « De Giscard nous redoutions le pire. Et puis il est venu, il a continué à tenir le langage du général de Gaulle, et malgré sa majorité – Lecanuet, ici, fait l’effet d’un épouvantail – il a compris de quel côté devait pencher la politique étrangère de la France. »
    Curieux ministre, beau comme un dieu, impeccable dans un costume bleu finement rayé de blanc, chemise en soie, cravate à pois bleue et blanche. À Georges Penchenier 16 qui lui dit, moralisateur : « Votre élégance m’inquiète ! », il répond : « Tiens, c’est curieux : moi, votre négligé ne m’inquiète pas ! »
    Curieuse classe dirigeante d’un pays dit sous-développé. Autour de moi, deux ministres marocains sortent de l’X, deux des Ponts et Chaussées. Pour eux, Giscard est un modèle. Le secrétaire d’État aux Affaires économiques emploie ses mots, son vocabulaire, il parle d’« inflation à un chiffre », ordonne ses discours en 1 re , 2 e , 3 e  parties.
    Retour à l’aéroport pour attendre Giscard, dont l’avion atterrit trente-six heures après celui des journalistes. En arrivant dans le salon d’honneur, Giscard demande immédiatement au roi : « Où est la caméra ? » Le monarque lui montre le cameraman. Giscard prononce ses premiers mots en terre marocaine en ne regardant que la caméra. Ce serait risible si, quelque part, je n’avais honte.
    Au cours du voyage de Rabat à Fez, sur la route, des cavaliers des tribus venus de la montage, qui ont passé la nuit ici avec femmes, enfants et chevaux

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